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Le Questionnaire : Pierre-Elie de Pibrac par Carole Schmitz

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Pierre-Elie de Pibrac : Tout n’est que perception.

 Héritier artistique de son grand père, Paul de Cordon, les premiers reportages photo de Pierre Elie de Pibrac datent de 2007. S’il ne prend son appareil photo que pour raconter une histoire, très vite, son travail est récompensé par de nombreux prix tels Paris Match, Orange et SFR, qui lui permettent d’intégrer « l’agence Vu ».

La particularité dans l’exercice de son métier est de ne pas se cantonner à un seul genre photographique et perçoit ainsi plusieurs images en une seule.. Ses reportages sont le fruit de rencontres et d’une préparation méticuleuse. Il s’immerge dans la culture de son pays de destination bien avant son départ, installe des coïncidences pour lui permettre d’être ouvert à la rencontre et à tous les champs des possibles.

Très admiratif du travail de Robert Doisneau, Saul Leiter ou Jeff Wall, pour ne citer qu’eux, il a une parfaite maitrise des techniques de la photographie.

Actuellement exposé au Musée Guimet, les images montrées font suite à un travail photographique initié en 2016 à Cuba. Ainsi, entre décembre 2019 et août 2020, Pierre-Elie de Pibrac a sillonné le Japon pour réaliser la série Hakanai Sonzai (« je me sens moi-même une créature éphémère »). Au cours de cette enquête immersive, le photographe est allé à la rencontre de personnalité cherchant à exprimer une singularité personnelle. Il côtoie ainsi des yakuzas, des rescapés de Fukushima, des hikikomori ou « évaporés » ayant opté pour une disparition volontaire. Pour la réalisation de ces images le photographe s’est inspiré de la tradition japonaise de l’Ukiyo-e, l’art subtil de l’encre et des gravures sur bois. Des photographies noir et blanc qui mettent en évidence une certaine précarité de l’existence… A ne pas manquer !

 

« Portrait éphémère du Japon »
Musée Guimet : www.guimet.fr
Jusqu’au15 janvier 2024

Website : www.pierreeliedepibrac.com
Instagram : depibrac

 

Votre premier déclic photographique ?
Pierre-Elie de Pibrac : New York, lorsque je suis arrivé dans cette ville j’ai tout de suite voulu capter son énergie et me l’approprier, c’est à ce moment-là que j’ai eu envie d’utiliser un appareil photo.

L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Pierre-Elie de Pibrac : Mon grand-père, le photographe Paul de Cordon, il était libre, audacieux, cultivé, curieux. Il avait une très forte personnalité.

L’image que vous auriez aimé réaliser ?
Pierre-Elie de Pibrac : Il y en a beaucoup, mais je suis heureux de ne pas les avoir réalisés car grâce à elles j’ai appris et j’ai été émerveillé.

Celle qui vous a le plus ému ?
Pierre-Elie de Pibrac : La photographie de Kevin Carter, Vautour guettant une petite fille en train de mourir de faim, Soudan, 1993. Cette photographie me tourmente pour plusieurs raisons. Le sujet, la réalité atroce de la souffrance d’une petite fille assoiffée se trainant au sol pour trouver un point d’eau suivi de près par un vautour attendant son heure. Le contexte, le photographe a-t-il photographié cette scène sans venir en aide à cette petite fille mourante ? Qu’aurais-je fait à sa place ? Cette photographie a permis d’alerter l’opinion publique en témoignant de l’atrocité de la situation au Soudan mais était-ce la bonne attitude à adopter ? Et enfin, la tragédie du photographe, après avoir reçu le Prix Pulitzer pour cette photographie, Kevin Carter s’est suicidé car il ne supportait plus d’être hanté par ce qu’il avait vu et photographié.

Celle qui vous a mis en colère ?
Pierre-Elie de Pibrac : Aucune photographie ne m’a mis en colère.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Pierre-Elie de Pibrac : La photographies des danseurs Laura Bachman, Marion Barbeau, Léonore Baulac, Cyril Chokroun, Juliette Hilaire, Emma d’Humières, Axel Ibot, Germain Louvet et Hugo Marchand sur les toits de l’Opéra de Paris réalisée le jour de la naissance de ma fille ainée, Alma. Ce jour a changé ma vie avec la naissance de ma fille et cette photo a changé ma carrière de photographe.

L’image qui vous obsède ?
Pierre-Elie de Pibrac : Celle que je n’ai pas encore faite.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Pierre-Elie de Pibrac : Une oeuvre de Valérie Belin.

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Pierre-Elie de Pibrac : Il faut être polyvalent avec un mélange de curiosité, d’empathie, de patience et de culture.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Pierre-Elie de Pibrac : L’image parfaite est celle que le photographe ressent au fond de ses tripes comme étant parfaite.

