Dominique Issermann: Désormais « Immortelle ».
Pour Dominique Issermann, réussir une photo, c’est créer une image de beauté émouvante pour celui qui la regarde. Femme libre et figure emblématique de la photographie, son travail est identifiable au premier coup d’œil. A ce titre, elle fait partie de l’élite internationale de ce cercle très fermé et vient d’ailleurs d’être choisie comme nouveau membre de cette prestigieuse institution qu’est l’Académie des Beaux Arts de Paris, devenant la première femme photographe à prendre place sur le fauteuil III (précédemment occupé par Bruno Barbey) aux cotés de Yann Arthus Bertrand, Sebastião Salgado, Jean Gaumy.
Toutes nos félicitations Madame !
Son premier déclic eu lieu au fond du jardin, à la compagne lorsqu’elle n’a que 6 ans, Dominique lorgne sur le Brownie Flash de son père et immortalise sa mère qui étend des draps. C’est sa première photo. Plus tard, elle prendra des clichés de sa soeur, de son frère, de ses voisins ou encore des gens qui passent dans la rue. Très vite elle sent qu’il lui fallait partir vers d’autres aventures. Elle se retrouvera d’abord dans le grand chahut idéaliste de mai 68 avant de mettre le cap sur l’Italie. Elle passera cinq ans à Rome avec Cohn Bendit en exil et une belle bande d’agitateurs inoubliables. Travail collectif pour le film de Jean-Luc Godard « Vent d’est » et réalisation de deux longs métrages avec Marc’O « Tamaout » et « Elettra ».
En Avril 1974 elle se rend au Portugal pour couvrir « La Révolution des Oeillets ». Mais lorsqu’elle voit le premier blessé, elle n’a pas envie de continuer à photographier, mais plutôt de porter secours aux victimes.
Elle décide alors d’emprunter un autre chemin et choisi de consacrer son travail à la beauté sous toutes ses formes. Dans la foulée Dominique participe à un concours de photos de mode. Elle décrochera le premier prix ce qui lui permettra de payer sa note de téléphone !
Elle passe ainsi ,des vrais gens dans la vraie vie aux mannequins dans les studios de mode.
Son style prend forme et sa notoriété se met doucement en place. Elle commence à photographier des actrices et des acteurs qui deviendront vite célèbres, parmi lesquels Isabelle Adjani et Gérard Depardieu. Puis viendront Catherine Deneuve, Simone Signoret, Yves Montand, Jeanne Moreau, Fanny Ardant, Serge Gainsbourg, Jane Birkin, Robert de Niro, Anouk Aimée, Sir Lawence Olivier, Isabella Rossellini, Margueritte Duras, Balthus, Leonard Cohen, Bob Dylan, Isabelle Huppert, Françoise Sagan et la liste est encore longue…
Remarquée pour la finesse de ses portraits, Dominique Issermann affiche un style très personnel et s’insère petit à petit dans le monde fermé de l’image. La styliste Sonia Rykiel, lui demande alors de photographier sa collection. Une série qui sera publiée sur 18 pages dans Vogue. S’en suivra une collaboration qui durera plus de dix ans.
A la même période, elle réalise avec le mannequin Anne Rohart un livre de nus au château de Maisons-Lafitte, 30 photos dans le même lieu avec la même personne, et juste un drap.
De longues années durant, la photographe travaille main dans la main avec les plus grands créateurs, qui lui laissent carte blanche. Les voyages s’enchaînent, les campagnes publicitaires et les couvertures de magazines aussi – Vogue Usa, Vogue France, The New York Times magazine, Elle France, Usa, Uk et bien d’autres.-
Dans les années 2000 elle passe au numérique et commence à travailler dans ses archives pour organiser une grande exposition dans la vertigineuse Eglise des Frères Prêcheurs à ARLES à l’occasion des « Rencontres photographiques » 2006. Elle découvre l’architecture de Peter Zumthor, aux Thermes de Vals où elle entraîne Laetitia Casta pour un nouveau livre : « Laetitia Casta par Dominique Issermann ».
L’expérience romaine lui a laissé le goût du cinéma. Leonard Cohen dans les années 90 lui a confié la réalisation de ses clips « Dance me » et « Manhattan », S’en suivront Catherine Deneuve, Renaud et Patricia Kaas. C’est ainsi que Bob Dylan débarque un jour en 2004 devant sa caméra, convié par VICTORIA’S SECRET à faire une unique et légendaire apparition dans le monde du film publicitaire.
Passionnée comme au premier jour, la photographe enchaine les campagnes de pub pour Chanel, Dior, Valentino, Hermès.
Son attachement à l’image est essentiel et Dominique Issermann a toujours aimé faire des photos pour les journaux et les magazines, car ça lui plaisait de savoir que ses photos pourraient peut-être emballer du poisson ou empêcher les chaussures de perdre leur forme.
Elle cherche la perfection aime raconter des histoires singulières et poétiques. Ses images sont pudiques, sensuelles et intensément érotique à la fois sublimant tous ceux qu’elle photographie.
Novembre 2017, elle reçoit le LUCIE AWARD au Carnegie Hall à New York, pour l’accomplissement de son travail en photographie de mode. « C’était très impressionnant d’être dans la même liste que Helmut Newton, Annie Leibovitz, Richard Avedon, William Klein. » confira-t-elle
Mais que l’on se rassure, l’histoire ne s’arrête pas là, Dominique Issermann a toujours des projets publicitaires et éditoriaux, des livres et d’expositions sont également en préparation.
Affaires à suivre donc…
Website : dominiqueissermann.com
Instagram : dominiqueissermann
Votre premier déclic photographique ?
Dominique Issermann : J’ai déclenché le brownie flash de mon père quand j’avais 6 ans pour photographier ma mère qui étendait les draps.
L’homme d’images qui vous inspire ?
Dominique Issermann : Michelangelo Antonioni.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Dominique Issermann : Photographier Judy Dater photographiant Imogen Cunningham photographiant Twinka.
Celle qui vous a le plus émue ?
Dominique Issermann : La Feuille de Chou d’Edward Weston, 1931.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Dominique Issermann : Les photos de mariages forcés.
La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Dominique Issermann : Voir la beauté au coin de la rue ou sur le trottoir d’en face.
Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?
Dominique Issermann : Ce n’est jamais la même.
L’appareil photo de vos débuts ?
Dominique Issermann : Le Rolleiflex.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Dominique Issermann : Canon 5D mkIV.
Votre drogue favorite ?
Dominique Issermann : Le chocolat.
Votre plus grande qualité ?
Dominique Issermann : Demandez à mes amis…
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Dominique Issermann : Ce sont des espèces en voie de disparition…
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Dominique Issermann : Cosmonaute, passionnant mais trop confiné hélas…
Votre plus grand regret ?
Dominique Issermann : La disparition du film Polapan.
Instagram ou snapchat ?
Dominique Issermann : Instagram.
Couleur ou N&B ?
Dominique Issermann : N&B.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Dominique Issermann : Lumière du jour.
Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Dominique Issermann : Comme dieu n’existe pas, ça ne me pose aucun problème.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Dominique Issermann : Des millions d’images prises chaque seconde…