Le second axe de la programmation des Photaumnales est Rock’s Icons : il rassemble 9 expositions réparties sur trois sites différents, de Beauvais à Clermont-de-l’oise en passant par Noyon. Cette sélection présente des photographes internationaux qui évoluent dans l’univers de la musique : Kevin Cummins, Renaud Monfourny, Christophe Desforges, Nicolas Comment, Richard Dumas, Colin Jones, Ludo Leleu et Rhona Bitner. Sans oublier une exposition de la collection Jean-Marie Pouzenc sur Elvis.
The Harsh Truth of the Camera Eye
Kevin Cummins
Qualifié comme « One of the top rock photographers in the world », Kevin Cummins est l’un des portraitistes chéris du rock. Ses images ont souvent été élevées au rang d’icônes. Ses portraits témoignent également d’une réalité sociale et urbaine, principalement à Manchester, sa ville natale.
« Lorsque j’ai commencé à photographier les groupes, j’ai eu envie de les mettre en scène dans le paysage. Si j’avais simplement fait la photo de Joy Division en studio, cela n’aurait rien voulu dire. Ce qui m’intéressait était de montrer l’environnement dans lequel ils vivaient. (…) J’étais probablement plus conscient que les groupes eux-mêmes de la part de mythe que l’image allait véhiculer. Par exemple, je n’ai jamais réalisé de portrait de Ian Curtis (le chanteur de Joy Division) souriant. Ce n’est pas comme ça que je voulais le montrer et ce n’est pas ce qu’il souhaitait montrer. C’est comme cette photo de Ian assis devant un mur noir ; j’ai accroché un manteau à un crochet pour faire comme un jeu de mot visuel. Parce que la presse musicale avait l’habitude de parler de son style comme de “grey overcoat music”. C’est pourquoi nous avons fait cela, pour nous amuser.»
Photographe insulaire
Renaud Monfourny
Renaud Monfourny est “insulaire”. Nulle part ailleurs on ne trouve un autre témoin de son époque aussi prolifique. Dans ses archives incommensurables, il y a des personnes inconnues devenues connues et vice-versa, mais toujours photographiées avec une vision sincère loin des mises en scène artificielles et des retouches digitales.
En 1986, un groupe de passionnés dont il fait partie crée Les Inrockuptibles pour aller à la rencontre de leurs héros et faire découvrir une scène anglo-saxonne à cette époque méconnue en France. Ce journal rock, bimestriel à ses débuts, “éduque” plusieurs générations de lecteurs qui, avant le dieu internet, étaient affamés d’informations et d’opinions et trouvaient là, enfin, leur compte. Les photos et entretiens de Renaud Monfourny, qui écrivait sous son nom et sous les pseudonymes de Bates ou Lise Deleuze, ont nourri l’imaginaire de nombreux fans qui gardent jusqu’à aujourd’hui un précieux souvenir de cette époque où ils attendaient avec impatience la sortie de leur journal.
Lou Tapia de Monfourny
Songs
Christophe Desforges
« J’ai aimé les road-movies au cinéma, Faye Dunaway-Bonnie Parker , Bill Murray et ses Broken Flowers éthiopiennes. J’ai en réserve des bandes-sons ; dans le lecteur, à peine les clés dans le contact, ma Toyota est fantastique . J’ai pris aussi des trains à travers la plaine… Des chansons qui soutiennent la tentative du voyage parfois court et bref, parfois long. Une improbable voix off qui vient porter un trouble sur les lignes d’un lien tendu entre vision et oubli. Inévitablement la bande sonore influe sur le déroulement des images. (…) L’appareil photo est un véhicule lent qui prend part, qui prend note des trajets, des déplacements, des errances. Dans sa part nomade, la photographie est le fixateur – fixatif des éraflures du temps. Eraflée, griffée, balafrée la ballade de Tom Waits, voix nocturne qui infuse en moi, maintes fois compagne sûre. Ces chansons, elles m’accompagnent dans une sorte de désordre qui s’accumule au fil du temps, sans hiérarchie, elles trouvent leur place avec précision, elles sont là au bon moment, disponibles les mauvais jours (et ils sont légions), les bons jours aussi ».
