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Lorna Simpson 20 questions par Fanny Lambert

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Vingt questions (un échantillon) de Lorna Simpson se présente au départ sous le signe de l’ambigüité. Hésitant encore entre l’inspiration Dada et les spécificités formelles de Art & Langage, le spectateur se demande comment (pour employer un terme issu de l’art contemporain) il doit considérer ce multiple photographique. Alignés à l’horizontal, quatre portraits noir et blanc représentant une femme noire de dos se succèdent. Les courts textes qui les ceint affichent la couleur d’emblée : les interrogations porteront, entre autres, sur l’image, le texte et le genre. Telles des injonctions, leur oralité se confronte au procédé photographique traditionnel de l’argentique dont l’artiste fait appel pour construire ses tondi modernes. Si la question du « même » dans la représentation est flagrante, le verbe l’est tout autant : « le fil conducteur de mon œuvre, avoue-t-elle, est ma relation au texte et aux idées qui entourent la notion de représentation. ». Son omniprésence induit même un doute concernant les pouvoirs de l’image, comme si il nous fallait nous en méfier, qu’elle ne pouvait se suffire à elle-même ou que nous puissions nous en contenter.

Suspectée donc d’être prise pour ce qu’elle n’est pas, la photographie, chez Lorna Simpson, se déguise selon les médiums, s’extirpe de ses vieux adages pour réapparaître sous les traits d’un média à mi-chemin entre la photographie, son glissement formel et la proposition corollaire qu’elle en fait. Remettre en question les présupposés de la « vérité » photographique revient pour cette artiste afro-américaine à détourner l’image de l’objet photo via l’installation et lui offrir un cadre nouveau. Plus arrondi cette fois, ce dernier s’efforcera d’adopter d’autres postures.

Pour cette première exposition majeure en Europe, l’exposition du Jeu de Paume propose de couvrir trente années de son travail, au gré de laquelle se côtoient conjointement des « photo-textes performatifs » dont fait partie Twenty questions (a sampler) et qui ont fait la notoriété de l’artiste au milieu des années 1980, des impressions sérigraphies sur panneaux de feutre, des installations vidéos et enfin des « photo booths », constellations de clichés trouvés auxquels elle superpose les dessins de certains détails, de façon à constituer un « portrait collectif de l’autoportrait ». Somme toute, chez Lorna Simpson, c’est entre le montrer et le raconter que l’ambigüité est venue se loger. A moins que ce ne soit dans cette réticence à enfermer les clichés dans une seule et même boîte.

Fanny Lambert

Exposition
Lorna Simpson
Du 28 Mai au 1er Septembre 2013
Jeu de Paume
1, Place de la Concorde
75008 Paris
France

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