Pour sa 12e année, l’ANI présente trois photographes sélectionnés parmi les coups de cœur deVisa pour l’Image-Perpignan 2016. Les Visas de l’ANI sont le fruit d’une collaboration, débutée il y a seize ans, entre Visa pour l’Image-Perpignan (Festival International du Photojournalisme) et l’ANI (Association Nationale des Iconographes).
Lors de la semaine professionnelle du festival, L’ANI organise des lectures de portfolios et rencontre à cette occasion des photographes débutants et/ou confirmés. Les coups de cœur 2015 des iconographes ont été présentés à un jury à Paris. Les lauréates, cette année, sont Monika Bulaj (Pologne) pour Nur, Myriam Meloni (France-Italie) pour Different Shades of Blue et Ingetje Tadros (Pays-Bas) pour This is my Country. Les trois lauréates sont exposées aux Gobelins-École de l’Image ainsi que les trois lauréats précédents.
Marquant la singularité de son projet en refusant de se mêler aux unités militaires pour mener son travail photographique, Monika Bulaj redécouvre l’Afghanistan, raconté par les écrivains voyageurs de Maillart à Bouvier. Accompagnée de son journal et de son Leica, elle traverse le pays, de la frontière iranienne à la frontière chinoise, et affronte seule les complexités géographiques et sécuritaires des provinces afghanes. Elle y rencontre une implacable économie de guerre ainsi que la corruption et le tribalisme qui l’accompagne. Et pourtant, loin de la fréquente fascination pour l’absurdité humaine et ses douleurs, son regard est happé par la beauté des lieux et de ses habitants. Au long des paysages minéraux parcourus à dos de yack ou de cheval, en camion ou en taxi, Monika raconte l’Islam de la tolérance, les traditions soufis et le bonheur d’être accueillie tel un cadeau venu d’ailleurs.
Dans Different Shades of Blue, Myriam Meloni est partie à la rencontre des habitants de l’Afrique subsaharienne, en quête d’une vie meilleure et qui fuient par milliers leurs pays d’origine. Mus par l’espoir d’en finir avec la violence, la pauvreté, les guerres et l’absence d’opportunités, ils migrent vers le nord du continent et nombre d’entre eux se retrouvent bloqués durant des mois ou des années aux portes de l’Europe avec pour seul espoir un hypothétique passage de «l’autre côté». En 2014 et 2015, Myriam Meloni a rencontré et photographié certains de ces voyageurs d’infortune coincés au Maroc sans ressources et avec pour seul rêve leur désir d’Europe.
Ingetje Tadros décrit quant à elle avec puissance l’existence « sur le fil » des communautés aborigènes d’Australie. Installée dans la ville de Broome, elle parcourt les régions reculées et oubliées du pays où vivent les communautés aborigènes. Sa photographie documentaire, marquée par une approche profondément éthique, témoigne avec humanité de l’abandon et de la privation de droits dont sont victimes les membres de ces communautés. La photographe met en évidence la vulnérabilité de ces populations face aux terribles fléaux qu’elles affrontent (alcoolisme, violence domestique, suicide, défaillance du système de santé). Sa présence prolongée lui a également permis de découvrir le lien persistant qui unit ces familles à leur territoire et à leur spiritualité.
Les Visas de l’ANI 2016
28 novembre – 16 décembre 2016
Les Gobelins – École de l’image
73 Boulevard Saint-Marcel
75013 Paris
France