Pour cette édition des Photaumnales, Christophe Desforges présente des montages où s’agrègent photographies, dessins et textes de chansons.
Variété (exercices d’admiration)
Nicolas Comment
Sous la forme d’un “journal” constitué de photographies et de textes issus de ses archives personnelles, Nicolas Comment convoque avec pudeur les figures de quelques grands auteurs de la chanson française (d’expression rock), que le photographe — également auteur-compositeur — a tour à tour rencontrés et côtoyés par “affinités électives”…
On y croise ainsi les silhouettes de Rodolphe Burger, Jacques Higelin, Yves Simon, Gérard Manset ou encore Christophe, au détour de paysages (lieux d’écriture) et de natures mortes (instruments, studios, etc.) qui alimentent une vision “intérieure” du rock, focalisée sur la rencontre et l’intimité de la création plutôt que sur le “spectacle” proprement dit.
De l’imprudence, 2002
Richard Dumas
A la question d’un journaliste qui lui demandait comment s’était passée la séance de pose avec telle célébrité, Richard Dumas répondit, placide : « Il n’y avait pas qu’elle, il y avait nous deux. » Ce laconisme répond à une évidence qui apparaît clairement dans son œuvre : lui seul saura attendre l’instant afin de créer cette impression de découvrir chez le modèle ce sentiment qu’il est, à ce moment-là, quelque peu étranger à lui-même, captant sur le visage un sentiment d’étrangeté, propre à l’existence. (…) Dumas prend le visage pour ce qu’il est, nous ramenant à l’étymologie du mot qui trouve son origine dans “visus”, qui définit l’action, la faculté de voir mais aussi, par extension, l’aspect que présente une chose et spécialement une personnalité.
Gilou le Gruiec , 2012
Pour cette édition des Photaumnales, Richard Dumas présente 10 portraits d’Alain Bashung, ami disparu avec lequel il partage des traits physiques communs assez troublants. « Là, Bashung me regarde, j’ai choisi l’endroit, ses vêtements… C’est un peu comme si je modelais une part de moi-même, une projection. » Richard Dumas
Collection Jean-Marie Pouzenc
« La première fois que je l’ai entendu, dans une surprise-partie, j’ai tiqué sur sa voix. Quelques jours plus tard, en décembre 1957, j’ai vu son film Loving you, et ça a été un choc dont je ne me suis jamais vraiment remis », se souvient Jean-Marie Pouzenc.Il achète son premier 45 tours avec des copains : « Je n’avais pas assez d’argent pour l’acheter tout seul, alors on se le repassait » . Tous les autres suivent. Passés, repassés. » (Libération , 9 août 1997, Michel Chemin ).
En 1992, il fonde l’association Elvis My Happiness, aujourd’hui deuxième fan-club du King au monde, avec près de 6 000 adhérents. Au nombre des activités : édition d’une revue trimestrielle, organisation de voyages à Memphis, publication de nombreux ouvrages et une boutique à Paris. Pour cette édition rock’n’roll des Photaumnales, Jean-Marie Pouzenc présente des photographies de Robert Bronner, Charles G. Clarke, William C. Mellor et Joseph Biroc, des affiches et des pochettes de disques, nous offrant une véritable plongée dans l’Amérique des sixties.
En parallèle, à travers 4 films d’Elvis Presley, Jailhouse Rock, Flaming Star, Wild in the Country et Viva Las Vegas, il propose de revisiter l’iconographie qui a créé la mythologie du King.
EXPOSITIONS
Rock’s Icons
Dans le cadre des Photaumnales 2014
Jusqu’au 11 janvier 2015
Galerie de la Tapisserie
22, rue Saint-Pierre
60000 Beauvais
Ouvert du mardi au vendredi de 12h à 18h, samedi et dimanche de 10h à 18h (17h les 24 et 31 décembre) – Fermé le 25 decembre et le 1er janvier.
