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Londres, entre réel et imaginaire

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Les photographies de paysages et de villes étaient, au côté des portraits et des natures mortes, les premiers genres photographiques de l’histoire. L’exposition Land/City/Real/Imagined explore ces deux genres depuis leur naissance dans les années 1930, des premières photographies en noir et blanc aux nouvelles images numériques. L’exposition est divisée en deux sections, Land et City.

La section Land comprend :

Une série de collages extraordinaires de la NASA. Les missions Surveyors ont commencé à photographier la surface de la Lune en juin 1966, et ce pendant deux ans. Sept missions au total se sont succédées, dont cinq avec alunissages. Réalisées pour scanner la surface de la Lune afin de préparer l’alunissage de la mission Apollo en 1969, ces images ont été prises par des appareils Hasselblad (qui s’y trouvent toujours). Ces images ont ensuite été transmises sur Terre et replacées selon un plan schématique. Chaque collage est une feuille de papier comprenant un texte et des tableaux, ainsi qu’une série de photographies numérotées, formant une image d’une partie de la Lune. Chaque collage comprend une photographie, aux dimensions allant de 50 à 250 centimètres carrés, et ils ont tous été mis sur papier cartographique par le département d’étude géologique américain. Les alunissages ont provoqué un fort mouvement d’optimisme, et l’on pensait alors que les voyages sur la Lune seraient accessibles à tous, et aussi aisés qu’un voyage en Espagne.

Jonathan Olley, dont certaines images de  Castles of Ulster  figuraient dans l’exposition  Exposed  à la Tate Modern l’année dernière, propose quant à lui une œuvre provenant de son projet en cours,  The Forbidden Forest . Ce projet s’intéresse à la bataille de Verdun, pendant la première guerre mondiale. Près de 100 ans plus tard, de grandes quantités de munitions ont rendu le territoire inutilisable. Abandonnées et envahi par la végétation, les collines, dangereuses et polluées, ressemblent désormais à une forêt sauvage et enchantée. Cette  Zone Rouge  est complètement interdite au public, et la forêt est en train d’être débarrassée de ses très dangereux restes militaires, qui tuent un membre de l’équipe de déminage tous les mois.

L’artiste néerlandaise Tessa Verder a commencé sa carrière à Haarlem, le cœur de la riche tradition picturale du pays. C’est dans cette ville qu’elle a été frappée par l’idée qu’il existe encore, malgré le passage du temps, un lien profond entre la réalité contemporaine et la façon dont la vie était décrite dans les peintures de l’époque moderne. Cette idée l’a amenée à créer des œuvres où elle mêle ses propres photographies aux tableaux des maîtres du réalisme. Pour réaliser des œuvres qui reflètent l’émotion plutôt que la réalité, elle s’est intéressée aux maîtres du romantisme allemand, alors qu’elle déménageait à Berlin. Dans la pure tradition romantique, Verder poursuit une quête de l’ultime – où les émotions sont un principe directeur.  Un peintre doit non seulement peindre ce qu’il voit devant lui, mais aussi ce qu’il voit en lui , comme le disait Caspar David Friedrich. Tout comme les peintres romantiques, Verder voyage beaucoup afin de trouver ses sujets ultimes. Elle se sert de modèles et de paysages pour créer un monde dans lequel elle déploie un mélange de techniques contemporaines.

Dans la série présentée, The Day the World Whispered, Verder mêle des photographies de différents éléments de la nature – comme une steppe déserte par exemple – avec des extraits de tableaux de maîtres.

L’aliénation est un thème récurrent dans le travail de l’artiste britannique Holden, adoptée alors qu’elle était enfant, et désormais installée à Amsterdam. Les compositions photographiques de Holden, analogiques ou numériques, mêlent différents types d’images historiques, culturelles et personnelles, et tentent d’unir l’histoire individuelle et collective, le corps et la nature, le savoir et l’ignorance, en mettant en parallèle des aspects très différents. Dans   Twilight , une figure de femme nue (Holden elle-même), se tient dans un paysage fantastique, exotique et magnifique, mais parsemé de dangers inconnus.

