Chang Ki Chung, l’alchimiste de la lumière et de l’éphémère
Photographe coréen installé à Paris, Chang Ki Chung explore, avec une délicatesse infinie, l’équilibre fragile entre la matière et le temps. Son regard transcende l’ordinaire : fruits, fleurs, objets du quotidien deviennent des œuvres intemporelles où la lumière sculpte les formes et révèle des émotions insoupçonnées.
Formé à la photographie en Corée et au Japon, il a d’abord marqué le monde de la publicité et du portrait avant de devenir, en 1990, le photographe officiel du Président de la République coréenne. Mais en 1993, en quête d’un rapport plus intime avec son art, il quitte Séoul pour s’installer à la campagne. Dès lors, la nature devient son atelier et sa muse. À la manière d’Edward Weston ou d’Ansel Adams, il se consacre aux natures mortes et à la photographie d’art.
Son travail dialogue avec l’invisible. En noir et blanc ou en couleur, ses séries s’articulent autour de thématiques introspectives : la mémoire des objets, la fugacité de la lumière, l’inattendu dans le banal. Dans Promises (2010), il fait de la pomme un symbole du parcours humain. Avec Poppy, il humanise la fleur, capturant son essence vibrante. Son œuvre oscille entre poésie et rigueur, entre maîtrise technique et abandon à l’accident heureux.
Installé en France depuis 2011 après une résidence à la Cité Internationale des Arts, Chang Ki Chung expose régulièrement dans des musées et galeries en Corée et en Europe. La BNF a inscrit ses œuvres à son prestigieux Département des Estampes et de la Photographie, confirmant ainsi son empreinte singulière dans le paysage artistique contemporain.
Ses prochains rendez-vous témoignent de cette reconnaissance : une exposition solo à Séoul (Conversations verticales), une participation au Centre Culturel Coréen à Paris (Les contours du temps), et une série inédite commandée par la Galerie Pradier-Jeauneau (Passeggiata).
Poète de l’image, alchimiste du visible, Chang Ki Chung nous invite à voir au-delà du regard.
Website : www.chungchang-ki.com / Instagram : @changki_chung
NEWS __
- 📍 Exposition Solo « Conversations verticales »du 17 mars au 8 avril à la Galerie « Art Space X » à Sé
- 📍 Exposition d’une de ses récentes oeuvres « Lever de rideau » dans le cadre de « les contours du temps » du 21 mars au 5 avrilau Centre culturel coréen à Paris avec l’association des artistes Sonamou.
- 📍« Passeggiata», une exposition solo qui lui sera consacrée en novembre et décembre prochain à la Galerie Pradier-Jeauneau ,32 Rue de Verneuil ,Paris 7ème.
Votre premier déclic photographique ?
ChangKi : Des cours de photographies données au lycée par mon professeur d’anglais dans le cadre du cursus scolaire quand j’avais 14 ans. La 1ère œuvre photographique que j’ai vue était de lui, c’était le dos d’une femme à la plage avec des grains de sable collés sur sa peau. Cela m’a vraiment impressionné.
L’homme ou la femme d’image qui vous a inspiré ou qui vous inspire toujours ?
ChangKi : Edward Weston pour ses natures mortes (poivron, coquillages.).
L’image que vous auriez aimé prendre ?
ChangKi : Une photo de Nobuyoshi Araki qui montre une tulipe rouge sombre la tête renversée tel un pinceau de calligraphie.
Celle qui vous a le plus ému ?
ChangKi : Une nature morte de Joseph Sudek de sa série « Le monde à ma fenêtre » montrant un vase avec des roses, un coquillage. Le fond est la fenêtre de son atelier avec de la condensation…La qualité d’exécution est juste incroyable.
Et celle qui vous a mis en colère ?
ChangKi : De façon générale, les photographes qui se contentent de copier les autres et n’apportent aucune créativité personnelle.
Quelle photo a selon vous changé le monde ?
ChangKi : La petite fille au napalm de Nick Ut, qui montre la brutalité de la guerre face à l’innocence de l’enfant.
Et quelle photo a changé votre monde ?
ChangKi : Une photo de Jan Groover mettant en scène des vases dans un camaieu de blancs, dans un esprit très Morandi.
