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Lola Reboud, de l’Islande au Maroc

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Nos chemins se sont croisés lors d’un jury pour la bourse Lagardère pour la photographie, en 2011. Lola Reboud présentait la série A journey in Iceland et j’étais dans le jury. Elle a eu mon vote !

Lola, la douceur, la distance délicate, l’œil rond et précis, l’innocence comme prisme de regard. Je me suis laissée portée par cette errance tranquillement déterminée qui émane de ses photographies, puis j’ai découvert sa série marocaine Les Ephémérides.

En Septembre 2007, Lola part en Islande et commence un travail documentaire sur l’île avec pour toile de fond les saisons, les variations climatiques et la confrontation de son apriori avec la réalité insulaire. Elle voyage à travers le pays et sa capitale Reykjavik, elle y rencontre des gens, elle s’extasie devant des paysages et enregistre des scènes de vie quotidiennes. Elle y retourne en 2008, le système économique vient tout juste de s’effondrer, c’est alors qu’elle opte pour une continuité dans son travail, ancré visuellement dans la crise mais qui ne l’illustre pas. La fiction narrative a toujours un peu plus de place que le documentaire chez Lola !
La constance de son regard sur le monde est révélée ensuite dans son travail sur la jeunesse de Tanger. De janvier à octobre 2011, elle part assister l’artiste Yto Barrada. Elle en profite pour réaliser un travail sur les relations des jeunes femmes et des jeunes hommes, au quotidien, et souligner la beauté universelle et la tendresse des choses invisibles, des alchimies si particulières, des têtes baissées et des regards fuyants des jeunes en quête de séduction.

Aux murs, les deux séries sont réunies sous le même titre « Les climats » et elles se rejoignent dans le portrait, celui de deux jeunes femmes, l’une marocaine, l’autre islandaise, que l’on identifie facilement chacune à son pays. Elles sont comme un point d’orgue du travail de Lola : portrait frontal, regard franc, sans artifice et identifiable à un territoire. Parce que, pour Lola, la géographie est tout aussi importante que les gens. Les caractéristiques des paysages de l’Islande ou du Maroc sont présentes dans chaque photo, par des teintes et des ambiances chaudes ou froides, par la nature végétale ou minérale de l’environnement. Les photographies de Lola cisèlent des fenêtres sur des territoires et des identités, des paysages et des individus, des vides et des scènes de vie, et toujours avec un regard pudique et délicatement en retrait.
En marge de l’actualité mais jamais très éloignée, Lola nous donne des indices sur les climats de chaque pays.

Lola prend le temps de regarder, elle contemple l’inconnu et tente de le reconnaître. Elle fait sien un temps de la photographie qui n’est pas instantané. « Je photographie parce que je suis une mauvaise peintre, c’est pour moi le meilleur moyen de rentrer dans le monde », dit Lola. Tout comme elle pourrait peindre de mémoire, elle semble convoquer ses souvenirs et ses rêves pour photographier ses sujets, dans un certain abandon candide.

Pascale Giffard, Commissaire d’exposition

Climats
Du 10 mai au 15 juin 2012
Galerie Dupon
74, rue Joseph de Maistre
75018 Paris

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