Graphiste de formation, je décide en 2016 de me consacrer entièrement à la photographie. Aujourd’hui, plus j’avance dans ma pratique artistique, plus j’aborde mes projets sous l’angle documentaire, mais je les pense d’entrée de jeu avec une approche esthétique, voire plastique si le sujet s’y prête. En mêlant ces différentes manières de travailler mon sujet, je sors des catégories imposées (le documentaire, la photographie plasticienne etc.) pour inventer un langage qui m’est propre. Je ne m’enferme pas dans une seule écriture, la technique s’adapte à chaque fois, pour servir le propos photographique: photographies nettes ou floues, en noir et blanc ou en couleur, le mouvement ou l’inertie, l’aspect lisse ou granuleux, en passant par d’autres techniques comme le photomontage, le collage ou la coloration, tout doit être possible. À travers la photographie je cherche à donner la parole aux oubliés de l’histoire et à ceux qui sont privés de la liberté d’expression. Je cherche également à aller là où les projecteurs se sont éteints et investir des lieux chargés d’histoires passées pour les interroger aujourd’hui, des lieux ayant leur langage propre, impalpable, des lieux à décrypter. Je cherche à rendre compte de ce qui se cache aux premiers regards. Photographier, c’est ma manière d’être au monde, mon moyen d’expression car souvent les mots me manquent. Mes photographies ont été exposées dans différents festivals en France et à l’étranger. Je suis également lauréate du prix Sophot de la photographie sociale et documentaire, finaliste du Prix Roger Pic et lauréate de la bourse des amis du Musée Albert Kahn. Dans ce travail «Piplantri, le paradoxe» exposé à Houlgate au festival «les femmes s’exposent» j’ai voulu à la manière des cubistes, par l’abandon de la perspective classique et l’éclatement des formes, montrer la coexistence de deux réalités qui s’entremêlent à Piplantri, en Inde, à l’image de ce pays contrasté. D’un côté, l’exploitation des carrières de marbre et leurs conséquences désastreuses: assèchement des terres, disparition de l’agriculture, mise en danger de la vie des mineurs non protégés, maladies–silicose ou silico-tuberculose–provoquées par l’inhalation des particules de poussière. De l’autre, une initiative emblématique menée pour réduire les infanticides de filles: l’ouverture par le village d’un compte bancaire au nom de chaque nouveau-née. L’argent déposé doit servir à financer ses études supérieures ou son mariage. En contrepartie, les familles s’engagent à planter 111arbres et à ne pas marier les filles avant l’obtention de leurs diplômes.
Isabeau de Rouffignac
https://www.isabeauderouffignac.com/accueil.html/
Les femmes s’exposent 2024
7 juin – 1 septembre 2024
Houlgate, Normandie
www.lesfemmessexposent.com