Je pense qu’il est important de montrer, et surtout de comprendre, cette démarche de travail que presque plus personne, par négligence, par paresse ou par méconnaissance, ne pratique plus.
C’est dommage et très dommageable pour l’expression et la qualité photographique.
Rappelez-vous ces croquis de toutes les époques que l’on admire dans les cabinets de quelques musées. Ces dessins au fusain, à l’encre de Chine et autres sanguines qui nous émerveillent. Ces travaux que sont ces études réalisées par les plus grands maîtres préalablement à la réalisation de leurs chefs-d’œuvre.
Aujourd’hui, beaucoup ignorent qu’il en va de même pour la photographie, lors d’une vraie création suivie d’une conception de l’image. Les études photographiques étaient courantes comme pour toutes réalisations dignes de ce nom. Ce n’est pas une plaisanterie. Tous les grands auteurs de la photographie réalisaient des études préalables plus ou moins importantes. Ce qui a fait gagner beaucoup d’argent à Polaroïd et aux coursiers des laboratoires photographiques dans la seconde moitié du siècle dernier.
Ce travail préparatoire (que quelques stupides déclarent d’un autre temps) est très intéressant dans le cas de Lucie à divers titres. Le premier est historique, car qui se souvient que la photographie a été la première à pouvoir décomposer graphiquement les mouvements et postures des chevaux dans leur réalisme, ce que même les plus grands peintres n’ont su reproduire antérieurement. La deuxième raison est l’esthétique naturelle de cet animal, aux multitudes facettes, qui en font un sujet de travail exceptionnel dans beaucoup de traitements photographiques. Le troisième comprend les esquisses photographiques réalisées par Lucie dont les mises en valeur d’un détail construit un travail en devenir. Le détail d’une image l’emporte sur les aléas graphiques de l’ensemble sans jamais nous éloigner de sa démarche technique et les incertitudes de ses objectifs.
Thierry Maindrault