Jacques Revon explore dans ce chapitre l’utilisation d’un révélateur alternatif écologique confectionné avec du vin Baco Noir.
« La photographie argentique est initialement authentique car le négatif lui demeure, même si un jour il est scanné et devient donc numérique au risque on le sait, d’être plus tard manipulé. » – JR
Révélateur alternatif confectionné avec du vin issu d’un cépage le Baco Noir.
Avant de vous parler la prochaine fois d’un révélateur alternatif fabriqué avec plusieurs herbes aromatiques, je vous propose aujourd’hui, la fiche / recette d’un révélateur fabriqué avec du vin dont le cépage hybride s’appelle le « BACO NOIR ».
Historique.
Ce cépage porte le nom de son découvreur François Baco (1865-1947). Ce personnage ancien instituteur, aurait-il un jour pu imaginé qu’un petit curieux puisse développer une pellicule noir et blanc argentique dans son vin? Sincèrement, je ne le pense pas. En France ce cépage hybride « Baco noir » couvrirait dit-on environ 200 hectares. Cépage cultivé également un peu au Canada comme aux Etats-Unis. (Wikipédia et selon d’autres articles ).
C’est un vin très tanin riche en polyphénols. En effet, Ii contient 217 mg de phénols pour 100ml. C’est un vin rouge fortement coloré et assez épais. Dans ma commune, l’un de mes amis entretien encore une très ancienne et petite parcelle d’environ 400 mètres carrés, l’équivalent d’une ouvrée. D’où ma curiosité d’en découvrir davantage, dans le cadre de mes recherches photographiques. Voici donc à l’issue de ces essais, cette petite fiche / recette.
Pour fabriquer ce révélateur Il vous faudra prévoir 600 ml de Baco Noir selon votre type de cuve, pour développer pour une pellicule 120 / 6X6 ou 400ml pour un film 24X36 /135.
Fabrication:
Dilution dans les 600 ml de ce vin et dans l’ordre des trois produits ci-dessous, à une température d’environ 22°.
50 grammes de carbonate de sodium
10 grammes de vitamine C
6 grammes de sel iodé
Et 10ml de bisulfite de potassium pour supprimer les phénols oxydés qui deviennent insolubles et précipitent lors du développement, et qui peuvent occasionner de très petites taches dues à des minuscules particules.
Filtrer immédiatement le mélange obtenu à l’aide d’un filtre à papier, type filtre à café ou d’un filtre nylon très fin pour éliminer ces fines particules, puis à la fin, ajouter deux gouttes de solution Photo-Flo ou d’un agent mouillant dans votre mélange révélateur afin de favoriser son action sur l’ensemble de l’émulsion. N’hésitez pas à filtrer plusieurs fois.
Pré-mouillage de la pellicule durant cinq minutes dans de l’eau tempérée, puis vous pouvez commencer le développement.
J’insiste encore en précisant que le filtrage est ici très important car ces fines particules peuvent s’incruster dans l’émulsion pendant la durée du développement. Il faudra alors en post production, prendre un peu de temps pour repiquer le Scan de vos images.
De même lors du développement il vous faut surveiller la température assez fréquemment pour la maintenir au niveau du degré que vous aurez décidé.
Pour cela, lors de la préparation disposez un récipient qui vous servira de bain-marie. Vous le renouvellerez d’eau à une température d’environ trois degrés au dessus de celle que vous aurez donc décidée d’appliquer pour votre développement. Ainsi, vous pourrez déposer de temps en temps la cuve dans ce bain-marie et maintenir une température qui approchera celle que vous avez choisie d’appliquer.
N’oubliez pas non plus, lors de la fabrication de votre mélange, de prendre le temps de bien dissoudre dans l’ordre les différents produits. Vous constaterez qu’au moment où vous commencerez à dissoudre le premier produit qui est le carbonate de sodium, que la température de votre préparation augmentera d’environ deux degrés, c’est normal.
Attention de toujours dissoudre le carbonate de sodium dans le liquide, jamais l’inverse.
Mes essais ont été réalisés de la manière suivante:
Prise de vues en extérieur et en intérieur sur un film Rollei de 100 ISO et sur un film ILFORD FP4 125 ISO.
Avant le Développement ne pas hésiter à de nouveau filtrer votre révélateur pour bien mélanger l’ensemble et pour éliminer tout risque de particules .
En cuve avec 400 ml de ce révélateur alternatif BACO, j’ai choisi ici de travailler pour un premier essai à une température de 25°, temps de développement 20 minutes. Agitation continue par retournement de la cuve durant la première minute, puis agitation de la cuve toutes les minutes, durant 5 à 10 secondes.
