À l’occasion du centenaire de la naissance de Maria Callas (1923-1977), Milan consacre diverses initiatives à la grande soprano, véritable icône du XXe siècle, dans le cadre du programme CALLAS 100. La ville entière est impliquée et, en ce qui concerne la photographie, les Gallerie d’Italia et le Museo Teatrale alla Scala sont les lieux à marquer dans votre carnet de visite. Le premier avec l’exposition Maria Callas. Portraits des archives Intesa Sanpaolo Publifoto (jusqu’au 18 février 2024), ce dernier avec Fantasmagoria Callas (jusqu’au 30 avril 2024).
L’exposition de la Gallerie d’Italia retrace la vie de l’artiste hors scène à travers 91 photographies : un véritable voyage photojournalistique, organisé par le journaliste, critique et historien de la télévision Aldo Grasso, et créé à partir des archives Publifoto d’Intesa San Paolo. A travers ces tirages vintage, presque tous en noir et blanc, se dévoile la vie la moins « publique » de Maria Callas, depuis le premier, daté du 1er décembre 1954, qui la montre avec les trois grands chefs d’orchestre Arturo Toscanini, Victor De Sabata et Antonino Votto. après une répétition de La Vestale, jusqu’à la dernière, en date du 7 décembre 1970, qui marque son retour à La Scala, aux côtés de Wally Toscanini et en tant que spectatrice.
Entre ces deux photographies, on trouve des clichés de Maria Callas chez elle à Milan, avec son mari, Giovanni Battista Meneghini, puis avec Aristote Onassis (Publifoto a réalisé le scoop en septembre 1959, qui a révélé leur rapport au monde). Mais il y a aussi des photos d’elle à la réception organisée en son honneur par la journaliste mondaine Elsa Maxwell à Venise (1957) ou encore lorsqu’elle était entourée de ses admirateurs à la fin de sa « dernière » apparition au Teatro alla Scala, où elle chante dans Il Pirata de Vincenzo Bellini (1958). Ou avec Luchino Visconti, Piepaolo Pasolini, Franco Zeffirelli ou à l’atelier Biki.
Les photographes de Publifoto (parmi lesquels Franco Giglio, Angelo Novi, Franco Gremignani, Nicola Giordano, Marco Emili, Danilo Pajola, Silvano Lucca, Aldo Guidi, Duilio Zanni, Danilo Ghillani, Carlo Alberto Pieri, Eugenio Pavone et Tino Petrelli) l’ont suivie partout, même au-delà de la scène. Beaucoup de ces images n’ont jamais été publiées ou exposées auparavant et incarnent l’imagerie typique d’une agence de photojournalisme. Maria Callas a été la première chanteuse d’opéra à attirer une attention médiatique significative, et le récit journalistique sur l’artiste accompagne sa vie de femme, notamment dans ses relations personnelles. Cela a fait d’elle l’une des figures clés de l’actualité des années 1950 et 1960.
Les archives Publifoto contiennent plus de 1 500 photographies de Maria Callas, dans des lieux publics et privés, à Milan et au-delà. Il s’agit d’une ressource historique et iconographique très intéressante, qui fournit des détails cruciaux pour reconstituer le mythe d’une femme qui a laissé une marque indélébile sur son époque. Les archives Publifoto contiennent plus de 7 millions de photographies de l’agence fondée par Vincenzo Carrese en 1937 et acquises par Intesa Sanpaolo en 2015 pour éviter leur dispersion.
Le Teatro alla Scala rend également hommage à Maria Callas avec une exposition célébrant sa légende. Elle est étroitement liée à l’histoire du Teatro alla Scala, où elle interprète 23 titres d’opéra en 28 représentations entre 1950 et 1961, dont six premières de saison.
Fantasmagoria Callas est une exposition qui raconte l’héritage que Maria Callas a laissé sur l’imaginaire des artistes contemporains : elle commence par des photographies de l’artiste devant un miroir et quelques costumes de scène, dont un peint à la main par Salvatore Fiume. La figure de Maria Callas émerge dans un récit multidisciplinaire, conçu spécialement pour l’occasion, le long d’un chemin qui serpente à travers les interprétations du musicien et compositeur Alvin Curran, de l’artiste contemporaine Latifa Echakhch et du réalisateur Mario Martone. Francesco Vezzoli présente une installation avec le visage de Maria Callas imprimé soixante-trois fois au laser sur toile, car, comme l’explique le titre de l’œuvre, Maria Callas « a joué « La Traviata » 63 fois ». Chaque monture est ornée de broderies métallisées bleues, évoquant l’idée du maquillage et nous invitant à réfléchir sur le visage de scène de la soprano et la relation intime qu’elle a développée avec les personnages qu’elle était appelée à interpréter. L’exposition se termine par une œuvre du créateur de mode Giorgio Armani, qui interprète la voix de Maria Callas sous forme visuelle. Fantasmagoria Callas, organisée par Francesco Stocchi et conçue par Margherita Palli, crée un dialogue entre différentes formes d’art, invitées à interpréter l’héritage de l’icône Maria Callas.
Paola Sammartano
Maria Callas. Portraits des archives Intesa Sanpaolo Publifoto
9 novembre 2023 – 18 février 2024
Gallerie d’Italia
Piazza della Scala 6
20121 Milan
https://gallerieditalia.com/fr/
Fantasmagoria Callas
17 novembre 2023 – 30 avril 2024
Museo Teatrale alla Scala
Largo Ghiringhelli 1
https://www.museoscala.org/fr/
https://www.museoscala.org/fr/
Pour les autres événements de Callas 100 : https://www.yesmilano.it/callas100
