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Le Questionnaire : Benjamin Didier par Carole Schmitz

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Benjamin Didier … de la poésie.

Benjamin Didier est un photographe contemporain reconnu pour son approche singulière de la photographie. Son travail explore souvent des thèmes liés à la mémoire, la perception, et le jeu entre la lumière et l’ombre. Ses photographies se distinguent par une qualité poétique, où la simplicité se mêle à la profondeur, invitant le spectateur à une réflexion au-delà de l’apparence.

Il utilise parfois des techniques non conventionnelles, comme la photographie au sténopé, pour créer des images qui défient les notions traditionnelles de netteté et de profondeur, mettant en avant l’impression générale plutôt que les détails spécifiques. Inspiré par des photographes iconiques comme André Kertész, il accorde une grande importance à la sincérité dans l’art, et affirme que l’essence d’une bonne photographie réside dans son authenticité.

Il ne cherche pas à créer l’image « parfaite », préférant embrasser l’incertitude et la spontanéité comme moteurs de sa créativité. Son travail a été exposé dans diverses galeries en France et à l’étranger, dont une exposition prochaine à la Galerie Art Therapy à Paros, en Grèce. Avec une profonde appréciation pour la lumière naturelle et l’expérience tactile des photographies imprimées, Benjamin Didier continue de repousser les limites de la photographie contemporaine, alliant son amour pour la matérialité des images à sa passion pour la narration.

 

Votre premier déclic photographique ?
Benjamin Didier : Lorsque j’ai attrapé l’appareil de ma mère vers 7 ou 8 ans, un Minox à l’époque, car j’en avais assez qu’elle ne cesse de me prendre en photo en permanence. Et je dois avouer que je me suis rapidement pris au jeu. L’idée de réaliser des images me procurait des frissons. Cela correspondait également à mon petit côté geek. Mais ce n’est qu’après mes 30 ans que j’ai choisi d’en faire mon métier.

L’homme d’images qui vous inspire ?
Benjamin Didier : Il y en a plusieurs mais en tout premier lieu je dirai André Kertèsz. J’aime l’apparente simplicité de ses images. Mais également son audace, car c’est quelqu’un qui a beaucoup expérimenté. Toutes proportions gardées, je me retrouve un peu dans son travail.

L’image que vous auriez aimé faire ?
Benjamin Didier : J’en rêve toujours, elle est à venir.

Celle qui vous a le plus ému ?
Benjamin Didier : C’est l’image d’un petit nuage auprès d’un building new-yorkais. Elle a été réalisée par Kertész. Elle me touche car elle est simple et pleine de poésie.

Nuage égaré © Andre Kertész

 

Et celle qui vous a mis en colère ?
Benjamin Didier : Plus qu’une image précise, c’est davantage une photo faite pour plaire, et qui par conséquent manque de sincérité, qui me met en colère.

La qualité nécessaire pour être un bon photographe?
Benjamin Didier : La sincérité, c’est essentiel tous arts confondus.

Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?
Benjamin Didier : Je ne crois pas à l’image parfaite, et quand bien même ce secret existerait le jour où j’en aurai connaissance j’arrêterai immédiatement la photographie, l’incertitude est mon moteur créatif.

Quelle photo a selon vous changé le monde ?
Benjamin Didier : Sans hésiter la première photo, celle de Nicéphore Niépce.

Et quelle photo a changé votre monde ?
Benjamin Didier : Paradoxalement, mais je ne suis pas à un paradoxe près, c’est un tableau de Van Gogh (sa chambre à Arles) qui a été dans mon enfance un vrai choc esthétique, je suis resté littéralement bloqué devant cette œuvre.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans une image ?
Benjamin Didier : Le sujet est pour moi assez secondaire dans la mesure où je ne me fixe pas de limites particulières même si j’ai quelques marottes dans la construction de mes photographies (l’usage du sténopé, le jeu visuel avec les diptyques…), au final c’est surtout la sensation physique qui se dégage d’un tirage.

Quelle est la dernière photo que vous ayez prise ?
Benjamin Didier : Une photo au sténopé, j’adore mettre un capuchon de protection percé à la place d’un objectif, cela exprime l’entre-deux : pas d’effet de profondeur de champ, pas de netteté…on garde avant tout une impression d’ensemble ; un peu comme la mémoire pour ceux, comme moi, qui n’ont pas la mémoire dite photographique.

