‘Est-ce-que j’ai été un voyeur? Oui. Mais qui ne le serait pas, s’il en avait l’occasion?’ affirme le photographe d’origine danoise Magnus Arrevad au sujet de Boy Story, un projet qui lui a demandé des années et lui fit traverser l’Atlantique à de nombreuses reprises afin de rapporter en images l’univers international et souterrain des performeurs masculins, du burlesque, des go-go dancers, des chanteurs de cabaret et des stars du porno. Le voyage le mena à New York, Berlin, Paris, Londres, Copenhague ainsi que dans le comté de Sligo en Irlande et dans un lotissement de mobile homes à Tacoma. Il rencontra au cours de son périple des performeurs tels que Go-go Harder, EvilHateMonkey, The Luminous Pariah et une pléthore d’autres.
Boy Story a fait l’objet d’un livre et son lancement se fera dans le cadre d’une exposition organisée par Michael Diemar au 5 Willoughby Street à deux pas du British Museum.
Arrevad explique la chose suivante: ‘la série met en lumière des performeurs originaires de dix-huit pays, vivant dans des endroits auxquels vous vous attendriez certainement le moins mais avec un esprit de communauté et de respect mutuel qui va au-delà de tout ce que j’ai jamais connu auparavant.’ Et il ajoute: ‘Je n’étais pas lié de façon intrinsèque à ce monde lorsque je me suis lancé dans le projet. Tout a un peu commencé par accident, dans un sous-sol à Copenhague, la nuit de la parade de la Gay Pride, que je photographiais dans un contexte totalement différent.’
Boy Story a été réalisé en noir et blanc argentique. ‘Je suis un traditionaliste dans le sens où je crois en la qualité et en la beauté du film argentique. Les tirages sont réalisés à la main avec du papier baryté de la plus haute qualité. Le numérique ne rend simplement pas aussi bien.’ Arrevad a décidé de ne pas photographier les performances de ses sujets, choisissant au lieu de cela de se concentrer sur les performeurs en dehors de la scène, souvent dans leurs moments les plus vulnérables, essayant un nouveau numéro, se maquillant ou revêtant leur costume. ‘J’étais fasciné par les processus et les préparations à travers lesquels les performeurs se libéraient visiblement des rôles qu’ils endossaient la journée. Ils avaient inventé un monde à leur propre image, avec leurs propres dieux et leurs propres cérémonies. Cela ne se résumait pas seulement à la sexualité, même si cette dernière occupait bien évidemment une large place. C’était une question d’être. Chaque soir, le fait de se maquiller consistait à enlever un masque, et non à en mettre un. Je voulais rapporter en images ce processus de libération.’
Une fois les masques tombés, la scène attendait. ‘Les performances sont débauchées, magiques et souvent hilarantes mais ce qui sous-tend le tout est une sérieuse motivation, celle de faire devenir réalité le rêve de soi-même. J’ai entendu un million de fois des gens dire: sois juste toi-même. A cela il n’existe qu’une réponse sensée: lequel? Nous jouons différents moi à nos parents, nos amis, nos compagnons et à nous-mêmes. Le moi que nous jouons à nous-mêmes est le plus intéressant parce que dans la plupart des cas, le sentiment que nous éprouvons est que nous sommes trop effrayés pour l’exprimer, pour l’explorer en public. Se comprendre soi-même est un processus. C’est ce que les sujets de ‘Boy Story’ m’ont permis de faire, de les regarder en train de façonner leur moi intérieur.’
EXHIBITION
Boy Story de Magnus Arrevad
11 Novembre – 8 Decembre 2015
5 Willoughby Street
Londres WC1A 1JD
LIVRE
Boy Story de Magnus Arrevad
Editions : Red Room Books
ISBN 978-1-943278-43-5