Cet ouvrage aux pages sensuellement souples et transparentes se feuillette comme un long poème charnel.
« Envisager l’œuvre de Gerard Fieret comme une archive s’est imposé dès le départ. Une voix se dégage de l’archive, celle de la personne qui a mis ces documents-là, à cet endroit, à ce moment-là. Rappelant le flâneur qui cueille le poème au fil de ses rencontres impromptues, Fieret photographie des fragments du quotidien, et dit sa photographie « kaléidoscopique ». Pour reprendre le titre de son dernier portfolio, elle saisit « Le monde entier » (1979), à travers un prisme qui le fractionne. » Violette Gillet
Fieret ou le photo-graphiste
Obsessionnel, insatiable, Gerard Petrus Fieret photographie des fragments du quotidien, sans hiérarchie et ne jette rien. Comme l’explique Wim Van Sinderen, il a toujours cherché à « coucher le monde entier sur papier glacé ». Fieret se concentre tout de même sur certains sujets qu’il affectionne particulièrement : femmes, enfants, animaux familiers, objets et autoportraits. Sa présence, l’interaction avec ses modèles et leurs liens de complicité, parfois très sensuels, sont caractéristiques de son travail.
Fieret ne se considérait pas comme un artiste, terme trop réducteur à son sens, mais comme un « photo-graphiste ». Dans une liberté extrême, il explore toutes les possibilités techniques et visuelles de son reflex Praktica : solarisation, double exposition, griffure des négatifs, etc.
Le rendu trouble, parfois opaque avec des flashs lumineux, donne l’impression d’une photographie ancienne, phénomène accentué au développement par l’utilisation de produits périmés jaunissant le papier ou par l’arrêt anticipé du développement jetant un voile gris sur l’image. Comme le souligne Violette Gillet : « Ce vieillissement accéléré de l’épreuve photographique semble vouloir plonger le réel dans le passé (…) [Son œuvre] prend dès lors l’aspect d’une archive, autant par son sujet, voué à disparaître et dont il faut garder la trace, que par son aspect, déjà vieilli et abîmé par le temps. » L’utilisation quasi systématique du tampon et de sa signature sur le tirage joue à la fois le rôle d’affirmation de l’auteur et d’élément graphique qui participe à la structure de la composition. Il en résulte une œuvre inclassable, intemporelle, à la limite de l’abstraction.
En écho à la fluidité, à la distorsion du réel que l’on retrouve dans l’œuvre de Fieret, l’ouvrage au papier très fin propose un dialogue poétique entre les photographies grâce à un jeu de transparence. Quatre textes critiques nous éclairent sur la personnalité singulière de Fieret et les multiples facettes de son travail en lien avec l’histoire de la photographie et des arts.
LIVRE
Gerard Petrus Fieret
Texte inédit de Wim van Sinderen, Violette Gillet, Francesco Zanot, Hripsimé Visser.
Co-Edition LE BAL et les Éditions Xavier Barral
Bilingue français/anglais
Relié sous coffret, 18 x 26 cm
592 pages
297 photographies N&B
47 euros
http://www.exb.fr
EXPOSITION
Gerard Petrus Fieret
du 20 mai au 28 août 2016
Exposition conçue et produite par LE BAL, CAMERA – Centro Italiano per la Fotografia à Turin et le Fotomuseum Den Haag à La Haye
Le BAL
6, Impasse de la Défense
75018 Paris
France
http://www.le-bal.fr