Luzia Simons : Rentrer dans la matière avec poésie
Artiste née au Brésil, Luzia Simons a fait ses études à Paris, d’abord en histoire, puis en arts plastiques à la Sorbonne. En 1986, elle s’installe à Berlin en Allemagne où elle vit toujours.
Son travail photographique donne l’impression d’être tridimensionnelle tant la profondeur de champ de ses images est surprenante.
Elle met en scène ses fleurs dans une combinaison unique de précision matérielle, de beauté et de vanité. Elle déconstruit les représentations conventionnelles de ces motifs en les élevant au rang d’art, questionnant par la même occasion les limites de notre réalité en alliant illusionnisme et naturalisme d’une manière très singulière. Ses mises en scène sont sublimes et troublantes quelques fois. Elle scanne dans les moindres détails une composition d’ensemble, en construisant un tableau réaliste. Les fleurs semblent flotter sur un fond noir dense et profond, ce qui ajoute à l’immatérialité, l’intemporalité de la composition. Ses œuvres nous invitent ainsi à un voyage spaciotemporel. Son travail fait référence à la beauté et à la fragilité de notre monde.
Ses oeuvres ont été présentées plusieurs fois au Domaine de Chaumont-sur-Loire et a été invitée en 2016 à créer une installation in situ dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Soubise (Archives nationales de Paris).
Website : www.luziasimons.de
Instagram : studio_luzia_simons
Actuellement à la Tobe Gallery (@tobegallery_official), ’exposition « Evergreen »
Votre premier déclic photographique ?
Luzia Simons : C’était le clic du déclenchement des appareils anciens, cette interaction haptique. Comme si le son produisait l’image.
L’homme ou la femme d’images qui vous inspire ?
Luzia Simons : Je pense qu’il est plus intéressant de parler des femmes. Pour n’en citer que quelques-unes, Maria van Oosterwijck, Lee Miller, Georgia O’keeffe, Sarah Moon et Anna Atkins.
L’image que vous auriez aimé réaliser ?
Luzia Simons : Une photo du peuple indigène Yanomami, prise par Claudia Andujar.
Celle qui vous a le plus émue ?
Luzia Simons : Les images d’Irving Penn en Amérique latine et les autoportraits de Zanele Muholi.
Celle qui vous a mis en colère ?
Luzia Simons : Toute photo manipulée dans un contexte d’abus de pouvoir.
Une image clé de votre panthéon personnel ?
Luzia Simons : Un de mes scannogrammes (Nr. 45) de la série « Stockage » qui a été la clé visuelle (couverture du catalogue, affiches, etc.) d’une grande exposition à la Kunsthalle Emden en Allemagne. Son sujet était les jardins dans l’art depuis 1900. Cette image fait maintenant partie de la collection du Domaine de Chaumont-sur-Loire.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Luzia Simons : Les petits détails et les contrastes que j’ai observés dans un album de famille qui n’existe plus. C’est une scène avec une belle robe en dentelle délicate, avec des tongs, la terre battue et la simplicité de l’environnement.
L’image qui vous obsède ?
Luzia Simons : L’utilisation du scanner pour capturer des images me permet de proposer un langage spécifique sans la perspective centrale du dispositif photographique. Ce sont sa fabrication, sa construction, son rendu qui m’obsèdent. Je travaille à la lisière des interfaces et des technologies, à la recherche de l’inattendu et de la mise en abyme.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Luzia Simons : Celle de Lee Miller et de Man Ray.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Luzia Simons : La perception et l’émotion de l’ensemble du processus et leurs communications.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Luzia Simons : Souvent le hazard de la réunion des toutes les conditions de qualité à la fois.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Luzia Simons : Charlotte Gainsbourg ! À vrai dire j’ai realisé un projet 100 portraits avec la télévision la radio international du Baden Württemberg. Un projet politique sur les étrangers.Néanmoins j’aime d’avantage contruire d’autres images.
Un livre de photos indispensable ?
Luzia Simons : “La Chambre Claire” de Roland Barthes
L’appareil photo de votre enfance ?
Luzia Simons : Kodak.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Luzia Simons : Aujourd’hui, il s’agit principalement de mes scanners, ainsi que des vieux appareils Nikon et Canon.
Votre drogue préférée ?
Luzia Simons : In progress.
Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Luzia Simons : Le soleil, la mer, les amis, du bon vin rouge et ne rien faire.
Quelle est votre relation avec l’image ?
Luzia Simons : Mon rapport à l’image est centré sur des processus et des petits rituels de construction, lorsque je compose l’image directement sur la surface du scanner. Un drame se joue avec des accessoires botaniques, accompagné de longues attentes et de moments d’émotion. C’est une technique de capture d’images qui suit son chemin avec une précision impartiale. Tout ce qui est au premier plan est évidement clair et net, tout ce qui est plus profond se perd dans une obscurité sans perspective central. C’est un instrument contemporain.
Votre plus grande qualité ?
Luzia Simons : J’aime la communication des différentes cultures.
Votre dernière folie ?
Luzia Simons : À 60 ans, seule dans un hôtel de la jungle amazonienne.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Luzia Simons : Plutôt des forêts au lieu de monuments.
Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Luzia Simons : Celui des paparazzi.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Luzia Simons : Mes recherches (depuis 1995) et la décision de me servir du « scannogramme ». C’est un terme qui, par analogie avec l’histoire de la photographie (cf. « photogramme »), fait allusion à une technique de prise de vue directe. Le travail est aussi proche de la photo que de la peinture, en particulier avec ma série « Stockage » et son sujet du transfer culturel.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Luzia Simons : Toujours redécouvrir le Brésil et découvrir le Japon.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Luzia Simons : Paris et toute la France.
Votre plus grand regret ?
Luzia Simons : Je ne regrette rien.
En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook ou Tik Tok et pourquoi ?
Luzia Simons : Instagram quelques fois.
Couleur ou N&B ?
Luzia Simons : Les deux.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Luzia Simons : Artificielle.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Luzia Simons : New York.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui?
Luzia Simons : Je demanderai une photo du paradis.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Luzia Simons : Tous les grands chefs cuisiniers.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Luzia Simons : L’état actuel du monde est si complexe qu’une seule image ne suffirait jamais à accomplir cette tâche herculéenne.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Luzia Simons : Peace and love.
Si vous deviez tout recommencer ?
Luzia Simons : elle serait une autre vie.