Gabriele D’Agostino : Entre matière & lumière.
Gabriele D’Agostino est un créateur pluridisciplinaire dont le travail oscille entre design, photographie et exploration des matières. Son approche, à la croisée de l’architecture et de l’artisanat d’exception, révèle une maîtrise subtile des textures, des formes et de la lumière. En tant que designer, il façonne des objets et des espaces où la rigueur structurelle se mêle à une sensibilité presque tactile, donnant naissance à des pièces à la fois puissantes et épurées. En tant que photographe, il capte l’essence des matériaux, jouant sur les contrastes et les reflets pour sublimer chaque détail avec une précision quasi sculpturale.
Le photographe a récemment été récompensé en tant que deuxième lauréat de l’édition 2024 du Global Open Call for 18-30 Year Old Photographers – Unpublished Photo, organisé par le Musec de Lugano. Sa série Cuore Nero-Metrò, réalisée au téléphone portable, documente avec intensité la vie dans le métro milanais, révélant l’humanité qui surgit d’un espace urbain impersonnel. Ses dix clichés primés sont exposés aux côtés des œuvres des trois autres lauréats au Musec jusqu’au 9 mars.
Actuellement, Gabriele D’Agostino poursuit son exploration des matières à travers une nouvelle série d’œuvres où la rudesse des textures dialogue avec des interventions minimalistes. Son langage visuel, où l’ombre et la lumière deviennent des éléments architectoniques à part entière, s’inscrit dans une dynamique contemporaine où le geste artisanal retrouve toute sa noblesse. Repoussant sans cesse les frontières entre fonctionnalité et abstraction, il impose une esthétique à la fois brute et sophistiquée, inscrite dans une quête d’essence et de sens.
Website : www.gabrieledagostino.com
Instagram : dagojournal
Votre premier déclic photographique ?
Gabriele D’Agostino : Ma première photo était celle de ma mère et ma sœur Delia à Cefalù, un charmant village près de Palerme.
L’image masculine ou féminine qui vous a inspiré ?
G.D’A. : Ma muse en mode était Cameron Hammond, tandis que Paolo Pellegrin a été une source d’inspiration en tant que reporter.
L’image que vous auriez aimé prendre ?
G.D’A. : Je n’ai aucun regret. J’aime chaque photo que j’ai prise jusqu’à présent. Je mets mon cœur dans chacune de mes prises de vue. Peut-être que ma meilleure photo est celle que je n’ai pas encore prise. Qui sait ?
Celle qui vous a le plus ému ?
G.D’A. : Isabella, mon ex-petite amie. Paros (Grèce), 2023, au coucher du soleil.
Et celle qui vous a le plus mis en colère ?
G.D’A. : Je ne pense pas avoir une photo de colère dans mon portfolio. Photographier me procure un sentiment de sécurité et d’évidence, toujours.
Quelle photo a changé le monde pour vous ?
G.D’A. : Je ne crois pas qu’une photo puisse changer le monde, mais elle peut influencer notre perception de ce qui nous entoure, la façon dont nous regardons les choses, trouvons des solutions et donnons du sens. C’est une paire de lunettes, une lentille qui ouvre d’autres perspectives, d’autres solutions, d’autres points de vue.
Et quelle photo a changé votre monde ?
G.D’A. : Ma sœur Delia devant la fenêtre, chez notre mère, le jour de son mariage. Elle a été une véritable source d’inspiration pour moi.
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans une image ?
G.D’A. : La composition, le clair-obscur et la profondeur de champ sont mes priorités en photographie.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
G.D’A. : C’est mon cher ami Andrea La Rosa qui m’a fait découvrir cet incroyable appareil photo. Il a été mon « guru » de l’univers argentique. C’était il y a de nombreuses années.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
G.D’A. : Les jardins de la Villa Giulia avec leurs magnifiques fleurs, et les couchers de soleil spectaculaires depuis la terrasse surplombant les îles Éoliennes, dans notre maison de Gliaca di Piraino, à Messine.
Selon vous, quelles sont les qualités essentielles pour être un bon photographe ?
