Vee Speers : Un sens particulier de la beauté.
Née en Australie, Vee Speers se passionne pour la photographie en assistant son père dans sa caravane reconvertie en chambre noire. Fascinée de voir les portraits apparaître comme par magie, elle décide d’étudier la photographie au Queensland College of Arts à Brisbane. Dans un premier temps, elle sera photographe de plateau pour ABC à Sydney. Et en 1990, ce qui ne devait être qu’un court séjour en France s’est transformé en un déménagement à Paris, une ville qui, selon elle, est dotée d’un « potentiel illimité et permet une inspiration créative infinie ». Très vite, elle obtient une reconnaissance internationale pour ses portraits au travers desquels elle fige la beauté. Son travail est très métaphorique.
Vee ne craint jamais de repousser les limites. Ses images, très féminines aux teintes fanées, nous proposent également un regard élégant et quelquefois provocant sur l’enfance tout en nous emmènant systématiquement dans un voyage émotionnel aux confins de la nostalgie et du contemporain. Ses portraits, souvent chorégraphiés ou mis en scène au détail près, dégagent une sorte d’ambiguïté visuelle.
Pour la photographe, le respect est primordial. Elle pense aussi que le regard féminin sur une autre femme est très différent du regard masculin, qui est peut-être davantage empreint de tensions sexuelles plus direct ou plus explicite. Au travers de ses images, Vee raconte des histoires tout en poésie et en nostalgie.
Son travail est exposé dans de nombreux musées et galeries à travers le monde et a été publié dans de nombreux magazines.
Website : www.veespeers.com
Instagram : veespers
Votre premier déclic photographique ?
Vee Speers : Dans les années 70, j’aidais mon père à développer ses tirages argentiques dans une chambre noire aménagée dans une caravane, dans notre jardin en Australie.
L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Vee Speers : Irving Penn – si élégant et intelligent.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Vee Speers : La prostituée assise en bas rayés d’E.J. Bellocq – Storyville, Nouvelle-Orléans, 1910.
Celle qui vous a le plus ému ?
Vee Speers : La photo de la petite fille au napalm pendant la guerre du Vietnam.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Vee Speers : Egalement la photo de la petite fille au napalm pendant la guerre du Vietnam.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Vee Speers : Ma fille de 8 ans soufflant des bulles lors de sa fête d’anniversaire.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Vee Speers : Une photo de mon grand-père, jeune garçon, à côté de son oncle, au début des années 1900, en Australie.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Vee Speers : Dovima avec les éléphants de Richard Avedon, 1955.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être une bonne photographe ?
Vee Speers : Un esprit créatif, un sens du détail, une capacité à résoudre les problèmes.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Vee Speers : La perfection esthétique, avec un scénario crédible qui déclenche une émotion chez le spectateur.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Vee Speers : La comtesse de Castiglione.
Un livre de photos indispensable ?
Vee Speers : Celui de Susan Sontag : Sur la Photographie.
L’appareil photo de votre enfance ?
Vee Speers : Un Voigtlander de poche avec soufflet et sans posemètre.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Vee Speers : RZ Mamiya et appareil Mamiya Press pour Polaroid.
Votre drogue préférée ?
Vee Speers : L’adrénaline.
La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Vee Speers : Voyager et m’immerger dans la nature.
Quelle est votre relation à l’image ?
Vee Speers : Joyeuse.
Votre plus grande qualité ?
Vee Speers : La ténacité.
Votre dernière folie ?
Vee Speers : Des images fixes et animées.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Vee Speers : Ma fille soufflant des bulles à l’occasion de sa fête d’anniversaire. Tout simplement.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Vee Speers : Serveuse. J’ai essayé, mais j’ai été renvoyée.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Vee Speers : Créer la campagne artistique de Pernod Ricard en 2015.
Quelles sont, selon vous, les passerelles entre la photographie et le design ?
Vee Speers : Une photo réussie ne peut exister sans un lien direct avec le design qui devrait, à mon avis, être le fondement de toute image.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Vee Speers : Le Japon.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Vee Speers : Paris.
Votre plus grand regret ?
Vee Speers : Je n’ai pas de regrets.
En termes de réseaux sociaux, es-tu plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Vee Speers : Instagram parce qu’il semble être le meilleur pour l’image.
Couleur ou noir et blanc ?
Vee Speers : Ce qui convient à chaque projet.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Vee Speers : Toujours la lumière du jour, mais la lumière artificielle peut sauver la mise.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Vee Speers : La Havane, Cuba.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Vee Speers : Ni l’un ni l’autre. Je me contenterais de passer du temps avec lui, de boire des cocktails et de discuter de la vie.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Vee Speers : Elsa Schiaparelli, Salvador Dali, Tolkien, David Lynch et mes trois filles.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Vee Speers : Ma photo de Transcendance avec le jeune homme qui tient le globe sur ses épaules.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Vee Speers : Le « village », où des générations de familles et d’amis restent connectés grâce aux choses simples de la vie.
Si vous deviez tout recommencer ?
Vee Speers : Il n’y a rien que je changerais. J’aime ma vie.
Un dernier mot ?
Vee Speers : Ne craignez rien. Ne regardez jamais en arrière. Et si vous tombez de cheval, remettez vous en selle.