Un souvenir photographique de votre enfance ?
Benjamin Didier : Pas de photographie en particulier, mais quand mon père m’a enfin donné son appareil et que je suis allé photographier la forêt récemment calcinée qui m’entourait pendant mes vacances, le sujet peut paraitre lugubre mais ce jour-là je crois que j’ai compris que l’on photographiait davantage avec son « cœur », qu’il soit heureux ou brisé comme ce jour-là, qu’avec ses yeux.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Benjamin Didier : Ce n’est pas nécessairement ma photo préférée, mais c’est la photo qui a été le déclic pour imaginer et mettre au point ce procédé particulier qui fait partie, entre autres, de ma nouvelle série « La forme de l’eau ».

Un livre photo indispensable ?
Benjamin Didier : La Trilogie de Ralph Gibson, ce photographe est un pur génie.

L’appareil photo de vos débuts ?
Benjamin Didier : Un Minolta 7000 avec lequel j’ai fait mes vraies premières photos.

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Benjamin Didier : Leica M10 Monochrom.

Votre drogue favorite ?
Benjamin Didier : La photographie bien sûr ! Rien n’est plus gratifiant que de voir une photo se matérialiser sur le papier.

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Benjamin Didier : Le kite surf, car je suis en relation directe avec les éléments de la nature.

Votre plus grande qualité ?
Benjamin Didier : L’enthousiasme.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Benjamin Didier : Voilà une question qui ne m’inspire pas de réponse.

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Benjamin Didier : Comptable.

Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
Benjamin Didier : Le procédé photographique que j’ai mis au point pour ma nouvelle série qui matérialise mon fantasme de la 3e dimension en photographie.

Les valeurs que vous souhaitez partager au travers de vos images ?
Benjamin Didier : Il me semble que le rôle d’un artiste c’est de faire des propositions, de questionner…partager des valeurs c’est déjà donner des réponses et je n’ai pas cette prétention à travers ma photographie.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Benjamin Didier : J’ai toujours eu une attirance pour les grands espaces car j’aime la façon dont les éléments s’expriment dans ces endroits, j’ai eu la chance de traverser la Patagonie il y a une dizaine d’année ; mais depuis longtemps je rêve de la Mongolie.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Benjamin Didier : Les Cyclades en Grèce.

Votre plus grand regret ?
Benjamin Didier : Il me semble qu’il est encore trop tôt pour en avoir.

Instagram, Tik Tok ou Twitter ?
Benjamin Didier : Instagram est pour moi comme un carnet de notes. C’est également un outil de communication. Mais je ne suis pas à l’aise avec ce genre de support, car globalement, je pense que regarder sur un écran retire l’essentiel de ce qu’est vraiment le travail photographique. Il est difficile d’apprécier une image à sa juste valeur de cette manière, j’aime la photo à travers sa dimension physique ; le choix du procédé, du papier, et de la taille de la représentation de l’image sont indissociables dans mon travail

Quel est votre rapport à l’image ?
Benjamin Didier : J’ai un rapport sensuel/physique à la photographie. J’ai toujours en moi l’enfant qui dans un musée à envie de toucher les œuvres avec ses mains ; alors que l’on a le droit de « toucher » uniquement avec les yeux ; cet interdit s’est révélé être un puissant moteur de création même si j’ai choisi de m’exprimer à travers la photographie qui par nature est en deux dimensions…encore un paradoxe !

Couleur ou N&B ?
Benjamin Didier : Depuis quelques années je travaille exclusivement en Noir et Blanc ; pour traduire l’ombre et la lumière, les formes et la matière c’est le mode d’expression idéal en plus d’être sans détours. J’aime la couleur mais en tant que couche d’information il faut vraiment qu’elle apporte quelque chose.

Lumière du jour ou lumière artificielle?
Benjamin Didier : La lumière naturelle sans hésiter, que ce soit le jour ou la nuit notamment au clair de lune.

La ville la plus photogénique selon vous ?
Benjamin Didier : J’adore l’Italie en général, et j’ai eu un très gros coup de cœur pour Rome à laquelle j’ai consacré un sujet à part entière, c’est, à mes yeux, le creuset de notre esthétique occidentale.

Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?

Benjamin Didier : Je suis bien trop pudique pour lui demander un selfie et puis j’ai horreur de m’afficher. Mais en même temps ne dit-on pas que Dieu est tout et dans tout, donc s’il existe je photographie sans doute un peu de lui par-ci, par-là !

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Benjamin Didier : Je dirai la photo de couverture du livre « Lendemains » de Joel Meyerowitz sur l’après du 11 Septembre 2001…la destruction d’un monde mais pas la fin du monde ; malgré tout, je suis un indécrottable optimiste.

 

Actualité :

 

Website : www.benjamindidier.com

Instagram : benjaminddb

Représenté par la Galerie Wilo & Grove à Paris : https://www.wilo-grove.com

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