Pourquoi cacher ce qu’on ne saurait voir ?
« Womanoïd » est le second livre de Marco Helena. Il présente une iconographie pop où la nudité est centrale. Mais s’y cache une vision émouvante. Elle échappe au voyeurisme basique là où le silence semble être l’unique liturgie.
Ces femmes résident au sein du monde dans lequel nous vivons, et partagent – ou non – ses normes « politiques » ou valeurs de la beauté. En effet Marco Helena a choisi de « parler » des femmes qu’il a croisées. Il les saisit dit-il « à l’état naturel et libre d’expression dans un cadre privilégiant une narration poétique » tout en préservant un réalisme pour rapporter leurs histoires afin de « traverser des frontières sociales, bousculer l’immobile.
D’où ces suites de têtes-à-têtes, avec des femmes amoureuses ou seules, modèles ou mal à l’aise devant la caméra, punks, peroxydées, tatouées, lesbiennes ou hétéros, complices ou secrètes, libertines ou travailleuses du sexe, étudiantes ou chômeuses, fonctionnaires ou libérales, filles ou mères.
Le tout en une mise à nu sans distance ni tabou, pour atteindre une vision aussi réaliste que poétique, mélancolique ou/et intense à travers quatre temps : Lost Angeles, Younger, Starr et Paradise. Ces chapitres posent la même question : pourquoi cacher ce qu’on ne saurait voir ? Et ce, là où le portrait devient un rapt ouvrant sur des abîmes et des assomptions.
Jean-Paul Gavard-Perret
Marco Helena : Womanoïd
Editeur : Les Presses Littéraires
Présentation : Dos carré collé
Nombre de pages : 118
ISBN : 979-10-310-1055-7
Prix : 20,00 €