MICHAEL MAUNEY
Ma collaboration avec Life a été très brève. J’y allais doucement sur mes notes de frais, alors ce n’est pas de ma faute si le magazine a mis la clé sous la porte. Ils venaient juste de me proposer d’être leur correspondant à Londres, et j’étais plus contrarié par le fait de ne pas m’installer là-bas avec ma famille pendant deux ou trois ans que je ne l’étais par la fermeture du magazine. J’étais ennuyé pour la mauvaise raison.
En tant que photographe, je suis un observateur. Ce que je recherche, c’est les réactions des gens. J’ai fait un reportage sur une bataille contre l’éducation sexuelle dans la ville de Cedarburg, dans le Wisconsin. J’ai fini à un service des vêpres du dimanche soir pour les adolescents. La lumière était mauvaise, et il y avait seulement douze jeunes dans l’église. Le prêtre disait : « Vous devez décider ce qui est bien et ce qui est mal. L’église dit : »Voilà ce qui est bon », mais c’est à vous de décider. » J’ai fait le tour pour me mettre derrière lui et j’ai commencé à photographier les visages des adolescents, et il y a une belle image d’un garçon – il ressemble à basketteur – qui regarde sa petite amie. Elle le regarde. Ce moment traduit juste l’idée qu’au final, ce sont les gens qui doivent décider pour eux-mêmes. Les adolescents de Cedarburg, dans leur sagesse, se débrouillent très bien pour faire leurs choix. Tout cela s’exprime dans l’expression de ces deux gosses, et c’est vraiment une photo douce et délicate. Et elle a été merveilleusement mise en valeur, étalée sur deux pages. C’est vraiment la photo de moi que je préfère qui ait jamais fini dans un magazine. Vous vous rappelez de cette image ? Allez la voir, et dites-moi si j’exagère. Je crois que vous serez certainement d’accord avec moi.
(Interview du 26 octobre 1996. Extrait de : John Loengard, LIFE Photographers: What They Saw, Boston, A Bullfinch Press Book, 1998)
John Loengard