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans une image ?
ChangKi : Le fait qu’elle illustre une métaphore.
Quelle est la dernière photo que vous ayez prise ?
ChangKi : Une photo du ciel et de la mer à Trouville.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
ChangKi : « Le lever de rideau » de ma dernière série en noir et blanc « Vegetal skyline » qui évoque un Rothko par son minimalisme inspiré de la nature.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
ChangKi : Une photo de moi avec ma famille auprès d’une rivière quand j’avais 2 ans. Malheureusement elle est perdue aujourd’hui.
Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
ChangKi : Ne s’interdire aucun sujet, ne pas avoir d’a priori.
Qu’est-ce qu’une bonne photo ?
ChangKi : Une photo dont on arrive pas à détacher le regard.
La personne que vous aimeriez photographier ?
ChangKi : Ma muse.
Un livre photos indispensable ?
ChangKi : Yamamoto Masao « Small things in silence ».
L’appareil photo de votre jeunesse ou de vos débuts ?
ChangKi : Un Canon FTB.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
ChangKi : Un Hasselblad 500cm et un Leica R.
Votre drogue favorite ?
ChangKi : Les voyages.
Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
ChangKi : La randonnée.
Quelle est votre relation personnelle à l’image ?
ChangKi : Je ne fais jamais d’autoportrait, mon visage ne m’intéresse pas.
Lorsque vous vous regardez dans un miroir, que voyez-vous ?
ChangKi : Un visage serein.
Par qui aimeriez-vous être photographié ?
ChangKi : Par un de mes amis photographes coréens, WOO JeongIl.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
ChangKi : Un ciel avec des nuages pour montrer l’impermanence des choses (et de l’argent).
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
ChangKi : Dormir dans ma voiture à côté de la mer pour être certain de ne rien manquer du lever du jour et de la brume.
Un souvenir visuel qui a marqué votre carrière ?
ChangKi : Accompagner le Président de la république coréenne dans ses voyages comme photographe officiel.
Quelle question pourrait vous faire sortir de vos gongs ?
ChangKi : Avez-vous utilisé l’intelligence artificielle pour faire votre photo ?
Quelle est la dernière chose que vous avez faite pour la première fois ?
ChangKi : Séjourner à Annecy dans une maison avec une vue panoramique unique sur le lac.
Quel endroit rêvez-vous encore de découvrir ?
ChangKi : La plaine saline d’Uyuni en Bolivie.
Le lieu dont vous ne vous lassez jamais ?
ChangKi : Les Alpurrajas en Andalousie.
Votre plus grand regret ?
ChangKi : D’avoir vendu mon atelier en Corée.
En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Twitter et pourquoi ?
ChangKi : Instagram principalement. C’est simple pour poster et cela permet de mettre à jour mon actualité régulièrement et de façon impactante.
Couleur ou N&B ?
ChangKi : En ce moment, grand retour au noir et blanc !
Lumière du jour ou lumière studio ?
ChangKi : Toujours la lumière du jour. Elle est difficile à apprivoiser et capricieuse. Elle demande beaucoup de technique mais on est tellement récompensé par la qualité du rendu.
Quelle ville vous semble la plus photogénique ?
ChangKi : Naples.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous ou préféreriez-vous un selfie avec lui ?
ChangKi : J’aimerais faire son portrait.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
ChangKi : Mes parents.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
ChangKi : Une photo qui représente l’instabilité mais aussi la possibilité d’un avenir moins désespéré qu’il n’y parait comme ma photo « Take it easy » de la série « Light inside me ». L’humour comme remède à la morosité !
Si vous n’aviez pas été photographe ?
ChangKi : Plus jeune, je rêvais d’être pilote d’avion dans l’armée.
Si vous deviez tout recommencer ?
ChangKi : Je serai un photographe nomade et voyageur.
Qu’aimeriez-vous que l’on dise de vous ?
ChangKi : Que je ne cesse de réinventer mon art avec passion.
Un dernier mot ?
ChangKi : Ces 15 dernières années en France ont été très riches. La diversité des paysages, de l’architecture, des objets, la subtilité de la langue et de la culture françaises ont contribué à inspirer mon travail au quotidien.