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Le Questionnaire : Yas Crawford par Carole Schmitz

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Yas Crawford : Abstraction & Ambiguité

Née dans le Pembrokeshire, au Pays de Galles, où le paysage géologique et la composition biologique ont influencé de manière subliminale son travail, Yas Crawford est associée à la Royal Photographic Society et membre de la Geological Society.

Également diplômée en géologie et titulaire d’une maîtrise en photographie, elle a occupé divers postes dans le monde des affaires, a été chef d’entreprise dans le domaine des sciences de la vie et travaille actuellement dans ce qu’elle appelle « l’espace gris », entre les disciplines, les reliant par le biais de paysages humains internes et externes qui révèlent souvent des environnements micro et macro entremêlés. Ses recherches portent sur la cartographie des changements évolutifs et leur impact sur l’humanité. De par son travail, elle essaie de mettre en lumière l’émotion bien plus que la science. Elle utilise le numérique et l’analogique, ce qui lui a permis de donner à ses images une dimension spontanément artistique.

Son parcours lui permet d’explorer l’abstraction et de reconnaître les zones d’ambiguïté. La nature répétitive de ses images révèle sa pensée scientifique. Mais des images où l’abstraction supprime aussi l’objectivité pour donner des images ouvertes à l’interprétation de chacun.

Photographe d’art à la renommée internationale, elle a exposé au Royaume-Uni et en Europe. Et son travail a été récompensé ces dernières années par plusieurs prix internationaux, notamment le prix Art of Neuroscience 2021 pour Cognition IX, le prix Land Air 4.0 Quasi Quadro 2021 pour Inception I et le prix RPS Science Photographer of the Year 2019 pour Oxygen Ib.

 

Website : www.yascrawford.com
Instagram : @yascrawfordphotography

 

Votre premier déclic photographique ?
Yas Crawford : J’ai une formation scientifique et ce n’est que lorsque j’ai débuté un MA Photographie en 2017 que j’ai réalisé que je regardais à travers un objectif, d’une manière ou d’une autre, depuis que j’étais enfant. Ce fut une première vraie connexion pour moi entre deux sujets que j’aime, l’art et la science.

L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Yas Crawford : Il y en a deux, Man Ray & Wolfgang Tillmans.

L’image que vous auriez aimé réaliser ?
Yas Crawford :  » Chamber  » 2022, huile sur toile de Danica Lundy. Ce n’est pas une image mais une peinture. Beaucoup de mes influences proviennent des beaux-arts et j’ai récemment vu la série d’œuvres de Danica Lundy,  » Stop Bath « , au White Cube de Londres. Sa référence à la technique photographique « Stop Bath », mêlée à son sujet, crée une œuvre d’art incroyable. L’histoire qui se cache derrière l’image est également très belle.

Celle qui vous a le plus ému ?
Yas Crawford : L’image d’Alan Kurdi par Nilüfer Demir, une photo-journaliste turque basée à Bodrum, en Turquie. L’enfant était l’un des 12 réfugiés qui se sont noyés lors d’une tentative ratée de rejoindre l’île grecque de Kos.

Et celui qui vous a mis en colère ?
Yas Crawford : Aucune image ne me met en colère, je vois l’art comme un véhicule pour formuler et exprimer la liberté d’expression. En revanche, la sur-utilisation ou l’abus d’images me mettent en colère.

Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Yas Crawford :  » Inception O  » est une œuvre d’art photographique sans appareil photo et une image récente de la série  » Nature Energy Technology  » qui résume l’idée derrière la série mais aussi l’intégralité de mes méthodes de travail. J’ai le sentiment qu’elle aborde tous les sujets importants que nous traitons aujourd’hui, de la santé mentale à l’impact sur l’environnement qui nous entoure.

Un souvenir photographique de votre enfance ?
Yas Crawford : Regarder mon père développer des diapositives pour les réunions de famille après chaque fête.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Yas Crawford : Nighthawks 1942, d’Edward Hopper, huile sur toile. Ça ressemble à un endroit où j’aurais envie de traîner.

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Yas Crawford : L’émotion.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Yas Crawford : Comment peut-il y avoir une image parfaite, alors que chaque image signifie tant de choses pour tant de personnes différentes.

La personne que vous aimeriez photographier ?
Yas Crawford : Mon mari tout nu, mais il ne veut pas me laisser faire. Ne lui dites pas.

Un livre de photos indispensable ?
Yas Crawford : Sakiko Nomura – Ango. C’est un livre auquel je reviens toujours.

L’appareil photo de votre enfance ?
Yas Crawford : Pentax Super ME.

Celui que vous utilisez actuellement ?
Yas Crawford : Canon 6D MkII, Canon EOS 300 film et un appareil à sténopé Ondu.

Votre drogue préférée ?
Yas Crawford : Les montagnes, avec des nuages orageux.

La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?
Yas Crawford : Lorsque je crée une image ou que je me promène dans les montagnes.

Quelle est votre relation avec l’image ?
Yas Crawford : Je suis originaire du Pays de Galles, et nous avons un mot que nous utilisons lorsque notre maison nous manque, « Hiraeth ». Ce mot exprime une profonde nostalgie de quelque chose ou du mal du pays. C’est ce que je ressens lorsque je suis loin de mon œuvre, loin de l’art en général, et cela relie aussi mon œuvre à mon pays d’origine.

Votre plus grande qualité ?
Yas Crawford : Perception.

Votre dernière folie ?
Yas Crawford : Encore un tirage carré Magnum !

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Yas Crawford : Peut-être le texte « La route de tous les maux ».

Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Yas Crawford : Comptable.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Yas Crawford : Ma première exposition solo, à une époque où je n’en avais pas les moyens.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Yas Crawford : L’Amérique du Sud, toute l’Amérique du Sud.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Yas Crawford : Pembrokeshire au Pays de Galles.

En ce qui concerne les réseaux sociaux, êtes-vous plus branché sur Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Yas Crawford : Instagram. Il semble que ce soit l’endroit où il faut être pour construire ses connexions. Et puis je dirais également LinkedIn parce qu’il me permet de rester connecté à mes intérêts scientifiques.

Couleur ou N&B ?
Yas Crawford : Les deux.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Yas Crawford : Lumière du jour.

Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Yas Crawford : Florence.

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Yas Crawford : Définitivement je lui demanderai de prendre la pose, puis je lui proposerai un pique-nique !

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Yas Crawford : Il y en aurait vraiment trop pour qu’on puisse les réunir autour d’une table. Mais en voici quelques-uns : Francis Bacon et Danica Lundy pour avoir des conseils sur la façon de peindre, Nick Ut juste parce qu’il est Nick Ut, Wolfang Pauli pour discuter de l’effet Pauli, Fabiola Gianotti, la première femme directrice générale du CERN pour discuter de l’expérience ATLAS et de la façon dont cela pourrait être communiqué artistiquement au profane, James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins pour discuter de l’ADN et des changements dans l’évolution, et de la façon dont ils auraient pu prédire ces changements aujourd’hui.

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Yas Crawford : Aujourd’hui, j’ai un peu l’impression que cette image, tirée du livre  » Art and Politics  » d’Anthony Downey, Thames & Hudson, 2014, dit tout.

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