Du 5 octobre au 30 décembre, Phot’Aix, à Aix en Provence accueille la Chine : cinq photographes chinois exposent en regard de cinq photographes français, dans l’ancien collège des Prêcheurs et dans le centre-ville d’Aix-en-Provence. Li Zhi y présente sa série intitulée Voyage en montagne.
En été, j’ai voyagé de Taihang jusqu’aux gorges de Nanshiyang en passant par la montagne de Yan. J’ai traversé les Dix Cols et gravi le mont Baishi. J’ai parcouru plus de 150 kilomètres entre le mont Yan et Wutai pour voir les sommets enneigés. Sur ce périple de plus de 600 kilomètres, j’ai vu la montagne sous le soleil, la pluie, la neige et au clair de lune. Et partout j’ai traversé des paysages sortis des tableaux des grands maîtres, solennels et simples, déserts et calmes. Notre peuple vit sur cette terre depuis des millénaires et je pense souvent que le souffle qui anime les œuvres des anciens maîtres est le souffle de cette terre.
Dans le cycle de la vie, les êtres vivants sont réduits au néant puis ils renaissent. Nous devons prendre un plaisir indescriptible dans les formes qui émergent du vide. L’univers est d’une beauté infinie et indicible. La vie humaine est faite de tragédies et de joies, chacun cachant ses émotions sous des traits impassibles.
Quand je photographie des paysages, je me concentre sur mes émotions et j’entre en symbiose avec l’univers qui m’entoure. Je prends une photo lorsque je ressens de l’admiration, de la douleur ou de la compassion pour ces endroits. Dans ces paysages, je vois des abstractions en mouvement. Chacune d’elle suscite en moi des émotions différentes et je ne me soucie pas, à ce moment précis, de la focalisation. Je n’en tiens compte qu’après avoir pris la photo.
Certains photographes de la génération précédente ont qualifié mon travail de « peinture orientale » ou de « photographie géographique ». Certes, j’ai étudié la peinture et la calligraphie. Cependant mes photos sont en fait des observations de la nature. La manière dont mon être et l’univers se complètent n’est pas liée directement à la peinture ou à la « photographie géographique » mais peut-être, mon travail est-il un prolongement de cette peinture orientale et de cette « photographie géographique ».
L’artiste est toujours isolé mais son âme trouve sa consolation dans la nature. Elle en devient ainsi la partie la plus sage et la plus intelligente, la plus active aussi. Le Bouddha ne parle pas. Il sourit simplement parce qu’il a parcouru les longues routes de la montagne. Je marche et je parle uniquement parce que je chemine encore sur ces routes. Je marche, je pense et je parle comme un voyageur sur la voie de la sagesse.
Li Zhi
Li Zhi est né en 1975 dans une famille d’agriculteurs de Fengqiu, qui se situe dans une zone rurale de la province de Henan. Il exerce aujourd’hui le métier d’artiste à Beijing. Son travail concerne à la fois la peinture et la photographie.
Phot’Aix
Du 5 octobre au 30 décembre 2017
Dans les rues d’Aix en Provence
France
https://www.fontaine-obscure.com/pages/photaix_parcours.htm