Encore des livres, toujours des livres mais cette fois d’éditeurs que l’on peut s’étonner de voir cohabiter, un patchwork d’auteurs d’horizons très éloignés. Mais c’est bien toujours de photographie qu’il s’agit.
• M
La maison d’édition M (Match) est dirigée par Satoshi Machiguchi depuis sa fondation en 2005. Quarante-trois ouvrages consacrés à la photographie japonaise contemporaine ont été publiés à ce jour.
– Daido Moriyama : Terayama
Le titre du livre rend hommage à Shūji Terayama, poète, écrivain, dramaturge, photographe, scénariste et réalisateur qui, durant sa courte vie, a publié plus de deux cents livres et réalisé une vingtaine de films. Daido Moriyama dérive, à travers images et textes, à la recherche de ses amis du mauvais côté de la ville (On the wrong side…).
– Showa 35, JAPAN
Hajime Sawatari
Showa est la période de l’histoire japonaise correspondant au règne de l’Empereur Showa Hirohito, de 1926 à 1989. Toutes les photographies ont été prises en 1960 (Showa 35) au Japon. Les images concernent aussi bien des jeux d’enfants que des manifestations de banlieue ou des incendies, voire des musiciens de jazz. C’est la photographie du passé, de l’an 35 de l’ère Showa.
• Kehrer Verlag
Cette maison d’édition a été fondée en 1995 par Klaus Kehrer et publie, chaque année, 60 à 70 livres de photos en tous genres. En 2014, Kehrer a ouvert une galerie consacrée à la photographie à Berlin.
– Carpe Fucking Diem
Elina Brotherus
La série Annonciation, au cœur de ce livre, aborde un sujet toujours tabou : le fait d’être involontairement sans enfant. Avec ce travail, Elina Brotherus retourne au documentaire autobiographique qui lui a valu d’être connue à la fin des années 1990. Nous la suivons pendant des temps où alternent espoir et déception, les pages de calendrier intercalées montrant qu’une autre année a passé. Les photographies d’Annonciation sont précédées par un long prologue et suivies par une conclusion soulignant que la vie continue. À l’aide de papiers différents et de styles graphiques divers, ce livre ambitieux propose une exploration tactile, visuelle et émotionnelle de la condition humaine.
– Colonie
Christophe Gin
Christophe Gin propose une plongée au cœur de la Guyane, de ses frontières aux villages amérindiens les plus reculés, où se côtoient militaires, chercheurs d’or, ressortissants étrangers exploités ou encore population locale contrainte à intégrer une logique républicaine. Depuis 2001, il témoigne, à travers ses clichés, de cette société multiethnique et cloisonnée, mosaïque de zones d’exceptions régies par des codes et des lois qui leur sont propres.
Le livre a obtenu, cette année, le prix de la Fondation Carmignac. Les photographies sont exposées à la Chapelle des Petits Augustins – Beaux-Arts de Paris.
• RM
La maison d’édition RM a été fondée en 1999 par Ramon et Javier Reverte à Mexico. À ce jour, 275 livres ont été publiés, dans un premier temps sur la photographie latino-américaine. Depuis cinq ans, les photographies espagnoles puis japonaises sont également publiées par RM.
– Otsuchi Future Memories
Alejandro Chaskielberg
Une fois l’eau retirée, la reconstruction commencée et les équipes de presse parties, comment photographier une catastrophe naturelle massive ? Le photographe argentin Alejandro Chaskielberg s’est affronté à ces questions pour sa série Otsuchi Future Memories, qui traite des conséquences du tsunami de 2011 au Japon. Il a choisi de faire des portraits stupéfiants de familles dans les ruines des maisons et des lieux de travail nivelés par la mer. Les nombreux portraits souvent pris au plus profond de la nuit avec de longues expositions et le grand nombre d’images en couleur créent selon Daido Moriyama, auteur de la postface « un remarquable récit, le meilleur que j’aie jamais vu du grand tremblement de terre. »
– The Borderlands
Jo Ractliffe
Depuis 2007, la photographe sud-africaine Jo Ractcliffe s’est concentrée sur les conséquences de la guerre en Angola, particulièrement dans les villes de Pomfret, Kimberley et Riemvasmaak, examinant l’intersection de l’ère de l’apartheid avec la démocratie d’aujourd’hui. Le livre rassemble sa documentation.
