La galerie Paris Beijing présente les dernières images inédites de la série Hiding in the City de Liu Bolin, réalisées en Chine et à Paris au cours de l’année 2012. Après sa récente intervention très remarquée au Festival Images de Vevey ou ses photographies étaient imprimées sur les murs de la ville atteignant des formats gigantesques jusqu’à 600 mètres carrés, Liu Bolin se verra consacré une rétrospective dans le cadre du Festival Made In Asia de Toulouse en février prochain. Enfin, La galerie Paris-Beijing l’accueillera de nouveau en mars dans ses locaux Bruxellois à l’occasion d’une exposition d’envergure retraçant dix années de création de l’artiste, de ses premières sculptures à ses dernières installations monumentales.
Camouflages révélateurs. Liu Bolin et l’art de la performance mimétique
Son nom est Liu Bolin, mais tout le monde l’appelle « l’homme-caméléon ». Cet artiste chinois de la nouvelle génération (il est né en 1973) réalise des performances étonnantes lors desquelles il parvient à se camoufler dans le décor qui l’entoure. Mobilisant un large éventail de disciplines artistiques, de la sculpture au body art, du happening à la photographie, Liu Bolin pose devant l’objectif durant des heures, aussi immobile qu’une statue. Grâce à la complicité d’une équipe de peintres et de photographes qu’il dirige, son corps finit par être englouti dans l’environnement. Aucun effet Photoshop, mais d’abord un body painting très soigné. Une étude méticuleuse de la perspective et de la prise de vue conditionne ensuite la qualité du camouflage. Après plusieurs prises, l’artiste donne son accord pour l’image finale, immortalisant sa présence évanescente. Cela peut même devenir un jeu que de repérer « l’homme invisible » dans la photographie, et pourtant l’origine des performances mimétiques de Liu Bolin n’a rien de ludique. Le déclencheur fut la destruction de son atelier situé dans le Suojia Village International Arts Camp, un quartier de la banlieue de Pékin qui comptait une centaine d’artistes. Le 16 novembre 2005, dans le cadre de la restructuration de la capitale en vue des Jeux Olympiques, les autorités chinoises ont procédé à la démolition des bâtiments du village et à l’expulsion de ses habitants. En rend compte la série Hiding in the City, qui s’ouvre avec l’autoportrait de Liu Bolin immobile, recouvert de peinture, se confondant avec les ruines de son atelier en signe de protestation silencieuse. La réalisation est parfaite, l’illusion est troublante. C’est dans le contexte d’une Chine en pleine mutation, connaissant un développement économique fulgurant et une urbanisation frénétique, avec toutes les conséquences que cela implique pour la société, que la production artistique de Liu Bolin prend sens. L’artiste appartient à la génération née sous Mao et devenue adulte dans les années quatre-vingt-dix, sur les cendres de la Révolution Culturelle. Ces dernières années, le projet Hiding in the City de Liu Bolin a évolué et ses recherches se sont déplacées de la République populaire de Chine vers l’Occident, abordant les questions sociales que pose la globalisation, comme le rapport entre la société civile et le pouvoir financier, l’écologie et l’exploitation des ressources, la tradition et l’innovation, la conservation et la destruction du passé. [ …] Dans les séries Hiding in Italy (2010), Hiding in Paris (2011) et Hiding in New York (2011), notre artiste se cache dans les décors les plus divers pour transmettre un message à chaque fois différent qui traduit son rapport au réel, rapport d’appartenance, de dénonciation, d’empathie ou de fuite. [ …] C’est bien, comme il l’affirme, l’environnement qui s’empare de lui, et non pas lui qui décide d’imiter la nature et la vie. Liu Bolin ne manifeste que sa propre manière de se rapporter au monde et de participer à son changement permanent. Originaire de la province de Shandong, Liu Bolin vit et travaille à Pékin depuis 1999. Silvia Mattei
EXPOSITION
Galerie Paris-Beijing
PARIS-BRUSSELS-BEIJING
54, rue du Vertbois
75003 Paris
France : Du jeudi 10 janvier au samedi 9 mars 2013
Bruxelles : du jeudi 7 mars au samedi 11 mai 2013