Ces images s’inscrivent dans un projet commencé il y a près d’un an, dans une école spécialisée accueillant des enfants souffrant de diverses difficultés d’apprentissage, du syndrome d’Asperger ou d’autres traumatismes, à Duisburg, (Allemagne). Cette école, située dans une région socialement défavorisée, fermera ses portes cette année, suite à un nouveau plan d’intégration sociale, ce qui pourrait causer l’aggravation de tels problèmes. Il y a au sein de notre société des individus négligés, qui sont de moins en moins pris en compte par les structures et les évolutions de notre système.
Qui leur donne la possibilité de s’exprimer, ou même la possibilité d’un projet d’être, en tant qu’individu ?
Je ressens envers ces enfants un profond sentiment de respect et d’humilité. Je ne veux pas les utiliser, mais leur donner une forme d’expression visuelle, dont l’écho sera d’autant plus important qu’il sera uniquement fondé sur une histoire personnelle et une façon d’être propre à chacun d’entre eux.
Le premier aspect de mon travail est ce processus d’implication, où j’ai du faire preuve d’empathie et de curiosité. En même temps, je devais garder ma sensibilité visuelle en éveil : réussir une symbiose entre l’émotionnel, le sentiment de responsabilité, pour enfin produire des images capables de magnifier la dignité propre à chaque enfant est une tâche délicate, qui ne peut être que superficiellement décrite par des mots.
Je suis conscient que ce travail risque d’être qualifié de « photographie sociale » ou même politique, mais l’enjeu n’est pas aussi simple à catégoriser. Ces images ne sont pas nées d’une mise en scène figée. Elles sont issues de l’observation, de la compréhension, et de l’attention. Ces photographies témoignent d’un processus intense et complexe.
J’ai très soigneusement choisi mon sujet, avec l’intention de m’en imprégner profondément, car je pense que c’est de cette façon que les images peuvent devenir signifiantes.
Ces photographies veulent être à la fois des métaphores et des documents, elles oscillent entre la réalité telle qu’elle apparaît, et l’image que le photographe en restitue. Il existe une connexion invisible entre la réalité présente devant le photographe et l’image qui en est faite.
Je pense que le processus de prise de vue est aussi important que l’image finale qui en découle, et dans mon travail l’une ne peut avoir de sens sans l’autre.
Il n’y a pas de narration conventionnelle dans ce travail. Les images sont indissociables les unes des autres, mais certaines fonctionnent très bien seules, et chacune est bien sûr unique dans la série. Elles sont autant de petits mondes autonomes, mais qui interagissent quand ils sont montrés ensemble.
EXPOSITION
Dans le cadre des Boutographies 2015
Heiko Tiemann
Infliction
Du 4 au 26 Avril 2015
La Panacée
14 rue de l’école de Pharmacie
34000 Montpellier
France
http://www.boutographies.com
http://www.heikotiemann.de