Les principales œuvres de la section Ville :

Le photographe argentin Horacio Coppola a illustré de nombreux livres de son ami Jorge Luis Borges, notamment avec une photographie d’un immeuble moderne de Buenos Aires, prise en 1931. Son titre  Mediananera con Aire-Luz , fait référence à la fois à un tango populaire,  A Media Luz , et à la façon dont les agents immobiliers qualifient les appartements  grands et lumineux .  Irving Trust Building, 1 Wall Street , de Berenice Abbott, a été prise le 15 février 1938. Abbott était arrivée de Paris en 1929, et pensait rester une semaine à New York. Mais elle a été prise d’une passion fantastique  pour la ville, une passion qui la fit rester pendant une dizaine d’années. Sa photographie de l’Irving Trust Building la fait ressembler à une cathédrale gothique, et explique indirectement comment la ville a inspiré le réalisateur allemand Fritz Lang pour son film  Metropolis .

Le photographe britannique George Rodger, co-fondateur de Magnum, est surtout connu pour ses reportages pendant la seconde guerre mondiale et en Afrique. En 1950, il développa un projet sur l’Empire State Building, dont une photographie prise du 102ème étage est présentée dans l’exposition. On ne voit pas les visages dans la foule qui lui fait face, mais seulement les silhouettes, et leur excitation suggère qu’il s’agit de leur première visite dans la grande ville.

Un autre photographe britannique, Marcus Doyle, a passé plusieurs années, dans les années 2000, à voyager aux Etats-Unis. Doyle n’avait pas l’intention de se rendre à Las Vegas, mais il s’est retrouvé obligé de s’y arrêter, alors qu’il rejoignait la Vallée de la Mort. Sa photographie des immeubles de Las Vegas, prise à travers les rideaux du Mirage Hotel, n’est pas seulement splendide, elle est aussi une représentation hyperréaliste d’une ville déjà en elle-même hyper-réelle. 

Dans l’œuvre d’Emily Allchurch,  Urban Chiaroscuro No. 3 (After Piranesi) , la ville devient à la fois effrayante et monstrueuse. Son travail s’inspire de l’une des gravures extraites des  Prisons imaginaires  de Piranesi. Les gravures étaient en noir et blanc, les versions d’Allchurch sont en couleurs. Les images sources de son œuvre, une composition de plusieurs centaines d’images, ont été prises à Rome. Le résultat final fait non seulement référence au passé, mais évoque aussi la ville contemporaine, avec ses graffitis, ses panneaux de signalisation et ses caméras de surveillance.

La surveillance est aussi un thème important du projet  Traces , du photographe colombien Manuel Vazquez, installé à Londres. L’exposition présente deux travaux extraits de ce projet, une photographie encadrée et une installation vidéo. Dans une société sous surveillance, chacun peut être le spectateur ou l’acteur de notre spectacle quotidien. Avec des caméras placées dans chaque recoin de l’espace public, nous laissons des traces derrière nous, stockées comme des codes visuels. Des foules traversent la ville globale dans une chorégraphie perpétuelle où les piétons absorbés font l’expérience du paradoxe de l’espace public, entre anonymat et surveillance. Les non-lieux sont les endroits où ce paradoxe prend véritablement corps, et c’est ici que ce projet a été entrepris, avec l’intention de construire des paysages urbains imaginaires qui commentent notre exposition dans la vie urbaine. Vazquez a choisi de placer ce projet dans la gare d’Atocha à Madrid, où ont eu lieu les attaques terroristes de 2004.

Gilles de Camps

Exposition du 25 août au 1er octobre 2011

Commissionnée par Michael Diemar

Avec les photographies de :

Berenice Abbott, Emily Allchurch, Horacio Coppola, Lisa Holden, NASA, Jonathan Olley, George Rodger, Manuel Vazquez, Tessa Verder et d’autres.

Diemar/Noble Photography
66/67 Wells Street,
London
W1P 3PY
Téléphone 0207 636 5375

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