Depuis plus de vingt ans, l’Association Nationale des Iconographes organise des lectures de portfolios pendant la semaine professionnelle du Festival International du Photojournalisme Visa pour l’image-Perpignan. Elle reçoit plus de trois cents photographes de tout horizon pour les conseiller et les orienter. L’équipe, composée de dix iconographes, sélectionne leurs coups de cœur qui sont exposés pendant le festival sur le stand de l’ANI. À l’issue du festival, l’ANI sélectionne une quinzaine de travaux parmi ces coups de cœur, et les soumet à un jury qui désigne les trois lauréats des Visas de l’ANI. Un des trois lauréats reçoit le prix ANI-PixTrakk. Ce prix, doté par PixTrakk de 5000 euros, est remis à Visa pour l’image-Perpignan, l’année suivante.
Les trois lauréats sont également exposés à Paris. Pour la troisième année, l’ANI s’associe à Gobelins- l’école de l’image pour présenter ses lauréats. La vocation des Visas de l’ANI et du prix ANI- PixTrakk est de soutenir des photographes-auteurs qui témoignent du monde d’aujourd’hui à travers des regards aussi divers que le reportage et avec une approche esthétique.
Cette année, nous présentons la quinzième édition des Visas de l’ANI dont la neuvième lauréate du prix ANI-PixTrakk : trois photographes qui se sont intéressés à des situations emblématiques du monde contemporain.
Notre lauréate du prix ANI-PixTrakk, Virginie Nguyen Hoang a suivi quatre familles de Gaza. L’intérêt de ce projet est d’avoir témoigné avec bienveillance de la reconstruction des familles, vivant dans un territoire occupé au quotidien. Corinna Kern, elle, nous embarque dans l’univers de Georges avec douceur, mêlant à la fois le registre du documentaire et du plasticien. Il est atteint du syndrome de Diogène, trouble du comportement associant une tendance à l’accumulation d’objets. Véritable enjeu international, la crise des migrants a profondément touché les photographes, dont Max Hirzel. Il aborde le sujet de manière singulière. Il se focalise sur le travail précis d’une équipe de scientifiques en Italie qui recherchent, à travers l’ADN des ossements retrouvés en mer, l’identité de ces personnes invisibles.
Cette édition s’enrichit de plusieurs événements : pendant toute la durée de l’exposition sur les écrans du hall d’entrée de l’école, une projection des photographes présélectionnés et présentés aux jurys de 2018, une table ronde sur des témoignages photographiques autour de la question du territoire israélo-palestinien, et une carte blanche photographique des membres de nos jurys, sous forme de projection.
Virginie Nguyen Hoang – Gaza, the aftermath, Belgique
Le conflit de l’été à Gaza entre l’armée israélienne, d’une part, et les forces du Hamas et du Jihad Islamique, d’autre part, a causé 2502 morts côté palestinien et 71 côté israélien (dont 66 soldats). Parmi les victimes palestiniennes, on compte
1583 civils dont 521 enfants et 283 femmes (chiffres de l’Office de Coordination des Affaires Humanitaires de l’ONU) Depuis le cessez-le- feu, ce même organisme a dénombré jusqu’à 100 000 personnes déplacées au sein de la bande de Gaza, dont 28 000 qui se sont réfugiées dans des écoles de l’UNRWA réaffectée comme abris. Les autres ont trouvé asile, chez des proches ou, sont retournés vivre dans les décombres de leurs maisons dans l’espoir d’une aide financière pour la reconstruction.
C’est au cœur des familles qu’il est plus aisé de percevoir la reconstruction aussi bien psychologique que matérielle. Les familles gazaouies, comme dans beaucoup de pays arabes, regroupent plusieurs générations sous un même toit. Nombreuses d’entres elles ont été touchées de loin ou de près par le conflit israélo-palestinien : statut de réfugiés, décès de parents, blessures, emprisonnement, chômage forcé, destructions des propriétés, dépossession des terres…
Mon travail tente de répondre à ma question : « comment les gazaouis arrivent à se reconstruire aussi bien psychologiquement que matériellement suite à une telle guerre ? » en retraçant les conditions de vie et l’état mental de quelques familles gazaouies ayant perdu tout ou partie de leurs maisons lors des bombardements israéliens.
Née en 1987 à Bruxelles, Virginie Nguyen Hoang a terminé des études de journalisme à l’IHECS (Bruxelles) ainsi qu’une formation en photojournalisme à la Danish Shool of Media and Journalism (Danemark). En 2010, elle devient photographe pour l’agence française Wostok Press qu’elle quitte en 2013. Entre temps, elle rejoint le Studio Hanslucas (mai 2012) et devient co-fondatrice du Collectif HUMA. De Janvier 2012 à août 2014, elle s’installe en Égypte afin d’y travailler en freelance mais aussi en qualité de photojournaliste pour le journal local « Egypt Independent» et ensuite «Mada masr». Virginie a réalisé plusieurs reportages en Belgique mais aussi en Syrie, en Egypte, en Turquie, en Libye, en Irak, en Ukraine, au Vietnam, aux Philippines, à Gaza et en Centrafrique. Virginie collabore avec de nombreux quotidiens et magazines tels que Le Monde, Le Parisien Magazine, Le Figaro, VSD, L’Obs, Libération, La Croix, Le Pèlerin, Causette, l’Hebdo, L’Illustré, Le Temps, The Washington Post, Politiken, De Standaard, La Libre Belgique,… En 2014, Virginie reçoit une mention spéciale au Prix Roger Pic de la Scam avec son sujet «Gaza,the aftermath». En 2016, son travail sur Gaza reçoit la 3ème place du prix MIFA dans la catégorie Editorial- photo essay.
Vernissage le 6 février à 18 h. Projection des coups de coeurs de nos jury 2018
Gobelins – L’école de l’image
73, boulevard Saint-Marcel, 75013 Paris