La personne que vous aimeriez photographier ?
Pierre-Elie de Pibrac : Toutes les personnes avec qui j’ai envie de partager une histoire.

Un livre de photos indispensable ?
Pierre-Elie de Pibrac : J’avoue que j’ai une collectionnite aiguë de livres photographiques. Celui dont je suis sûr qu’il ne me quittera jamais : Instants de Cirque, de mon grand-père, Paul de Cordon, publié en 1977 aux éditions du Chêne. Je l’ai étudié sous toutes les coutures, et je le regarde au moins une fois par semaine!

L’appareil photo de votre enfance ?
Pierre-Elie de Pibrac : Je n’ai pas pris de photographies avant mes 23 ans!

Celui que vous utilisez aujourd’hui
Pierre-Elie de Pibrac : Une chambre photographique Linhof Techno.

Votre drogue préférée ?
Pierre-Elie de Pibrac : Ma femme et mes trois enfants.

Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Pierre-Elie de Pibrac : L’ile d’Yeu, et en plus on capte très mal là-bas ! 🙂

Quelle est votre relation avec l’image ?
Pierre-Elie de Pibrac : Plutôt bonne!

Votre plus grande qualité ?
Pierre-Elie de Pibrac : Persévérant je pense. Je ne lâche jamais rien. J’y crois toujours.

Votre dernière folie ?
Pierre-Elie de Pibrac : Me mettre au Wing Foil dans une mer froide et agitée, mon corps en souffre encore !

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Pierre-Elie de Pibrac : Les portraits de grands artistes qui ont marqué leur époque.

Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Pierre-Elie de Pibrac : Aucun, je suis curieux de tout et je pense que tout est intéressant. En revanche, de nombreux métiers sont extrêmement durs et souvent ingrats, mais essentiels. J’ai beaucoup de chance de faire un métier-passion.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Pierre-Elie de Pibrac : Emmener mes enfants avec moi sur tous mes projets. Au Japon, nous avons fait plus de 26 000 km en voiture ensemble pour réaliser Hakanai Sonzai.

Quelles différences entre photographie et photographie d’art ?
Pierre-Elie de Pibrac : Dans mon approche photographique, l’histoire et la culture ont une place fondamentale. Je pense qu’une photographie d’art est une photographie qui cherche à réfléchir sur son époque, à témoigner de manière subjective. Une photographie peut être une image alors qu’une photographie d’art cherche à aller au-delà de l’image.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Pierre-Elie de Pibrac : Le monde, tout ce que je ne connais pas me donne envie d’être découvert. Toutes les villes, toutes les cultures, tous les pays valent la peine d’être vus.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Pierre-Elie de Pibrac : Mon lit.

Votre plus grand regret ?
Pierre-Elie de Pibrac : Je n’en ai pas. J’ai toujours considéré que l’échec était une chance, car seul ceux qui osent échouent.

En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Pierre-Elie de Pibrac : Aucun, je ne suis pas du tout réseaux sociaux. J’essaye de faire acte de présence dans les moments professionnels importants, mais, en général, je fuis les réseaux sociaux.

Couleur ou N&B ?
Pierre-Elie de Pibrac : Les deux, ce sont deux manières de raconter qui sont complémentaires et que j’aime.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Pierre-Elie de Pibrac : Lumière du jour, toujours.

Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Pierre-Elie de Pibrac : Toutes les villes à partir du moment où l’on sait les regarder.

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Pierre-Elie de Pibrac : Pour moi Dieu existe. Le jour où je le rencontrerai, j’aurais plein d’autres choses en tête qu’un selfie !

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Pierre-Elie de Pibrac : J’aime beaucoup cette question, elle me fait rêver ! J’organiserais un immense dîner très cosmopolite avec Nelson Mandela, Louis de Funès, Benoit XVI, Simone Veil, Quentin Tarantino, Sylvain Tesson, Marie Curie, Mère Teresa, Albert Einstein, Angela Davis, Paul de Cordon, Albert Camus, Jim Morrison, Steve McQueen, Ayrton Senna, Elizabeth II, Leonard de Vinci et bien sûr ma femme !

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Pierre-Elie de Pibrac : Les Cercles de l’enfer de Sandro Botticelli. Le monde marche sur la tête avec le développement de l’ultra individualisme et de l’inquisition permanente.

Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Pierre-Elie de Pibrac : D’un point de vue général, plus d’honnêteté et de patience et moins de réseaux sociaux !

Si vous deviez tout recommencer ?
Pierre-Elie de Pibrac : Je referais pareil.

Le mot de la fin ?
Pierre-Elie de Pibrac : Matane (qui veut dire « à la prochaine » en japonais)

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