Le Victoria et l’Albert Museum vont accueillir Signs of Struggle: Photography in the Wake of Postmodernism jusqu’au 27 Novembre. Un présentation qui complète l’exposition majeure de postmodernisme: Style et Subversion 1970-1990.
Dans un espace réservé de la galerie, caché à l’arrivée massive des visiteurs, la conservatrice Marta Weiss a développé un discours engageant sur le postmodernisme dans la photographie en essayant de rassembler des maîtres traditionnels comme Cindy Sherman, Richard Prince avec une génération plus jeune d’artistes comme Clare Strand, Anne Hardy et Sarah Pickering.
La photographie postmoderne a émergé dans les années 1970 et 1980 à partir d’une critique de la mentalité moderniste de l’objectivité. Le postmodernisme, en fait, postule une réalité plurielle et relative ; elle est caractérisée par le problème de la vérité objective et de la suspicion inhérente envers le récit culturel mondial et les constructions sociales. Le postmodernisme étudie la nature de la photographie et de la représentation en utilisant des stratégies de mise en scène, l’imitation et l’autoréférence pour enquêter sur la paternité et l’originalité du médium.
L’exposition, conçue par le conservateur avec une certaine habileté, identifie les axes majeurs du mouvement plutôt que d’unifier des travaux de façon homogène depuis différentes décennies. Le résultat donne un ensemble d’images chargées d’ironie et d’humour qui ouvrent un passage dans le monde multiforme et complexe du postmodernisme. C’est ainsi que les principales approches peuvent être soulignées : l’emploi de la citation, de la parodie ou de l’appropriation pour révéler les conventions et les limites de la représentation, la combinaison de la nature et de l’artifice, ainsi que la mise en scène de situations à photographier.
Une place importante est donnée à Signs of Struggle (2003) de Clare Strand. Une salle entière est réservée à l’affichage de cette série emblématique de photographies mystérieuse documentant les scènes de crime ou les preuves d’activités paranormales. Les questions de Strand sur le médium de la photographie, ses utilisations et ses limites, révèlent l’ambiguïté de son langage et de son identité. Tout ceci affirme la persistance du postmodernisme dans la production contemporaine.
Le Hair-Clip et Tweezers d’Ann Jones et l’Egyptian Princess de Sarah Pickering sont toutes deux des parodies sophistiquées et ironiques des mises en oeuvre du musée et des explorations des concepts de paternité et d’authenticité.
Hair-Clip et Tweezers de la série Daily Life: Women (1994) sont des photographies d’objets courants qui sont présentés par l’artiste comme si elles étaient des artefacts provenant d’un passé lointain. Les légendes qui accompagnent les œuvres sont utilisés de manière stratégique pour se moquer des conventions institutionnelles. Dans le même temps cependant, ces objets décalés jusqu’à en être sortis de leur contexte sont devenus des curiosités inhabituelles qui demandent des explications.
Egyptian Princess, Museum Collection de la série Art & Antiquities (2010) a été inspiré par l’exposition The Metropolitan Police Service’s Investigation of Fakes and Forgeries du Victoria et de l’Albert Museum de cette même année. C’est probablement la quintessence du postmodernisme où l’humour et l’ambiguïté prennent subtilement le devant de la scène. La sculpture photographiée par Pickering a été achetée par un musée comme une œuvre d’art ancienne originale mais il s’agissait effectivement d’un faux contemporain. De la même façon, la photographie est décrite comme une « épreuve sur papier salé 1852-1860 » par un photographe inconnu mais il s’agit d’une nouvelle impression réalisée en utilisant une technique du XIXe siècle.
Parmi les nouveaux venus se distingue le travail de Cindy Sherman à partir du portfolio The Indomitable Spirit (1979). Sherman adopte différentes identités et utilise l’autoportrait pour critiquer et dévoiler les visions stéréotypées de la féminité et le rôle des femmes dans la société contemporaine.
Signs of Struggle offre un aperçu des multiples manières dont le postmodernisme a affecté la photographie et tient la promesse et l’espoir de la conservatrice Marta Weiss à « inviter les visiteurs à réfléchir sur ce qu’ils regardent mais aussi à prendre plaisir à regarder. Il y a aussi un peu d’humour quant à la mise en oeuvre, et dont j’espère qu’ils vont rire (ou au moins sourire) un peu également. »
Elisa Badii
Signs of Struggle: Photographie dans le sillage du Postmodernisme
Jusqu’au 27 novembre 2011
Victoria and Albert Museum
Cromwell Road
London SW7 2RL