Londres : Guy Bourdin, Image Maker à la Somerset House

C’est une exposition remplie de surprises. “Le temps le dira” est une expression que l’on peut appliquer à tant de photographie éditoriale lorsque se pose la question du véritable mérite. Comme c’est montré dans l’exposition à multiples chapitres qui a lieu à la Somerset House, le temps consacre de manière évidente le talent exceptionnel de Guy Bourdin. Cette grande exposition le révèle dans toute sa gloire inventive, obsessive, joueuse, perverse, intense, malicieuse et surréaliste.

La première salle du bas, contre toute attente mais de manière persuasive, est dédiée à une session photo pour une publicité pour Charles Jourdan, exécutée lors d’un roadtrip en Grande-Bretagne en août 1979 dans une Cadillac noire authentique — qui, entre parenthèses, fait une apparition sinistre dans la session photo — et avec une paire de jambes de mannequin de vitrine plutôt qu’un mannequin vivant pour exhiber les chaussures sophistiquées. Bourdin fait des scènes de bord de mer habituelles, des no man’s lands architecturaux et des intérieurs de mauvais goût dans les décors de paysages oniriques mélodramatiques et déconcertants pour ces jambes dérangeantes et désincarnées. Tant d’idées, une telle inventivité photographique — en un seul voyage. Les conservateurs font une belle déclaration avant de nous envoyer vers les galeries supérieures pour découvrir d’autres facettes de la créativité de Bourdin.

Philippe Garner