Greg Soussan : Flirter avec la provocation.
Très tôt la photographie s’impose dans la vie de Greg Soussan. En effet, né dans la métropole, c’est à Saint Martin, où il passe la plus grande partie de son enfance, qu’il réalise ses premières images.
Quelques années plus tard, son premier portrait a été celui d’Alphonse Boudard, ex-taulard et écrivain, et sa première publication : une double-page avec Henri Salvador dans Paris-Match. Depuis il est reconnu pour ses portraits de célébrités : de Mikael Gorbatchev à Pénélope Cruz, de John Travolta, à Zinédine Zidane, Michel Polnareff et bien d’autres… les plus grands ont pris la pose pour lui.
Aventurier dans l’âme, son crédo, au fils des années, sera : « Apprendre à désapprendre ». La répétition l’ennui, ce qu’il aime : détourner l’histoire en flirtant avec la provocation et l’humour.
Très rigoureux et observateur, passionné aussi, il ne cesse de se remettre en question et de relever de nouveaux défis, tel ce dialogue entre peinture et photographie qu’il propose à John Arlméder, mettant en scène un nu en équilibre sous les œuvres du peintre. Une expérience qui révèlera son expression artistique au grand public.
Website : www.gregoiresoussan.format.com
Instagram : gregoiresoussan_artist
Votre premier déclic photographique ?
Greg Soussan : C’est ma passion pour le motocross qui m’a amené à la photographie. Je trouvais les images de ce sport très belles. J’ai alors eu mon premier appareil et je me suis mis à photographier mes copains qui eux aussi pratiquaient ce sport.
L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Greg Soussan : Alors ce n’est pas un photographe et je ne sais pas si l’on peut dire qu’il s’agit d’un homme d’image, mais je dois avouer que je suis hypnotisé par les œuvres du peintre Grérard Garouste. Je peux passer des heures devant son travail. J’aime son lacher prise et sa folie. Et il me fait voyager comme personne.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Greg Soussan : C’est une sensation qu’il m’est arrivé de ressentir lorsque je faisais de la presse et que je voyais paraitre un sujet que j’aurais aimé avoir traité. Aujourd’hui, alors que je me consacre plus à l’art, il m’arrive de me dire que j’aimerais parvenir à donner autant de puissance à mes photos que celle que je peux ressentir en observant une peinture de Garouste. La peinture amène à des choses surréalistes difficilement accessibles avec la photo.
Celle qui vous a le plus ému ?
Greg Soussan : Toutes les images deguerre avec des enfants.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Greg Soussan : Celle de ce policier plaquant son genou sur George Floyd en l’empêchant de respirer et entrainant sa mort.
Une image clé de votre panthéon personnel ?
Greg Soussan : Mon nu devant les toiles de John Arlméder. Ou en presse mon portrait de Henri Salvador.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Greg Soussan : C’était au Fort de Saint Martin, je devais avoir 14 ou 15 ans, j’étais avec mes copains et nous avons été interpelés par un type qui photographiait des mannequins de différentes ethnies et quelques années plus tard j’ai compris que ce type n’était autre que Mario Testino photographiant une campagne Benetton.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre d’art que vous rêveriez d’acquérir ?
Greg Soussan : N’importe quelle toile de Garouste.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Greg Soussan : Avoir une certaine technique et savoir raconter des histoires.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Greg Soussan : Une image parfaite c’est comme un bon film, elle doit pouvoir posséder différents niveaux de lecture.
Le photographe par qui vous aimeriez-vous faire tirer le portrait ?
Greg Soussan : Le portrait est quelque chose d’intime, et s’il faut choisir quelqu’un de connu je dirais Peter Lindbergh dont le talent et la simplicité étaient étonnants.
Un livre de photos indispensable ?
Greg Soussan : « Les Américains » de Robert Franck
L’appareil photo de votre enfance ?
Greg Soussan : Un Nikon FM2
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Greg Soussan : Un Nikon D850
Votre drogue préférée ?
Greg Soussan : Les Haribos… Impossible de décrocher.
La meilleure façon de vous déconnecter ?
Greg Soussan : Me mettre face à la mer lorsque c’est possible. Ou tout éteindre et écouter de la musique.
Quel est votre rapport personnel à l’image ?
Greg Soussan : Mon image personnel ne m’intéresse pas. Et de manière plus générale, c’est une recherche d’émotion et d’adrénaline.
Votre plus grande qualité ?
Greg Soussan : La fiabilité.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Greg Soussan : Une paire de fesses (Rires)
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Greg Soussan : Tout métier qui m’obligerait à rester assis derrière un bureau.
Et si vous n’étiez pas devenu photographe ?
Greg Soussan : Je serais sportif.
Quelle est, selon vous, la différence entre la photographie et la photographie d’art ?
Greg Soussan : La différence entre les deux est énorme à mon sens. La photographie d’art répond à une démarche, à une esthétique. Alors que la photographie de presse se doit d’informer avant tout.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Greg Soussan : Il y en a trop pour répondre
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Greg Soussan : Chez moi à Saint-Martin, même si je m’y ennui au bout d’un certain temps.
Votre plus grand regret ?
Greg Soussan : Ne pas être sportif professionnel.
En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Greg Soussan : Instagram car je suis trop jeune pour Facebook et trop vieux pour TikTok. (Rires)
Qu’est-ce que le numérique et les smartphones ont enlevé ou apporté à la photographie ?
Greg Soussan : Le numérique a essentiellement ôté la magie du développement dans une chambre noire, cette excitation de ne pas savoir si vous avez « la » photo ou pas.
Couleur ou N&B ?
Greg Soussan : Couleur.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Greg Soussan : Cela dépend des circonstances, mais plutôt lumière du jour.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Greg Soussan : Les deux.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Greg Soussan : Cela dépendrait de mon humeur… Mais ce serait un savant mélange de personnages historiques, des gens de générations différentes, des contemporains, des animaux.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Greg Soussan : Une licorne peut-être.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Greg Soussan : Une certaine humanité et des licornes !
Si vous deviez tout recommencer ?
Greg Soussan : Je ne changerais rien.
Un dernier mot ?
Greg Soussan : J’ai été ravi de faire cette interview. Merci.