G.D’A. : Ressentir, écouter et observer ce qui se passe autour de soi. C’est ce qui fait un grand photographe.
Qu’est-ce qui fait une bonne photo ?
G.D’A. : Ce qui se cache en arrière-plan, l’histoire qu’elle raconte, les émotions qu’elle nous donne.
La personne que vous aimeriez photographier ?
G.D’A. : Anne Hathaway, sans hésitation.
Un livre photo indispensable ?
G.D’A. : Le premier livre photo que ma mère m’a offert : Ferdinando Scianna : La geometria e la compassione.
L’appareil photo de votre enfance ?
G.D’A. : Un Canon AE-1 + 50mm f1.2 FD.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
G.D’A. : En numérique, un Hasselblad X2D + 55mm et un Leica Q3. En argentique, un Zenza Bronica 645 et un Canon AE-1.
Comment choisissez-vous vos projets ?
G.D’A. : Au quotidien. Quand quelque chose touche mon cœur et mon âme, cela reste fixé en image. Simple.
Comment décririez-vous votre processus créatif ?
G.D’A. : Regarder, observer, voir. Rien de plus n’est nécessaire.
Un projet à venir qui vous tient à cœur ?
G.D’A. : Je vais passer le mois prochain à Londres. Le métro londonien sera le décor parfait pour continuer à raconter l’amour.
Votre drogue favorite ?
G.D’A. : Les réactions des gens face à mon travail.
La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
G.D’A. : Marcher quelque part où je ne suis jamais allé, avec mon appareil photo.
Quel est votre rapport à l’image ?
G.D’A. : Je suis très rigoureux sur la composition et la géométrie.
Par qui aimeriez-vous être photographié ?
G.D’A. : Clara Greco !
Votre dernière folie ?
G.D’A. : Mon premier Hasselblad.
Si vous n’aviez pas été photographe, vous auriez été… ?
G.D’A. : Je suis aussi designer d’intérieur, cuisinier, frère et fils attentionné.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
G.D’A. : Tout métier où l’art n’est pas apprécié.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
G.D’A. : Escalader une montagne surplombant les îles Éoliennes pour photographier Mahmood par une journée d’été caniculaire. C’était aussi épuisant qu’hilarant.
La question qui vous déstabilise ?
G.D’A. : « Que ferez-vous dans dix ans ? »
La dernière chose que vous avez faite pour la première fois ?
G.D’A. : Un reportage au Brésil.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
G.D’A. : La Polynésie française.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
G.D’A. : Mon refuge est un village en bord de mer près de Palerme. Son nom est Terrasini. Il est magique.
Votre plus grand regret ?
G.D’A. : Avoir des regrets.
Sur les réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, TikTok ou Snapchat, et pourquoi ?
G.D’A. : J’utilise Instagram pour mon travail et TikTok pour le fun et le vlog.
Couleur ou noir et blanc ?
G.D’A. : Noir et blanc.
Lumière naturelle ou artificielle ?
G.D’A. : Lumière naturelle.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
G.D’A. : D’après mon expérience, New York et Londres sont mes terrains de jeu favoris.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous ou préféreriez-vous un selfie avec Lui ?
G.D’A. : Je Lui demanderais de me montrer le chemin (même si je pense qu’Il travaille déjà dur pour moi), puis je Lui volerais une photo.
Si j’organisais votre dîner idéal, qui serait à table ?
G.D’A. : Delia et Vincenzo (ma sœur et mon frère), mes grands-parents et mon meilleur ami Giovanni Sauro.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
G.D’A. : Une roue qui tourne sans fin.
Selon vous, qu’est-ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?
G.D’A. : Les gens ne saisissent plus l’instant présent.
Si vous deviez tout recommencer ?
G.D’A. : J’adorerais !
Ce que vous aimeriez que l’on dise de vous ?
G.D’A. : « Quand as-tu pris cette photo de moi ? »
La chose essentielle à savoir sur vous ?
G.D’A. : Mon mantra : Quand on veut, on peut.