Au cours d’une pause lors de l’installation de son exposition solo à la galerie Brancolini Grimaldi de Londres, Peter Piller m’a consacrée un peu de temps pour me parler de sa dernière série, STOP. Il était très intéressant d’apprendre ce qui a pu mener un artiste comme Peter Piller – qui présente généralement des personnes anonymes et des faits méconnus qu’il trouve dans les quotidiens locaux allemands – à s’attacher au plus iconique des événements qu’a vécu notre société contemporaine dans la dernière décennie.
Peter Piller peut sembler être une personne réservée, mais lors de notre discussion il est apparu généreux, ouvert et honnête au sujet de son travail et de lui-même. Notre échange a été très agréable, et ce malgré ma maîtrise limitée de l’allemand, dont il ne m’a pas tenu rigueur.
Peter Piller – alias Archiv Peter Piller – est artiste-archiviste. Après avoir obtenu son diplôme à l’Université des Beaux-Arts d’Hambourg, il a été éditeur photo à partir de 1997 pour l’agence de presse Carat, chargé de l’archivage des quotidiens régionaux.
Au fil des années, il a rassemblé des milliers d’images d’archive, et il décidait alors de les sortir du placard pour en faire sa matière de travail. Piller sélectionne les images – qu’il réutilise sans légende – et les classe selon des thèmes différents pour créer une sorte de typologie d’un phénomène. Il ne s’intéresse pas à une image particulière, mais plutôt au sens de sa série, considérée dans son ensemble.
Il montre au spectateur ce qui peut être considéré comme une typologie « ouverte » ; il ne veut pas imposer son point de vue mais plutôt engager une discussion et amener le spectateur à faire preuve d’esprit critique. Ce point est très important pour Piller, ce qui explique pourquoi il se démarque de ses pairs et de la génération précédente des photographes allemands.
STOP est une sélection de vingt images – divisée en deux groupes de dix – que Piller a découpées dans des quotidiens locaux allemands publiés les 13 et 14 septembre 2001. Ces images ont saisi la minute de silence observée dans des lieux publics tels que des écoles, des usines et des bureaux le 12 septembre à 10 heures du matin en mémoire des victimes et des survivants des attaques terroristes.
Piller a choisi ces images et les a mises de côté pendant presque dix ans, et ce n’est que récemment qu’il a trouvé urgent de les utiliser et de produire STOP à l’occasion du dixième anniversaire de l’événement. Comme pour ses travaux précédents, cette œuvre n’applique pas de principes particuliers mais répond simplement à l’envie de Piller de créer une typologie.
Etant donné ses liens avec des éditeurs tels que Christoph Keller et JRP|Ringier, j’ai demandé à Peter s’il comptait publier son travail. Il m’a répondu qu’il n’en ressentait pas le besoin. STOP lui semble être une œuvre finie sous cette forme, et elle n’a besoin d’aucun développement supplémentaire. Il a admis néanmoins qu’un livre est le meilleur moyen de célébrer la fin d’un projet. Tout au long de notre discussion, il a souligné l’importance d’amener ses travaux vers une fin, pour les laisser partir et avancer.
Elisa Badii
Archiv Peter Piller
Stop
Jusqu’au 1er octobre 2011
Brancolini Grimaldi
43-44 Albemarle Street
London W1S 4JJ
+44 (0)207 493 5721