En 1917, alors que les Etats-Unis entrent dans la Première Guerre mondiale, le photographe anglais Arthur Mole (1889-1983) crée une nouvelle iconographie au service du nationalisme américain. Avec l’aide de son collègue John D. Thomas, il réalise de vastes compositions photographiques mettant en scène des dizaines de milliers d’hommes rassemblés et disposés de façon à dessiner sur le sol des symboles et emblèmes choisis de la société nord-américaine. Sont ainsi représentés la bannière étoilée en forme de bouclier, l’emblème des Marines, la Statue de la Liberté, un portrait de profil du président Woodrow Wilson, etc.
Le livre réunit le corpus de ces photographies de propagande avant-gardistes, qu’Arthur Mole désignait paradoxalement comme des « tableaux vivants » (« Living Photographs »), alors même que ceux-ci reposent sur l’annihilation de l’individu en faveur de la masse. Il est composé aussi d’un second corpus d’images : une série de recadrages et d’agrandissements effectués à l’intérieur des clichés. Modifiant l’échelle du corps et confinant parfois à l’abstraction, ceux-ci invitent le lecteur à une réinterprétation des photographies d’Arthur. Mole.
L’ouvrage publié aux édition RVB Books est accompagné d’un essai de Louis Kaplan, « Photographic patriotism : Arthur Mole’s Living Photographs ».