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Luc Choquer – Femmes d’Istanbul

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Le livre s’intitule : Femmes d’Istanbul. Il est signé du photographe Luc Choquer. Le critique et commissaire d’exposition Alain Mingam le présente ainsi :

Luc Choquer est aussi à la photographie ce que la liberté est aux droits de l’homme en général, mais en particulier aux droits des femmes d’Istanbul. Une femme istanbuliote sans frontières qu’il nous dévoile, voilée ou pas dans la diversité de sa condition sur les bords du Bosphore.

Au cœur d’Istanbul – traditionnel trait d’union plus que jamais nécessaire entre l’Orient et l’Occident, mais aujourd’hui soumis à des vents politiques contraires. Elles sont là : toutes ces femmes devant Luc Choquer, qui n’a pour objectif dans le viseur de son œil expert en portraits tout en simple majesté, de restituer la beauté de leur combat solidaire. Mères, épouses, amoureuses ou pas jeunes adolescentes, toutes générations et genres confondus elles nous offrent un face à face, dont Luc Choquer est le précieux révélateur .Pour faire de chacun de ses clichés le fixateur en notre mémoire de moments apparemment ordinaires qui atteignent cependant l’universel du statut de la femme stambouliote.

Chez certains photographes le besoin est permanent de faire de l’exceptionnel leur ordinaire – chez Luc Choquer c’est l’ordinaire qui est transcendé en exceptionnel. Tout comme ce cliché des mouettes ou colombes .Et Mahmoud Darwich pourrait redire « s’envolent les colombes, se posent les colombes  » qui survolent les jeunes couples enlacés –seuls au monde, telle cette jeune adolescente, qui entre deux mères poussettes en main, souffle le ballon de l’espoir d’une émancipation à venir. Sur le canapé d’un salon , un jeune couple s’embrasse – yeux fermés avec amour – collé -serré près d’une mère toute empreinte d’un regard entre sage fatalité et résignation non avouée.

Rien n’est jamais gratuit dans la vision de Luc Choquer, car il fait d’une apparente banalité une œuvre d’artiste de l’âme humaine – jusqu’au sommet du regard frontal quand il nous prête le sien pour découvrir en chacun de ses portraits la riche mosaïque de la nature humaine. Au plus près des gens, comme il les aime avec une totale empathie qui nous contamine pour mieux nous séduire. Entre instantanés de rue, ou poses à domicile, entre scènes de mariage ou déjeuners sur l’herbe, c’est une société du spectacle quotidien stambouliote autour de la femme et avec les femmes .

Elles sont aussi présentes ces femmes voilées qui projettent leurs ombres furtives et craintives sur les murs blancs d’une ville sous pression politico-religieuse. A la manière de cette femme dont on n’aperçoit que le soupçon du nez et des yeux dans le noir de sa prison « niqabée ». Ou encore ces femmes en trois générations accoudées l’une à l’autre, aimantées par l’écran de leur smartphone.

Luc Choquer a gardé de son rôle d’éducateur dans ses jeunes années, la passion du sociologue et psychologue qu’il fût pour découvrir – pour nous de l’intérieur et de l’extérieur qui toujours se compénètrent- toute société – franco – française – vénitienne –ou russe avec lucidité et infinie tendresse. Ceci expliquant cela. Sur un quai du Bosphore, sous un pont toujours plus que symbolique – une belle jeune femme – tête nue- très « branchée » regard à la Pulp Fiction –côtoie 2 jeunes filles – foulards turquoise couvrants leur tête et visage souriant . Dans le coin gauche de l’image la présence d’un couple qui s’enlace face à la mer accentue la beauté d’une composition ou cadrage parfaitement maîtrisés.

Le photographe a parachevé ce travail – ses reportages à Istanbul depuis trois ans, pour mieux apparaître au sommet de son art. Car chaque photo au détour de chaque page fait date et imprime en nous plus d’humilité – pour échapper à la caricature ou au cliché et rejet de l’autre –surtout quand elle est femme et résolument fière de l’être. Ce modeste mais beau et utile ouvrage «  Femmes d’Istanbul » est un hommage qui fait de chacun des portraits un effet –miroir, qui nous va droit au cœur et à l’esprit.

Hala Kodmani , journaliste franco-syrienne et grand reporter à Libération, l’avait déjà souligné lors des révolutions arabes : « Révolution ,liberté , égalité, dignité ou justice , en arabe comme en français sont des noms féminins » . Luc Choquer l’avait anticipé et vérifié de Paris à Istanbul. En toute complicité et émouvante solidarité.

Alain Mingam

 

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