L’exposition de Nelli Palomäki au Next Level Projects, dans l’Est de Londres, est la deuxième exposition solo de Midnight Sun, le programme estival de la galerie consacrée à la photographie finlandaise contemporaine. Midnight Sun avait auparavant présenté les travaux de Sasha Huber (du 1er au 27 juillet 2011) et il accueille en ce moment ceux de Tuomo Rainio (du 2 au 29 septembre 2011).
J’ai été présenté à Nelli Palomäki par un ami commun lors du vernissage de l’exposition. Je voulais vraiment en savoir plus sur son travail, et nous nous sommes mis d’accord pour nous rencontrer à nouveau quelques jours plus tard, juste avant qu’elle ne rentre en Finlande. Notre conversation a été chargée d’émotion, alors que les émeutes qui touchaient Londres affectaient inévitablement notre rencontre.
Nelli est venue à Londres pour suivre un Master de Photographie au London College of Communication en 2010. Avant cette année d’étude, la Fondation Hasselblad lui avait décerné le Victor Fellowship. Son travail est entré dans de grandes collections publiques et privées, comme celles de l’Helsinki City Art Museum, de la Fondation Hasselblad et du Musée de l’Elysée.
La photographe a présenté à la galerie Next Level Elsa & Viola, une série de portraits en noir et blanc qui démontre sa remarquable habilité à réaliser des portraits intense set intimes. L’approche photographique de Nelli est très naturelle, et sans prétention. Elle n’entre dans aucune catégorie – on peut aussi bien la décrire comme une photographe conceptuelle que comme une esthète. Elle est profondemment intéressée par les gens et leurs vies, et la photographie est le média qu’elle a choisi pour honorer et mettre en valeur la beauté et la complexité des êtres humains.
Plutôt que de créer, elle raconte une histoire. Elle admet ne pas se servir de son imagination dans son travail. Au contraire, elle partage ses réalisations avec les gens qui vivent avec elle cette expérience. Nelli m’a déclaré de manière très opportune dans l’un de ces derniers emails : “… l’une des choses les plus merveilleuses à propos du portrait est le lien que j’arrive à construire avec certaines de personnes que je photographie.”
Le travail de Nelli est le fruit d’une “conversation” intime entre elle et son modèle. C’est une véritable rencontre et un réel échange. L’anxiété, l’insécurité et le malaise à s’ouvrir l’un à l’autre sont capturés pendant cette rencontre. Tout disparaît, et il ne reste plus que le monde intérieur de la personne dont elle “raconte” l’histoire grâce à ses photos et son point de vue.
Nelli n’amène jamais d’appareil photo avec elle – “… parfois sa présence me hante” – elle aime échapper au besoin de photographier. Elle veut profiter de cette vision du monde qui se développe face à elle et laisser promener son regard. Alors qu’elle travaillait en studio au début de sa carrière, elle a réalisé que cet endroit affectait ses modèles et elle a choisi à la place de travailler dans le plus intime des espaces : sa propre chambre à coucher. Elle ouvre son espace personnel pour établir un lien de confiance et permettre aux personnes qu’elle rencontre de lui raconter leurs histoires.
Parmi ces nombreuses rencontres, celle qui m’a particulièrement marqué et qui montre, à mon sens, la façon dont elle travaille, est son histoire avec Anni Maria et sa chienne, Donna. La photographe a croisé la route d’Anni Maria au printemps 2009, alors qu’elle rentrait chez elle en traversant le parc au petit matin. Anni Maria avait perdu sa chienne, et elle avait demandé à Nelli de l’aider à la retrouver. Nelli avait finalement aperçu Donna, et avait réussi à l’attraper.
Partager la perte et le retour de la chienne a instantanément créé une profonde amitié entres les deux femmes, qui ont passé les heures suivantes à se raconter leurs vies devant un verre de vin dans l’appartement d’Anni Maria.
Nelli était revenue plus tard dans la journée pour photographier Anni Maria et sa fille, mais elle avait décidé au final de faire le portrait de Donna et de sa propriétaire. A un moment donné, elle s’était rendue compte que le portrait en lui-même n’avait pas d’importance. Encore aujourd’hui, cette image reste dans sa mémoire comme le souvenir de cette période particulière de leurs vies. Des années plus tard, Anni Maria quittait le pays, mais les deux femmes restent toujours en contact. “… Le portrait d’Anni Maria reste mon préféré, il me rappelle pourquoi je fais tout cela.”
Elisa Badii
Next Level Projects
58 Hanbury Street
London E1 5JL