J’ai grandi dans une cité
A l’époque, lorsque je partais en vacances, j’aimais regarder les cartes postales des lieux que je visitais. Il y en avait de toutes sortes, pour tous les goûts, de l’image la plus romantique à la plus kitch ou graveleuse. J’aimais choisir avec soins celles que j’allais envoyer aux amies, aux grands-parents, ou garder pour moi, en souvenir.
Les vacances terminées, je rentrais avec ma famille dans notre petit appartement, au milieu des barres et des tours. Scolarisée dans un milieu plus bourgeois, j’ai vite compris qu’il ne fallait pas que je mette trop en avant l’endroit dans lequel je vivais. Certains enfants ne furent jamais autorisés à venir lorsque je les invitais pour mon anniversaire.
Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsque, quelques décennies plus tard, je découvrais qu’il fut une époque où l’on était fiers de vivre dans ces quartiers et que les habitants en envoyaient des cartes postales.
Amenée à résider de nouveau dans une barre au sein d’un quartier regroupant plusieurs grands ensembles, La Noue, Les Guilands et le Clos Français, à cheval entre Bagnolet et Montreuil en Seine-Saint-Denis, je décidais d’en réaliser mes propres cartes postales. Une manière de montrer que – sans nier les problèmes de précarité et de pauvreté qui peuvent régner dans certains de ces quartiers – on peut aussi y vivre heureux et y trouver une source d’inspiration.