L’Œil de la Photographie vous présente ici une sélection de couvertures emblématiques et d’archives photographiques du magazine L’Insensé datant du milieu des années 2000. Une sélection parmi trois autres remarquables numéros.
L’Insensé spécial Espagne (2003)
Après bien des années de créativité bridée, l’Espagne s’est ouverte sur une nouvelle vague insolemment productive et séduisante : la Movida. Les années ont passé, les idées ont circulé et le cœur de l’Espagne bat désormais au rythme d’un nouveau tempo. Un élan collectif qui s’exprime dans un travail de mise en scène, de mise en couleur, de métaphores et de paradoxes. Tous ces artistes ont su dépasser une pratique traditionnelle de la photographie pour mieux catalyser une réflexion personnelle, pour provoquer, étonner et faire réagir. A travers un choix de photographes contemporains, à travers des interviews de personnalités espagnoles (Barcelo, Bofill, Semprun) l’Insensé a exploré ce mouvement si singulier, si enlevé, si caliente, décalé et irréel. Entre humour et bonne humeur, entre fiction et réalité, entre pudeur et extravagance, entre terre et mer, l’Espagne nous y a conquise avec panache.
L’Insensé French Touch (2005)
A force de chercher toujours ailleurs, de vouloir s’évader au-delà des frontières en quête d’exotisme et de nouveauté, on en oublierait presque qu’il y a ici et maintenant, un courant photographique enthousiasmant ! L’Insensé a donc invité une cinquantaine d’artistes en réunissant des œuvres postérieures à 2000 ce qui sera désormais la règle de l’Insensé : place aux contemporains !
Ce qui frappe le plus dans cette livraison française choisie, c’est que chaque photographe livre une forme réfléchie du monde d’aujourd’hui, tente de rendre visible ce qui se dérobe au regard. Rien n’est pris sur le vif : tout est pensé, interprété, joué ou déjoué. Rien n’est livré au hasard. La réalité devient une fiction plus vraie que nature. En ces débuts des années 2000 ces photographes ont pour terrain d’existence la scène artistique, on les voit dorénavant davantage sur les murs des galeries que dans les pages des magazines.
L’Insensé spécial Etats-Unis (2006)
Y a-t-il un lien, un fil conducteur, entre une main dans la ville de Saul Leiter, la maison abandonnée dans un champ de Danny Lyon , Hillary Clinton au travail dans sa voiture saisie par Annie Leibovitz, deux amants alanguis par Elinor Carucci, un portrait d’Alec Soth ? Toutes les images de ce numéro ont été prises sur le territoire américain par des photographes américains. Le résultat de ces photographies mises bout à bout renforce la vision d’une Amérique qui cherche et s’interroge encore et toujours sur ses racines et son histoire. Pour ce numéro, L’Insensé a invité Nathalie Boulouch, historienne de la photographie, à décrire l’itinéraire de la prise de pouvoir de la « couleur américaine ». Les couleurs de l’Amérique donc, les couleurs de ses réalités, expression d’une culture qui a su séduire les européens, par son goût intense du présent et de sa modernité, par ses excès et ses débordements.