L’un, totem patriarche aphasique. L’autre, père de mon père qu’il n’a pas connu, dont j’ai découvert l’existence tard dans ma jeunesse. Tous deux se sont mariés avec ma grand-mère. Cinéastes amateurs en leur temps, ils ont été des grands-pères trop peu connus. Par le seul héritage que je me suis octroyé, leur existence se propage. Ces photographies, issues de bobines de films 8mm, sont leurs mémoires confondues et fragmentées. Au travers d’un écran de souvenance qu’est ma visionneuse – fenêtre théâtrale évanescente – je me demande si je n’imagine pas ces silhouettes fantomatiques, ces personnages vaporeux. Seul le grain du dépoli me fournit un lien avec la réalité sous forme d’empreinte. Une plongée dans le passé des oeuvres, des films, des êtres ; un besoin de filiation qui me permet cette rêverie à demi-remémorée.
Loïc Molon