La ville de Łódź en Pologne célébrait avec noblesse la photographie lors du festival dédié au dit-art organisé par la ville chaque mois de juin.
Pour cette édition 2024, le festival de photographie de Łódź accueille des artistes polonais et internationaux choisis par les organisateurs et le jury du festival composé de commissaires. Si ce festival est terminé, les expositions sont toujours ouvertes, à l’Art Incubator, épicentre du festival, ainsi que dans d’autres galeries de la ville.
Pour certains artistes, la photographie est un exutoire dans laquelle l’histoire de l’intime se mêle à la douleur. « La première démarche poétique consiste à remonter à l’origine. À savoir : à la souffrance », écrivait Michel Houellebecq dans Rester vivant. Ainsi, si d’autres, à l’instar de l’écrivain français, prennent la plume comme exutoire, d’autres ont choisi le langage universel de l’image.
Un samedi soir d’été, au vernissage de l’exposition No’am de Grzegorz Wełnicki.
Une foule compacte est rassemblée dans la salle d’exposition où le photographe expose une quinzaine des photos de son projet. Les discours en polonais passent, cette langue m’est inconnue et pourtant, lorsque l’artiste prend la parole, on ressent l’émotion de cette foule rassemblée. En lisant la petite feuille explicative, on comprend la portée du travail de Grzegorz Wełnicki sur la mort. Après avoir perdu son père, le photographe a connu une longue période dépressive. Ce projet photographique, qu’il porte depuis des années, est l’aboutissement de son deuil. Lorsque la salle se vide, des amis offrent au photographe un bouquet de fleurs. Une grande émotion se lit sur son visage, comme un sentiment de paix après des années de souffrance.
« Now is not the right time », Peter Pflügler
Peter Pflügler est un photographe autrichien. Avant d’être photographe, il a pratiqué différents arts comme la danse. Sa série de photographies, « Now is the time » est le fruit d’un long travail personnel et introspectif. Lorsqu’il avait deux ans, son père s’était enfoncé dans les bois dans le but de ne plus en sortir. Ce n’est que jeune adulte que Peter Pflügler apprend la tentative de suicide de son père. Et pourtant, tout au long de son enfance le corps et l’inconscient de l’artiste ont été traumatisés par cet évènement. « Now is not the right time » est un dévoilement.
Au début du projet, le photographe choisit d’aborder avec distance cette lourde histoire familiale grâce au recul que permet l’art. Peter Pflügler casse cette distance pour embrasser son sujet à plein corps. Il se filme sur les lieux du bois où son père a un jour essayé de tenter de partir. Là-bas, il pratique la méthode thérapeutique TRE (Tension and Trauma releasing Exercices) visant à extérioriser toutes les émotions que le corps a emmagasinées suite à un traumatisme. Soutenu tout au long de ce projet par ses parents, Peter s’est réconcilié avec son histoire.
« I Can’t Get Through The Chaos », Michat Adamski
Michat Adamski est photographe, il n’expose pas au festival de photographie de Łódź mais y vend des livres photo, dont le sien, I Can’t Get Through The Chaos.
En 2012, ses parents disparaissent à quelques mois d’intervalle l’un de l’autre, après avoir été malades. Michat Adamski a photographié ces derniers instants passés avec eux et plus particulièrement les non-dits. Dès lors, comment photographier les silences ? Les regards et les gestes photographiés par Adamski sont remplis d’amour et d’humanité. La photographie, ici aussi, devient un cheminement dans l’acceptation du deuil.
Laurine Varnier
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Fotofestiwal
June 13-23, 2024
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