Le déploiement de l’intelligence artificielle dans les institutions muséales est imminente, sinon déjà effective. Retours d’expérience et conversation autour de cette nouvelle technologie dans le milieu des musées.
« En Inde, il y a 1200 musées, mais il y a surtout plus de 900 millions d’Internautes » glisse Dr Shah Feasal, secrétaire adjoint du ministère de la culture indien. « Avec l’IA conversationnel, nous essayons d’enrichir le parcours du visiteur en proposant notamment des visites guidées dans toutes les langues du pays. » Un vaste défi qui est en passe d’être réalisé, tant l’Inde semble miser sur l’IA dans la culture et souhaite être au premier plan de ce sommet international dédié à l’Intelligence artificielle à Paris.
« L’IA est un formidable levier pour personnaliser l’expérience d’un visiteur. L’IA s’adapte à son profil et permet de lui délivrer des connaissances relatives » explique pour sa part Marion Carré, fondatrice et CEO de « Ask Mona », une entreprise qui propose les services de l’intelligence artificielle dans les musées. Elle est en train de mettre en place un partenariat avec OpenIA et le Château de Versailles pour la visite des jardins du domaine, un dialogue en temps réel sur le smartphone des visiteurs.
Laboratoire technologique
De son côté, le musée des arts décoratifs à Paris mise sur l’IA pour numériser des milliers et des milliers de documents (dessins, affiches, photos). « Avec les méthodes traditionnelles, il nous faudrait 674 ans pour classer ces documents » estime Emmanuelle Bermès, responsable pédagogique du master « Technologies numériques appliquées à l’histoire » à l’Ecole nationale des Chartes qui développe le projet TORNE-H en partenariat avec le Musée des arts décoratifs et le soutien du ministère de la Culture. Elle conclut : « L’IA nous permet de réaliser un travail impossible à faire si on ne l’avait pas. »
De même Hugo du Plessix, commissaire d’exposition indépendant, lauréat de la Bourse Mission Recherche des Amis du Centre Pompidou et fondateur du studio u2p050, plaide pour que le musée devienne un « lieu de pensée critique et un laboratoire technologique où peut se déployer l’IA. » Au Centre Pompidou, lors de la dernière exposition consacrée au Surréalisme, le musée a même employé un deepfake, à savoir la voix du poète André Breton qui accueillait le visiteur et qui était entièrement reconstituée par l’IA. « Nous utilisons un outil inhumain pour parler de quelque chose d’humain », souligne Marcella Lista, conservatrice en chef au Musée national d’art moderne – Centre Pompidou.
Par Jean-Baptiste Gauvin