Sheila Pree Bright est une artiste photographe qui a remporté de nombreux prix, connue nationalement pour ses séries « Young Americans » (« Jeunes américains »), « Plastic Bodies » (« Corps en plastique »), et « Suburbia » (« Banlieue »). Son œuvre la plus récente, « #1960Now », est exposée à Look3 2016, et prolonge sa série d’art public, « 1960Who ». L’opportunité d’interviewer Sheila Pree Bright m’a permis une véritable prise de conscience, et m’a fait me souvenir du sujet de ma thèse à l’Université de Géorgie… les croisements du genre, de la race et de la classe, et le besoin constant de mettre la vérité au pouvoir. Les photos de Bright en disent long sur la façon dont nous devons nous efforcer de poursuivre le mouvement vers l’égalité, en dépit du genre, de la couleur de peau et du statut socio-économique.
EA Raines-Whorton : Beaucoup de photos des mouvements pour les droits civiques des années 1960 sont gravées dans nos esprits ; nous reconnaissons même les inconnus qui apparaissent dessus. Je trouve intrigant que vous ayez choisi de montrer les inconnus de Freedom Riders dans « 1960Who ». Qu’est-ce qui vous a inspirée et comment « 1960Who » a-t-il évolué ?
Sheila Pree Bright : Ces séries cherchent à faire naître une conscience, à rassembler des communautés pour porter un regard critique sur les luttes sociales et politiques en cours à échelle nationale et mondiale. Après l’assassinat de Trayvon Martin en 2012, j’ai pensé au leadership audacieux de certains jeunes représenté dans l’histoire du mouvement pour les droits civiques. En considérant les remises en question courantes de la justice sociale représentées à l’époque, j’ai commencé à réfléchir aux années 1960, et aux jeunes gens à travers le pays qui « n’en pouvaient plus de ne plus en pouvoir », qui défiaient le système et qui n’étaient pas particulièrement célèbres.
J’ai intégré la communauté d’Atlanta et les espaces réservés aux noirs. J’ai photographié les membres du mouvement étudiant d’Atlanta, les Children’s Crusaders et les Freedom Fighters. En 2013, la série « 1960Who », qui regroupait des photos de rue, a été lancée à la maison des mouvements pour les droits civiques. Les photos ont été placées dans des espaces urbains comme dans une galerie d’art, sur les murs qui suivaient le trajet des marches du mouvement étudiant à Atlanta depuis l’Atlanta University Center.
Globalement, je cherche à créer un récit pour partager des histoires qui n’ont pas été racontées dans les livres d’histoire.
EA : Depuis « 1960Who », votre exposition à LOOK3, « #1960Now », a évolué. Pouvez-vous nous parler de cette progression ?
SPB : Après la frustration dans tout le pays à propos du verdict sur George Zimmerman et l’assassinat de Mike Brown Jr., je suis partie suivre la formation d’un mouvement qui était le fruit de la politique de contrôle sans pitié et des assassinats de victimes non armées dans tout le pays.
J’ai pris des clichés d’activistes émergents à Atlanta, Ferguson, Baltimore et Washington, DC, et j’ai commencé à observer des parallèles intéressants avec l’époque des droits civiques. Les activistes sociaux disaient qu’ils prenaient position dans les mêmes combats que ceux qu’avaient supportés leurs parents et grands-parents à l’époque des lois Jim Crow. J’ai compris que mon travail devait aller vers une exposition intergénérationnelle.
La présentation intègre : Bree Newson, qui a défait le drapeau des confédérés sur le Capitole de Caroline du Sud, en association avec Roslyn Pop, docteure et auteure d’ « An Appeal for Human Rights » (« Un appel pour les droits de l’homme »), publié dans l’Atlanta Journal-Constitution le 19 mars 1960 ; Kwame Rose, âgé de 21 ans, dont le débat de rue avec Geraldo Riveran de Fox News a fait le buzz sur YouTube, en association avec Charles Person, le plus jeune des Freedom Riders du mouvement étudiant d’Atlanta ; et Devin Allen, photographe pour TIME, qui a suivi le mouvement de protestation après la mort de #FreddieGray à Baltimore, en association avec Robert Houston, photojournaliste pour LIFE, qui a suivi la Poor People Campaign en 1968.
En septembre, « #1960Now » a été montré en avant-première au Muséum d’Art Contemporain de Géorgie. L’œuvre est devenue un ensemble approfondi de séries interactives, portraits, vidéo et installation avec tableau noir, qui permet au spectateur d’observer la race, le genre et les écarts générationnels.
EA : Y aura-t-il une autre évolution de « 1960Who » ? Et si oui, que pensez-vous qu’elle nous réserve ?
SPB : Je vois l’ensemble de ce travail comme une conscience et une ressource éducative, qui explore ce à quoi ressemble la « perturbation ». J’examine les luttes de pouvoir et la façon dont l’Amérique a atteint le contexte dans lequel nous nous trouvons actuellement, sur le plan social, politique et économique.
Depuis l’exposition, j’ai donné des conférences dans diverses universités des États-Unis, mais aussi à Florence, en Italie. Pour atteindre un plus large public, j’ai lancé sur Instagram une campagne pendant l’ouverture de l’exposition « #1960Now »… #BringIt1960Now est une étude participative, qui interprète divers points de vue sur l’activisme et le travail des couches populaires qui prend forme dans les communautés.
Le travail que j’ai réalisé dans les années 1990, à l’époque du hip-hop, renvoie lui aussi aux thèmes du passé et du présent. Je revisite mon œuvre collective en recadrant certaines séries anciennes comme Suburbia, pour créer une oeuvre multimédia qui analyse certaines histoires et la façon dont leurs thèmes se retrouvent dans différents espaces.
©2016 South x Southeast Photomagazine, sxsemagazine.com
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LOOK3
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