Tél. : 03 44 15 67 00 (semaine) / 03 44 15 30 30 (week-end)
The Who, 1966
Colin Jones
Cette exposition célèbre le 50e anniversaire de la formation du groupe à Londres en 1964. Des images rares montrant les 4 musiciens — le chanteur Roger Daltrey, le guitariste Pete Townshend, le bassiste John Entwistle et le batteur Keith Moon — faisant du shopping, se rasant, dormant, se reposant. Un témoignage unique et intime sur les Who au tout début de leur carrière.
EXPOSITION
The Who, 1966 : Colin Jones
Dans le cadre des Photaumnales 2014
Jusqu’au 16 novembre 2014
Espace Séraphone Louis I
11, rue du donjon
Clermont-de-l’oise
mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18h.
Tél. : 09 83 56 34 41
Instant T
Ludo Leleu
Ludo Leleu nous présente une série de portraits de musiciens et de groupes, représentatifs de la scène rock. On y croise Loïc Lantoine, Izia, Micky Green,The Kills, Bertrand Belin, Heavy Trash ou encore The Jim Jones Revue. Des portraits comme autant d’instants T, pris sur le vif.
« Il n’y a aucune règle en la matière, commente Ludo Leleu. Je dispose d’un temps très court et ce sont les musiciens qui me donnent le tempo. La photo se fait juste avant la montée sur scène, pendant les balances ou après le concert, selon leur choix. Nous échangeons ensemble, nous nous mettons d’accord sur l’endroit et ensuite je prends ce que l’on me donne… Il se crée un feeling, un geste, une expression et je déclenche. Ce sont des rencontres furtives mais très intenses. A chaque fois, je suis dans une extrême tension pour capturer l’instant. »
Pas de direction de ses modèles, le photographe laisse faire… et l’alchimie s’opère. Une attitude résolument rock’n’roll !
EXPOSITION
Instant T : Ludo Leleu
Dans le cadre des Photaumnales 2014
Jusqu’au 1er novembre 2014
Association Culturelle Argentine
8, avenue de Bourgogne
60000 Beauvais
Mardi de 13h30 à 18h30 – m ercredi, jeudi et vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 18h30 – Samedi de 9h30 à 12h et de 13h30 à 18h.
Tél. : 03 44 10 30 80
LISTEN
Rhona Bitner
« Mon travail consiste en un simple inventaire de lieux et d’espaces. L’idée est de laisser au spectateur la liberté de faire advenir ses propres souvenirs… »
Depuis 2006, Rhona Bitner parcourt les Etats-Unis en quête des lieux qui ont contribué à forger la mythologie du rock’n’roll. Studios d’enregistrement, de radio et de télévision, salles de concerts, clubs, bars, stades, complexes sportifs, théâtres, églises, hôtels, cellules de prison, anciennes plantations, etc. Elle se rend là où les musiques populaires ont été composées, jouées, enregistrées, partagées.
Rhona Bitner revendique une certaine neutralité, voire un retrait total, qui transforme le matériel scénique d’une salle de concert, l’équipement d’un studio d’enregistrement ou les ruines d’un théâtre à l’italienne en véritables natures mortes. L’image n’en éveille pas moins l’imaginaire : dans ces espaces vides et silencieux subsiste encore l’écho lointain des événements qui les ont animés et rendus célèbres.
Le caractère dépersonnalisé de ces monuments à la gloire des musiques populaires inscrits dans la mémoire collective déjoue tout élan nostalgique et suscite un étrange sentiment de familiarité.
Stéphane Malfettes
EXPOSITION
LISTEN : Rhona Bitner
Dans le cadre des Photaumnales 2014
Jusqu’au 3 janvier 2015
Galerie du Chevalet
6, place aristide briand
Noyon
Les mardi et jeudi de 14h à 18h, les mercredi, vendredi et samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h.
Tél. : 03 44 93 28 20