Artiste, Binh Danh suit son propre chemin. Il réfléchit en profondeur à notre histoire collective, notre présent, notre futur. À l’occasion du festival LOOK3 2016, il exposera ses derniers travaux, des daguerréotypes de paysages américains. Cette interview sert de modeste introduction à ses œuvres les plus récentes et à son exposition pour LOOK3.
Matthew Rond : Votre présentation d’artiste pour LOOK3 s’intitule « réflexion dans le parc national ». En quoi ce titre est-il révélateur de ce que vous accomplissez ces temps-ci ?
Bin Danh : Je travaille à l’heure actuelle sur le procédé du daguerréotype, au moyen duquel on obtient une photographie sur une plaque recouverte d’une couche d’argent. L’image apparaît grâce au reflet de la surface polie comme un miroir. L’idée est de faire en sorte que le visage de l’observateur se reflète dans ces scènes prises dans les parcs nationaux emblématiques de l’Amérique et qu’il vive le daguerréotype tout en s’intégrant au paysage américain. C’est peut-être au moment on l’on se voit dans la photographie que l’on peut contempler la relation que l’on entretient avec la nation des États-Unis, ses panoramas majestueux et ses valeurs démocratiques.
MR : De quelle manière cette nouvelle série est-elle reliée à vos œuvres précédentes ? Et dans quelle mesure diffèrent-elles ?
BD : Parlons tout d’abord des procédés. J’adopte en ce moment le daguerréotype, alors qu’auparavant je travaillais sur des tirages sur feuille grâce à la chlorophylle. La technique est différente. Pourtant, les deux procédés sont liés à l’invention de la photographie. Pour ce qui est du daguerréotype, l’image apparaît sur une plaque recouverte d’argent, une technologie qui date du XIXe siècle, la première à avoir donné lieu à une démarche commerciale. Le tirage sur feuille remonte au procédé inventé par Sir John Herschel en 1842, l’anthotype. Des plantes et des fruits sont pilés pour obtenir un pigment photosensible dont on recouvre une feuille de papier. Aucun des deux procédés ne permet une édition exacte des tirages, ce qui remet en question l’évolution de la nature de la photographie depuis son invention.
Passons maintenant au concept ou au genre. À mes yeux, ma nouvelle série est bien liée à mes œuvres précédentes, car toutes sont consacrées à la photographie de paysages. Il s’agit des terres et de l’histoire du paysage. Il est également question, dans un cas comme dans l’autre, de notre propre relation au paysage et à l’histoire. Les lieux ne sont pas les mêmes, naturellement, mais l’on peut observer l’expansion de l’impérialisme américain au sein des étendues dont on a fait les parcs nationaux.
©2016 South x Southeast Photomagazine, sxsemagazine.
FESTIVAL
LOOK3
• Artist Talk: Binh Danh
Vendredi 17 juin 2016 11h à 13h
The Paramount Theater
215 West Main Street
Charlottesville, VA, 22902
United States
• Exposition: Binh Danh, Reflection in the National Park
Du 13 au 19 juin 2016
111 E Main Street
Charlottesville, VA 22902
United States
