Entre réel et irréel
Dafna Talmor est une artiste et conférencière basée à Londres dont la pratique englobe la photographie, les interventions spatiales, la conservation et les collaborations.
Une grande partie de son travail consiste en des paysages mis en scène à partir de collages et de montages de négatifs couleur pris dans divers endroits, fusionnés et transformés afin de leur donner plus de relief encore. Les photographies qui en résultent sont un amalgame, » réel » mais aussi virtuel et imaginaire. Son souhait : transformer un lieu spécifique – initialement chargé de souvenirs et de connotations personnelles – en un espace d’une plus grande universalité. Véritable dialogue entre ce qu’elle voit et l’histoire de la photographie, ses images font ça et là référence aux premiers processus pictorialistes d’impression combinée, tout en s’engageant dans un discours contemporain très poussé brouillant ainsi métaphoriquement lieu, mémoire et temps.
Ses photographies font partie de collections publiques telles que le Victoria and Albert Museum, la Deutsche Bank, Hiscox et de collections privées internationales. Le travail de Talmor est inclus dans Post- Photography: The Artist with a Camera de Robert Shore (Laurence King Publishing 2014) et Alternative Photographic Processes:Crafting Handmade Images de Brady Wilks (Focal Press 2015) et a été présenté dans des publications telles que 1000 Words, Elephant Magazine, Camera Austria, ArtReview, IMA, BJP, Hotshoe, GUP, Photomonitor, Artra et BLOW. Son premier livre Constructed Landscapes, a été publié par Fw:Books en octobre 2020.
Parallèlement à son travail de photographie, Dafna Talmor dirige aussi chaque été l’école des beaux-arts de Goldsmiths, Université de Londres, travaille en free-lance en tant que conférencière invitée au niveau national et international et anime des ateliers dans différents contextes, notamment à Unseen Amsterdam, Tate Modern, The Photographers’ Gallery, Photofusion, dans des écoles et des universités.
Website : http://www.dafnatalmor.co.uk
Galerie : www.tobegallery.hu
Votre premier déclic photographique ?
Dafna Talmor : Plutôt que de choisir une image unique, je me souviens qu’un de mes premiers professeurs d’art nous a présenté l’idée de la photographie mise en scène, et comment cela a eu un impact significatif sur ma façon de penser la photographie, et la construction des images, quelque chose à laquelle je continue de penser, et qui est au cœur de ma pratique.
L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Dafna Talmor : Ils sont trop nombreux et changent constamment….
L’image que vous auriez aimé faire ?
Dafna Talmor : Le fait d’être inspiré par le travail des autres me donne toujours envie de faire le mien.
L’image qui vous a le plus ému ?
Dafna Talmor : Les images de Strange Fruit, une série récente de Jon Henry.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Dafna Talmor : Les vidéos du meurtre de George Floyd.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Dafna Talmor : L’une des premières images que j’ai réalisées dans la série Constructed Landscapes : Sans titre (0811-1), 2012 Elle a marqué un changement important dans ma pratique.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
Dafna Talmor : Une photo avec ma grand-mère de ma sœur et moi devant notre maison d’enfance, déguisées en nos personnages préférés du Muppet Show (ma sœur en Miss Piggy, moi en Rowlf le chien, le pianiste résident). Ma grand-mère, qui était couturière, avait fait les costumes pour nous.
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre d’art que vous rêveriez d’acquérir ?
Dafna Talmor : Il y en a tellement ! La première qui me vient à l’esprit serait une œuvre de Lee Krasner (de ses collages réutilisés). Il y a eu une brillante exposition de ses œuvres à la Barbican Gallery de Londres il y a quelques années – j’aurais été ravie de repartir avec plusieurs pièces. En termes de photographie, La Grande Vague, l’un des tirages de Gustave Le Gray.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Dafna Talmor : Il y a beaucoup de qualités, tout dépend du type de photographe. Il n’y a pas de formule unique. Chaque artiste a sa propre façon de réagir au monde à travers son travail et ses idées, et c’est ce qui rend les choses intéressantes.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Dafna Talmor : Il n’y a pas de secret, c’est une combinaison de facteurs qui entrent en jeu.
La personne que vous aimeriez photographier ?
Dafna Talmor : Je n’aime pas photographier les gens. Cela me met vraiment mal à l’aise.
Un livre photo indispensable ?
Dafna Talmor : Cela change régulièrement, mais l’un des premiers livres de photo que j’ai acheté lorsque j’étais étudiante était I’ll be Your Mirror de Nan Goldin.
L’appareil photo de votre enfance, de vos débuts ?
Dafna Talmor : Un Pentax ME Super que mon père m’a offert. Je l’adorais, et je l’ai toujours.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Dafna Talmor : Un Mamiya PRO 645. J’ai le même depuis 1998. Je l’ai acheté juste avant de commencer mes études d’Arts au Goldsmiths College et je me souviens encore de l’excitation de le tenir dans mes mains pour la première fois.
Le meilleur moyen de se déconnecter pour vous ?
Dafna Talmor : La natation ou un bon bain – en gros, être immergé dans l’eau et loin de mes appareils !
Quelle est votre relation avec l’image ?
Dafna Talmor : Glissante et complexe.
Votre plus grande qualité ?
Dafna Talmor : L’empathie.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Dafna Talmor : Une falaise ou une paroi rocheuse avec un élément d’eau, idéalement sous forme de collage.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Dafna Talmor : J’ai eu beaucoup de chance. Tous les emplois que j’ai occupés ont été une bonne expérience d’une manière ou d’une autre, principalement en raison des personnes avec lesquelles j’ai travaillé.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Dafna Talmor : Mon scanner à plat Heidelberg.
Quelles sont, selon vous, les passerelles entre la photographie et le design ?
Dafna Talmor : Je pense qu’ils se complètent.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Dafna Talmor : L’Islande et le Japon
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Dafna Talmor : Ma chambre noire pour la couleur
Votre plus grand regret ?
Dafna Talmor : Je ne crois pas aux regrets.
En ce qui concerne les réseaux sociaux, êtes-vous plus adepte d’Instagram, Facebook, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Dafna Talmor : J’ai une relation très ambivalente avec les réseaux sociaux et je n’utilise que Twitter et Instagram, donc si je devais choisir, ce serait Instagram, car il est le plus axé sur l’image (ou l’était !).
Couleur ou N&B ?
Dafna Talmor : La couleur, car c’est ce que j’utilise principalement dans mon travail, mais j’aime aussi le N&B, tout dépend du travail et de ce qui a du sens conceptuellement.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Dafna Talmor : Lumière du jour.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Dafna Talmor : Je ne photographie pas vraiment les villes… Si je le fais, j’ai tendance à supprimer tout élément architectural reconnaissable.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Dafna Talmor : Ni l’un ni l’autre.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui se trouverait autour de la table ?
Dafna Talmor : J’ai vraiment eu du mal avec cette question. La liste est devenue incontrôlable ! Peut-être qu’une soirée dansante serait plus appropriée.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Dafna Talmor : La première image qui me vient à l’esprit est The Destroyed Room, 1978, de Jeff Wall.
Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Dafna Talmor : L’égalité. Il faut un changement important pour parvenir à une société juste et équitable au niveau mondial.
Si vous deviez tout recommencer ?
Dafna Talmor : Je ne le ferais pas. Comme je l’ai dit, je ne crois pas aux regrets. Bien sûr, si je pouvais vivre plus longtemps, il y a tellement de choses à apprendre et à expérimenter, et je pourrais passer du temps avec d’autres personnes.