C’est un vrai rendez-vous, annuel, et dont on se dit au fil du temps qu’il est vraiment indispensable. Parce qu’il continue, au gré de ses humeurs voyageuses, à nous étonner, à nous faire découvrir, à nous aider à mieux considérer un état de la photographie dans le monde d’aujourd’hui. Toujours en grand format, remarquablement imprimé et maquetté, L’Insensé fait en effet le point sur la photographie dans un pays ou une région du monde.
Pour 2015, c’est donc l’Amérique Latine qui a les honneurs de la publication dont la couverture en noir et blanc, très chic dans sa simplicité, nous offre un portrait, un regard de jeune fille photographiée par l’uruguayen Gustavo Ten Hoever. Elle donne le ton de la découverte tant il est vrai que l’on n’a que rarement, presque jamais, l’occasion de voir des travaux venant de ce pays.
Si l’on retrouve des noms incontournables, avec des choix astucieux, parfois surprenants de signatures reconnues au niveau international, c’est la découverte qui domine. Elle ne se limite ni à une école, ni à des thématiques mais, du documentaire à l’onirisme, de la poésie à la recherche graphique, du paysage à la scène de rue, elle laisse respirer des modes d’expression que le rythme de la mise en page transforme en dialogues inattendus. C’est d’autant plus passionnant que, au final, l’abondance de portraits et la différence dans leur traitement réaffirme une réalité profonde : l’Amérique du sud questionne toujours son identité, entre ses populations originelles, ses métissages, sa diversité. Et elle le fait sans nostalgie, avec une dominante colorée qui permet de valoriser des noirs et blancs minoritaires mais purs pour un ancrage fort dans le présent.
A ranger dans sa bibliothèque avec les rares numéros de revues que l’on conserve précieusement.
Christian Caujolle