Quel étonnant moment nous venons de vivre ces premiers jours de juillet. Le 50ème anniversaire a rempli ses promesses.
La fin d’un monde et la naissance d’un second. Les Rencontres telles que nous les avons connues sont mortes. Elles ont laisse place à un formidable festival d’art contemporain.
La photographie d’aujourd’hui : c’est aux Ateliers qu’on la trouve. Elle est tout, elle est film, installation, sculpture,livre, dessin ! Photo Brut est un chef d’oeuvre de collection comme un orgasme d’intelligence ! Il en est de même au Réattu avec ce monument qu’est l’exposition intitulée We Were Five.
La photographie traditionnelle a quelques sublimes restes ; L’Allemagne de l’Est, la Movida, Helen Levitt, Eve Arnold, Abigail Heyman, Susan Meiselas, la revue Variétés mais c’est déjà le passé.
À propos du passé, l’exposition des 50 ans est grotesque et insultante.
Du passé faire table rase : d’accord, mais quel dommage de ne pas rendre un homage décent aux 50 premières années. Mais cela a une signification voulue ou inconsciente. On nous rappelle que nous ne sommes plus nous les gamins et les gamines des années 70 en phase avec le festival, que nous sommes devenus quelques charmantes cartes postales du passé.
À la sortie d’une exposition, j’ai trouvé Hans Silvester totalement perdu. “As-tu remarqué que la lumière et la composition, les deux règles d’or de tout photographe de notre génération viennent de disparaître en quelques années ?” C’est tellement vrai !
Il y eut cette semaine : 391 expositions, colloques, signatures, interventions, inaugurations. Où sont les rencontres, les verres interminables à la piscine du Forum ou au Nord Pinus ? Il n’y a plus de temps pour cela !
9 festivaliers sur 10 ne savent même pas qu’il y a une piscine au Forum et sur la place, la moyenne d’âge est la plus élevée de la ville.
Il est ailleurs aujourd’hui le festival ; à la gare, à la nouvelle école, dans ces nouveaux endroits sans passé et histoire.
Arles n’est plus notre monde, et notre Arles à nous est traversé de fantômes. C’est un tout nouvel univers que nous voyons éclore.
Arles va devenir l’un des centres d’art contemporain les plus importants au monde. Nous avons vécu la genèse et elle était formidable.
Lucien, Maurice, Michel, Francois, Alain, Bernard : vous pouvez en être fiers !
Maintenant : tirons donc la leçon !
La première : l’Oeil de la Photographie cherche rédactrice ou rédacteur 30 ans maximum pour couvrir la 51ème édition !
Une dernière réflexion enfin, c’est dans le Off que semble subsister la nostalgie des Rencontres d’antan !
Jean-Jacques Naudet