Des photographes y ont carte blanche pour présenter leur travail et échanger avec le public : leurs projets, connus ou qui n’ont pas abouti, leurs démarches, influences et autres références. Ils peuvent aussi explorer d’autres domaines et s’égarer vers la musique, le cinéma, la vidéo, l’actualité, les rêves… Surprises et imprévus nourrissent la rencontre entre un public et un artiste. L’occasion de découvrir leurs images et surtout leur personnalité. Vincen Beeckman en est l’organisateur.
L’Œil de la Photographie : Peux-tu nous parler du programme des soirées EXTRA FORT pour les prochains mois ?
Vincen Beeckman : Pour ouvir la saison, il y aura le 29 janvier un photographe belge, Colin Delfosse, qui travaille dans la veine documentaire avec des séries au Congo notamment. Il partagera sa soirée avec Ivars Gravlejs, un photographe letton qui, lui, est plus dans la provocation par des mises en images et des compositions autour de la pornographie et autres subversivités. Ces deux photographes sont donc aux antipodes. C’est exactement cela que je trouve intéressant dans les soirées EXTRA FORT : l’exploration de différents univers, le non-cantonnement à des styles ou familles de photographes.
Par exemple, le 13 février, on a deux photographes qui bossent sur le rockabilly. Ce qui est intéressant là, c’est que ce ne sont pas des photographes qui sortent des écoles, La Cambre ou Le Kask, mais des passionnés qui viennent parler d’images sans avoir le postulat de l’école ou de la filière habituelle des photographes exposés en galerie, ou qui ont publié un bouquin perso. Cela donne un peu d’air et de légèreté pour revenir ensuite à des boulots “de vrais photographes”, disons.
Encore quelques noms pour ce début d’année : Melchior Tersen, qui va faire exploser son énergie autour des images, Agnes Prammer et ses portraits à l’ancienne, Sandrine Lopez et ses relations intimes, Virginie Gouband, Léonard Pongo… la liste totale est sur le site de Recyclart.
Le programme s’étale sur trois périodes : entre fin février et mars, 8 soirées. Puis en été, surtout en juillet, 8 autres soirées et entre octobre et décembre encore 8 soirées. Cela donne pas mal d’occasions de rencontres entre le public et les photographes.
LODLP : Tu essaies de faire venir surtout des photographes belges ou peu importe ?
VB : Il y a un bon équilibre entre photographes belges et étrangers. Ceux de la rue d’à côté que l’on connaît sans toutefois bien connaître les coulisses de leurs expos et leurs boulots, et aussi des étrangers pas trop connus qui sont de petites découvertes à chaque fois, ou presque, pour le public.
LODLP : Y a-t-il des expositions photos en parallèle ?
VB : Les soirées sont nées du fait qu’il n’est pas facile d’exposer à Recyclart, c’est une ancienne gare aménagée en lieu artistique, donc l’option projection est venue naturellement. Comme il s’agit de projection, et non d’exposition, il y a beaucoup de choses à voir. Beaucoup de choses à montrer et à discuter en live. Les photographes peuvent s’aventurer vers des séries en cours, des anciens projets jamais montrés, des boulots d’étudiants ratés, des bijoux perdus.
LODLP : Quel genre de public vient à ces soirées?
VB : Le public est assez mixte, entre étudiants et vieux passionnés. Voire des personnes qui ne viendraient jamais à Recyclart, étiqueté encore et toujours lieu de grosses soirées malgré la programmation variée.
LODLP : Y a-t-il beaucoup d’interactions entre les photographes et le public ?
VB : Les échanges sont parfois discrets, parfois plus directs mais souvent le photographe reste collé avec une dizaine de personnes et répond aux multiples sollicitations. Les soirées EXTRA FORT ce sont aussi, surtout même, des rencontres de personnes.
LODLP : Peux-tu nous parler d’une soirée qui t’a particulièrement marqué ?
VB : C’est difficile de parler d’une soirée qui m’a particulièrement marqué, je dirais que globalement c’est la suite des interventions qui est intéressante. Les hésitations des photographes qui n’ont pas l’habitude de parler – c’est vraiment beau ces moments-là –, quand ils sont comme tout nus et disent juste leur amour de certaines images, pour eux c’est un vrai exercice (là je leur tire mon chapeau). Certains parlent à tout casser, d’autres sont très taiseux et laissent filer leurs perles photographiques devant l’écran. C’est vraiment le caractère des artistes qui filtre par ce biais de la projection. Un Thomas Vanden Driessche n’a rien à voir avec un Sébastien Van Malleghem – lauréat du prix Lucas Dolega 2015 , un Julian Getmain ou un Gert Jochems, une Esther Vonplon voire une Bieke Depoorter.
LODLP : Les photographes te sollicitent pour venir présenter leur travail à EXTRA FORT?
VB : Je reçois aussi certaines propositions de photographes mais en général je les trouve sur le net ou à gauche à droite par le réseau.
LODLP : Y a-t-il des retombées, des relais presse, etc ?
VB : Il y a peu de relais presse, je pense que pour cela les expos sont davantage porteuses. La Libre Belgique suit depuis longtemps nos actions, de même que BDW, et je leur en suis hyper reconnaissant. Ce sont eux nos suiveurs presse, pour les autres ce n’est sans doute pas assez muséal.
LODLP : Les photographes sont-ils payés pour venir ?
VB : Ils reçoivent un petit budget pour venir, pas grand-chose, un peu plus pour les étrangers vu qu’ils se déplacent de loin, leurs trajets sont payés et leur logement, en général chez moi à la maison vu que Recyclart a ce côté famille aussi.
LODLP : Depuis combien de temps ces soirées existent elles ?
VB : Les soirées existent depuis cinq ou six ans avec différentes versions : soirées à thème, par exemple sur un pays, avec des musiciens live … mais la formule actuelle est vieille de deux ans.
LODLP : Que peut-on souhaiter pour les soirées EXTRA FORT 2015 ?
VB :Je souhaite encore pouvoir réaliser ces soirées dans le futur. Juste les faire, c’est déjà incroyable, les rencontres sont vraiment belles et les échanges aussi ! C’est cela mon souhait et encore merci et bravo à ces faiseurs d’images.
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