• Filigranes Éditions
Patrick Le Bescont a fondé Filigranes en 1988. Quelque 580 livres ont été publiés à ce jour.
– Enter as fiction
Kourtney Roy
Les autoportraits de la photographe canadienne Kourtney Roy nous aspirent dans une temporalité imaginaire, où les traces du passé se mêlent à la performance contemporaine de l’artiste. Kourtney Roy enregistre la trace de sa présence dans le monde et telle une héroïne du grand écran, fait corps, parfois même rampe sur le sol ou saute derrière un buisson. Les lieux, les espaces sont sources d’inspiration ; leur poétique souligne la banalité et le quotidien. L’image d’un havre de paix progressivement se lézarde sous les rayons d’un soleil accablant et révèle des étendues rudes pour les individus en quête de quiétude.
Ce livre d’artiste, un leporello de 4 mètres publié à 250 exemplaires numérotés et signés, est en vente à Paris Photo et à la galerie Hug où cette série est exposée.
– Being Beauteous
Amaury da Cunha, Marie Maurel de Maillé, Nicolas Comment, Anne-Lise Broyer
Ces quatre artistes ont décidé de se regrouper, de penser ensemble leurs images, de les agencer comme un tout organique. Ils ont, au-delà de leurs singularités, vécu des histoires semblables, malgré la diversité des routes empruntées. Avec ce livre, ils tentent de trouver un geste photographique commun. Est-ce une manière de réveiller le concept de communauté ? Mais une telle réflexion conduit à l’impasse car il y a absence de communauté. Ils ne pensent pas d’une seule et unique voix ce qui est sans enjeu, leur but n’étant pas d’atteindre une vérité mais plutôt d’expérimenter des possibles.
• Damiani
Fondées en 2004 par Andrea Albertini, les éditions Damiani publient, depuis 2009, quelque 60 livres par année.
– L’Enfant-Femme
Rania Matar
Le livre montre des filles sur le point de devenir femmes. La photographe libanaise Rania Matar expose les frontières des cultures américaines et arabes pour tenter de les concilier. Ces fillettes ne sont pas simplement américaines, elles ne sont pas simplement arabes : ce sont simplement des filles.
• André Frère Éditions
André Frère Éditions a été créé en 2013. Essentiellement axée sur le champ de la photographie, la maison publie des auteurs de renommée internationale. A ce jour, 28 titres ont été publiés, dont certains à tirage limité (300 exemplaires).
– Women we have not lost yet
Issa Touma
Le photographe syrien Issa Touma a choisi de maintenir ouverte sa galerie à Alep. Il est le dernier, les autres ont dû fermer. Il a fait ce choix en dépit, voire en raison de la guerre. « L’art est l’arme la plus puissante contre les fanatiques. C’est sans doute la raison pour laquelle ils veulent partout le détruire. »
Le 26 avril, les islamistes ont annoncé leur grande attaque sur Alep. Des hommes et des femmes sont venus se réfugier dans la galerie où ils se sentaient plus en sécurité. Ensemble, ils ont décidé de commencer des séances photographiques, comme pour un dernier message. Les combats ont duré une semaine entière, pendant laquelle des femmes ont partagé leurs rêves et leurs peurs. Il en est sorti un ensemble de portraits de vingt femmes. Ces dernières sont les premières victimes des événements devenus l’objet d’une exposition et du livre Women We Have Not Lost Yet (Les femmes que nous n’avons pas encore perdues).
Au fil des mois, l’angoisse et les ténèbres gagnent du terrain à Alep. Pour tenter de rendre à la ville ses couleurs et ses rires Issa Touma a organisé, au printemps, un carnaval tournant en dérision les hommes en armes. Près de 250 personnes y ont assisté. « Ce jour-là, nous étions en dehors de la guerre », se souvient Issa. Il en rit encore.
– Aïtho
Antoine d’Agata
Les images de Aïtho (le feu) ont été réalisées en 2014 à la Villa Don Arcangelo all’Olmo (territorio di Carruba di Riposto), sur les versants de l’Etna. Antoine d’Agata a dédié cette série d’autoportraits à ses quatre filles. Ce livre a été tiré à 300 exemplaires.
FOIRE
Paris Photo 2015
Du 12 au 15 Novembre 2015
Grand Palais
Paris
France
www.parisphoto.fr