Pour le deuxième essai de développement, j’ai choisi un mode de développement différent en « Stand Dev » à 21°: durée du développement total, 60 minutes. Agitation une minute au début du développement puis une minute au bout de 30 minutes de développement. Le reste du temps et jusqu’à la fin du développement je n’ai pas agité ma cuve.
Videz la cuve du révélateur, puis rincez-la bien tant que vous n’aurez plus visuellement d’eau colorée jaunâtre occasionnée par le type de révélateur, ici du vin.
Fixez au moins trois minutes dans le fixateur Ilford Hypam en retournant bien votre cuve durant la première minute.
Lavage: pour économiser l’eau, ce qui est aujourd’hui indispensable, procédez avec la méthode ci-dessous dont je vous parle depuis le début de mes fiches / recettes, méthode préconisée par Jost j Marchesi dans l’ouvrage ILFORD PROCÉDÉ NEGATIF édité en 1980 aux Editions Jean Spinatsch à Genève, à savoir.
Après avoir bien vidé et récupéré dans un flacon, le fixateur contenu dans la cuve, vous pourrez si vous le souhaitez maintenant ouvrir la cuve. Rincez l’ensemble, la cuve avec la spirale qui contient encore votre film ou la pellicule.
Ensuite procédez comme suit.
– 1 Remplissez la cuve avec de l’eau puis renversez-la en la retournant lentement 5 fois.
– 2 Videz de nouveau la cuve puis remplissez-la, et cette fois effectuez la même manoeuvre 10 fois.
– 3 Videz de nouveau la cuve puis remplissez-la une troisième fois et renversez la 20 fois.
– 4 Si vous souhaitez que votre film puisse se conserver le plus longtemps possible, alors effectuez encore deux fois l’opération numéro 3.
A la fin du lavage, trempez la spirale avec la pellicule encore en place sur la spire dans un agent mouillant durant 30 secondes, ce qui permet ainsi je le rappelle, de réduire la tension superficielle de l’eau en favorisant son ruissellement régulier sur la surface de la pellicule.
Vous pouvez procédez de la même manière avec de l’eau déminéralisée, cette fois durant une minute.
Ensuite, vous n’aurez plus qu’à suspendre votre film en le lestant correctement avec une pince, afin qu’il puisse sécher tranquillement à air ambiant.
Addendum
PHOTOS
MAQUETTE EN METAL
STATUETTE EN BOIS
STATUETTE EN METAL
TROIS BOUTEILLES EN VERRE
Hier encore, profitant d’éclaircies, j’ai développé un film noir et blanc exposé dans l’après-midi et, tenez-vous bien, pour tester une troisième utilisation de mon révélateur alternatif au vin, 48 heures après sa fabrication. Le résultat est encore une fois des plus étonnant, alors que normalement je préconise de n’utiliser qu’une fois un révélateur alternatif et pas au-delà de 24 heures. Mais toujours par curiosité, il faut continuer de faire des essais pour vérifier et encore vérifier et parfois même découvrir, grâce à une bonne conservation dans une bouteille en plastique accordéon qui se plie sur elle-même afin d’éviter l’oxydation, que l’on peut allonger encore la durée de vie du produit en question.
Ma démarche était cette fois simple, photographier en intérieur des objets de matières différentes, ici: métal, bois et verre, avec simplement une seule source de lumière naturelle celle qui pénètrerait par une porte fenêtre. Le naturel jusqu’au bout.
Le résultat est bien là! Les matières sont belles comme le grain, les gris sont veloutés. Le mariage de la lumière sur les matières avec un développement dans ce cépage « Baco Noir » apparait tout simplement il me semble, réussi et remarquable. Développement du film à 25°, durée de développement 19 mn. C’est ici je le rappelle, le troisième passage d’un film dans mon révélateur fabriqué 48 heures plus tôt.
Durant cinq années ( de 1976 à 1981) j’ai été photographe de la société Ilford à Saint-Priest près de Lyon, à cette époque je testais différents films et pellicules sur le terrain avec des photographes de différents domaines. Cette usine a fabriqué vous le savez jusqu’en 2003, plusieurs produits photographiques. Alors, comment aurais-je pu imaginer à cette période qu’un jour je développerais dans du vin? Mais visiblement encore, impossible n’est pas français. Une sacrée histoire pour un photographe.
Comme je ressens tout cela tellement étonnant, c’est avec un grand plaisir que très simplement je vous le transmets.
La prochaine fois je vous parlerai donc d’un révélateur alternatif fabriqué avec réunies ensemble plusieurs herbes aromatiques.
Jacques Revon
Journaliste honoraire, auteur, photographe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Revon