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Louie Palu

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Les Mines

Un point de vue de mon plus ancien collaborateur journalistique, Charlie Angus, était qu’une mine souterraine dans son intégralité ne peut jamais être vue, il faut l’imaginer. De 1991 à 2003, j’ai photographié les communautés minières canadiennes du nord de l’Ontario et du Québec dans toute leur beauté et leur tragédie. Lorsque j’ai travaillé sur ce projet, la photographie était à l’ère du pré-numérique.

Mon objectif, comme il le reste aujourd’hui, est que vous connectiez les matériaux avec lesquels vous interagissez quotidiennement aux problèmes et aux travailleurs qui les produisent.

L’imagination et la réalité sont des thèmes constants dans ces images provenant des premières lignes de l’économie photographique internationale. Presque toutes mes images prises sous terre ont été réalisées dans le noir, éclairées par mon flash. Lorsque je prenais les photos, je ne voyais dans le viseur que le cercle blanc de la lampe frontale du mineur ; le reste du cadre était sombre. La plupart du temps, je ne pouvais pas voir ce que je photographiais, je devinais ce qu’il y avait dans le cadre de mon appareil photo. Si les foreuses étaient en marche, le son était de plus de 100 décibels, projetant dans l’air un brouillard de poussière et d’eau qui était parfois mélangé aux gaz d’échappement diesel des tramways à écope. Le lieu de travail n’avait pas de chaises, je m’asseyais principalement sur des tas de nappes de roches dynamitées avec de l’huile et de l’eau provenant du brouillard des foreuses, un rappel de ce que nous respirions là-bas. Pendant plus d’une décennie, j’ai passé des mois sous terre, dans l’obscurité, avec des mineurs, pendant des périodes entières de huit à douze heures, pour observer et documenter chaque détail du travail.

Bien que la majorité de mon travail et celui de l’écrivain Charlie Angus aient été réalisés de manière indépendante dans les années 1990, nous avons mené ensemble des travaux de terrain de temps à autre et de manière plus intensive au cours de 2002-2003, avant qu’il n’entre en politique fédérale. Nous avons collaboré à deux livres sur l’exploitation minière, à savoir Industrial Cathedrals of the North (Between the Lines 1999) et Cage Call: Life and Death In The Hard Rock Mining Belt (Photolucida, 2005). Les photographies constituent une vaste archive et la majorité des images n’ont jamais été tirés ou publiées. Plus de 30 ans après le début de ce projet alors que je venais de sortir d’une école d’art, cette publication est un petit échantillon d’œuvres rares ou inédites qui ne portent pas seulement sur l’exploitation minière, mais aussi sur la politique de la photographie et notre lien avec celle-ci. Cela a toujours été clair pour moi : l’exploitation minière et la photographie sont inextricablement liées, la photographie ne peut exister sans les mines, et nous consommons tous numériquement ce qu’elles produisent. Les travailleurs doivent être vus, non abstraits et/ou seulement imaginés.

Louie Palu

 

De l’exposition :
Cage Call : la vie et la mort dans la ceinture minière de Hard Rock.
Commissaire Gaëlle Morel
13 septembre – 9 décembre 2023
The Image Centre
33 Gould St.
Toronto, ON M5B 1E9, Canada
https://theimagecentre.ca/exhibition/louie-palu-cage-call/

 

Louie Palu est un photographe et cinéaste dont le travail examine les questions de politique sociale depuis 30 ans. Son travail a été sélectionné pour une bourse Guggenheim et un World Press Photo Award. Son travail a été publié dans le New York Times, le Washington Post, le National Geographic, le Guardian et est conservé dans de nombreuses collections, notamment au Museum of Fine Arts de Boston et à la National Gallery of Art de Washington D.C. Louie est représenté par l’Agence VU et Stephen Bulger Gallery.

www.louiepalu.com

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