L’AIPAD (Association Internationale des Marchands de Photographie) aura lieu cette année du 5 au 8 avril, au Pier 94 de New York. Cette foire photographique qui compte parmi les plus anciennes est toujours le cadre d’évènements particuliers. L’Œil de la Photographie publiera ainsi jusqu’à son ouverture une sélection de souvenirs racontés par les propriétaires des galeries participantes.
– Alex Novak, Contemporary Works, Chalfont : Il y a quelques années une femme âgée est entrée dans la galerie Alain Paviot à Paris pour apporter deux merveilleuses photos de Man Ray qu’Alain connaissait très bien. Man Ray les avait en fait exposées dans les années 1970, dans une autre galerie parisienne, la Galerie des 4 Mouvements, après qu’elles aient voyagé dans une demie douzaine de musées. Man Ray avait pris soin de réaliser des copies de ses rayographies originaux, ainsi que des agrandissements uniques de cette quarantaine d’images pour l’exposition itinérante. On a cru que la plupart des tirages avaient été perdus ou détruits au fil des années, mais il semblerait qu’il en reste au moins quelques-uns. Les deux tirages de la galerie Alain Paviot avaient été offerts à cette femme par l’épouse même de Man Ray, Juliet. Un autre tirage est apparu plus tard dans une vente aux enchères à Paris.
J’ai acheté l’un des deux tirages de la galerie Alain Paviot, que j’ai rapidement revendu à un particulier. Il s’est ensuite vendu deux fois plus cher. Ironiquement, j’ai pu le racheter lors de l’adjudication publique de la collection de Phil Rivkin, où sa singularité et son importance n’ont pas été appréciées à leur juste valeur. Je l’ai montré en public pour la première et la seule fois l’année dernière durant l’AIPAD, où il a suscité beaucoup d’intérêt et d’attention.
Je suis fier d’annoncer que nous serons cette année en mesure d’ajouter les deux seuls autres tirages connus de l’exposition spéciale de Man Ray sur notre stand à l’AIPAD, avec une sélection d’autres photographies importantes de Man Ray. Ces trois rayographies uniques seront un spectacle sur notre murs. Je suis ainsi enthousiaste à l’idée de présenter pour la première fois l’ensemble à l’AIPAD.
– Annemarie Zethof et Martijn van Pieterson, Ibasho Gallery, Anvers : Voici la photo d’une oeuvre de Motohiro Takeda que nous avons exposée et vendue à l’AIPAD l’année dernière. Motohiro est basé à New York et réalise ses photographies sans appareil dans son appartement qu’il a transformé en chambre noire. Il mêle dans son travail le motif japonais traditionnel des cerisiers en fleurs à son quartier de Brooklyn. Il créé ces œuvres spéciales en réalisant un négatif représentant son quartier sur quatre feuilles de papier individuelles, qu’il accroche aux murs de son appartement. Le négatif est ensuite utilisé pour réaliser une planche contact en chambre noire, où les cerisiers en fleur viennent s’ajouter pour créer l’effet final. Ce fut un réel plaisir de montrer l’œuvre de Motohiro pour la première fois à l’AIPAD. Nous étions ravis des réactions du public devant cette œuvre magique. Nous présentons aujourd’hui une nouvelle œuvre de Motohiro, créée dans le cadre de sa résidence au Centre pour la Photographie de Woodstock, pour la prochaine édition de l’AIPAD.
– Charlotte Boudon, Galerie Filles du Calvaire, Paris : En 2016, nous avons présenté quelques photographies de Samuel Gratacap, photographe français qui documente la traversée de la Méditerranée par les réfugiés et les migrants. Dans sa série Empire consacrée à un camp de transit tunisien proche de la frontière avec la Libye, comme l’écrit Bronwyn Law-Viljoen dans son introduction à l’œuvre de Gratacap dans Aperture (numéro 222), « il y a de la beauté, mais aussi un désir de comprendre la vie dépouillée de Choucha, et d’éviter de consigner les habitants du camp au royaume du poétique. » Nous avons proposé à l’AIPAD ce polyptyque intitulé Living Choucha, qui se compose de 42 Polaroïds noir et blanc montrant les tentes des réfugiés que chaque famille obtient à son arrivée et la façon dont elles les transforment pour mieux y vivre à leur façon. De nombreux musées voulaient acheter cette pièce unique, mais c’est une collectionneuse privée qui a finalement décidé de l’acquérir.
– Gary Edwards, Gary Edwards Gallery, Washington DC : Ce tirage sur papier salé par Maxime DuCamp est à la fois l’un des plus anciens réalisés par un Européen en Egypte et l’un des plus remarquables. Sa composition qui montre le domestique de l’artiste assis au sommet d’une sculpture gigantesque, apporte une touche d’insouciance et d’esprit français à l’art sacré pré-chrétien et pré-islamique. La photographie a été montrée sur le stand de Gary Edwards durant l’édition 2000 de l’AIPAD.
– Roland Angst, Only Photography, Berlin : L’année dernière, nous avons présenté cette série de tirages d’époque par l’artiste allemand Wilhelm Schürmann, également grand collectionneur. Elle avait été vendue à l’origine, mais l’institution acquéreuse ayant dû faire face à quelques difficultés financières. Nous l’avons gardée et la montrerons à nouveau cette année à New York, aux côtés d’une dizaine de séries d’artistes tels que Gerry Johansson, Kazuo Kitai, Viktor Kolar, Toshio Shibata, Issei Suda et Henry Wessel, entre autres.