Anna Fox: Resort ouvre cette semaine à la galerie James Hyman sur Savile Row. L’exposition présente le travail le plus récent de la photographe, commandé par la galerie Pallant House à Chichester, à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de la création des camps de vacances de Butlin en 1936.
Anna Fox est l’une des voix les plus influentes de la photographie contemporaine depuis plus de deux décennies. Fortement inspirée à la fois par la tradition documentaire britannique et le mouvement New Colourist américain, Fox parvient à définir son approche artistique personnelle avec Workstations (1987-1988). Cette série, qui attire l’attention sur elle, porte un regard critique sur la compétition impitoyable qui règne dans les bureaux de Londres à l’époque où Margaret Thatcher est Premier Ministre. On peut retrouver la même approche dans Friendly Fire (1989-94) qui enregistre les parties de paintball des weekends à la manière d’un reportage de guerre. Workstations et Friendly Fire présentent déjà les éléments qui définissent présentement le langage visuel de Fox.
En 2009, Fox commence à travailler sur la commission Butlin ; elle passe deux ans à photographier les vacances de familles de la classe laborieuse à Bognor Regis dans le West Sussex, l’un des trois derniers parcs encore actifs en Angleterre. Fox se coule dans les pas de photographes tels que John Hinde ou Martin Parr qui ont aussi documenté le folklore de Butlin. Une référence pour les vacances organisées de masse qui a fini au fil des années par occuper une place importante dans la culture britannique.
La photographe explore le phénomène du point de vue privilégié d’une participante dressant avec ces images un « panorama de la société contemporaine ». La nouvelle série Resort d’Anna Fox est découpée en deux chapitres : Family Breaks, sur lequel elle a travaillé de 2009 à 2011, et qui se concentre sur les vacances familiales, et Adult Breaks, qui sera dévoilé en 2012, et se penche sur la nouvelle vague d’activités récréatives pour adultes.
Avec Resort, la photographe nous révèle, avec une touche de sarcasme et un grand sens de l’humour, les contradictions et l’absurdité de cette étrange manière de vivre ses vacances et son temps libre en famille. Ses images grand-format, aux couleurs saturées, donnent immédiatement l’impression d’une « campagne publicitaire » préméditée avec leur engouement hyper-réaliste et leurs cadres artificiels au sein desquels prennent place des relations intimes candides.
Fox est capable de créer et d’offrir à son public des parodies surréalistes et amusantes de cette expérience. Les teintes vives, juxtaposées à des éléments d’usage courant comme des clôtures ou des conduits d’air conditionné, de même qu’une remarquable réflexion sur la lumière – à la fois naturelle et artificielle, provenant de jeux vidéo, de centres de beauté, de bars d’ambiance ou de machines à sous – contribuent à amplifier le message critique de la photographe. Resort embrasse la pensée d’Anna Fox et permet un enregistrement d’un pan important de l’histoire sociale.
Elisa Badii
Anna Fox: Resort
Jusqu’au 12 novembre 2011
James Hyman Photography
16 Savile Row
London W1S 3PD