Aurélien Bouvier : La photo comme un exutoire
Originaire de Normandie Aurélien Bouvier est né d’un papa vétérinaire et d’une maman institutrice, il a très vite appris que l’autonomie n’avait pas de prix.
Après un parcours scolaire compliqué car le cadre traditionnel de l’école n’était pas fait pour lui, il a trouvé sa voie dans le cinéma. Egalement fasciné par la musique et par tant d’autres choses à condition qu’elles aient un lien avec le beau, qu’elles soient vivantes et qu’il puisse toujours y découvrir quelque chose de neuf…
C’est certain, la routine n’est pas faite pour lui ! Il a toujours eu besoin de tester ce qu’il ne connaissait pas, de comprendre, de se remettre en question.
Avec sa formation d’ingénieur du son dans le cinéma, en ayant fait un parcours général lié à l’image et à la prise de vue, il a très vite dérivé vers le monde du spectacle surtout du côté technique travaillant à l’étranger sur la plupart de ses projets.
Et la photo dans tout cela me direz-vous ?
La photo est à la base pour Aurélien le moyen de se souvenir de ses voyages et des moment forts, heureux, triste ou enrichissant de ces rencontres à l’étranger.
Spontanément il fait le choix du noir et blanc qu’il trouve plus personnel : « j’ai déjà un problème avec la couleur et le noir et blanc me repose. » Un choix qui lui permet de se concentrer sur la forme pure de l’image.
Il n’aime prendre en photos des personnes ou des visages, préférant se concentrer sur la forme, le mouvement, réalisant ainsi des photos, des vidéos, ou encore des peintures.
En septembre 2020, il est contacté par une galerie à Jersey près de New York. Celle-ci était intriguée par une de ses photos.
C’est à ce moment-là qu’il commence à se prendre au jeu d’Instagram et des hashtags.
Par la ensuite il continuera prendre des photos plus librement, obtient quelques publications, dans des magazines et un award l’année passée pour le magazine 256 photos.
Il crée « Colorpissedmeoff » une idée derrière laquelle il n’utilise pas de couleurs qui pour lui sont des messages visuels qui troublent son propos. L’idée est de se concentrer sur la forme visuelle d’un moment, d’un mouvement ou d’une sensation.
La photo et l’art sont, en général, un exutoire pour lui De son propre aveu, Il ne possède aucune réelle technique photographique, ce qui lui donne l’impression de rester libre de faire ce qu’il veut.
Il prend ainsi toutes ses images à l’iPhone avec très peu de traitements ensuite pour en présenter toute sa spontanéité.
A suivre !
Instagram : @ Colorpissedmeoff
Votre premier déclic photographique ?
Aurélien Bouvier : La photo « Braquage » de Ladj Ly, j’étais en école de cinéma à l’époque, quelle claque !!
L’homme d’images qui vous inspire ?
Aurélien Bouvier : Alain Laboile, tous ses clichés sont dingues, spontanés. J’aime le fait qu’il soit un concept artistique en lui-même.
« Fisherking »
L’image que vous auriez aimé faire ?
Aurélien Bouvier : On est d’accord qu’une image n’est pas forcément une photo ? Alors je dirais : « Carré Blanc sur fond blanc » de Kasimir Malevitch. Ce tableau est juste dingue, enlever le plus possible de signaux visuels et en faire un tableau c’est du génie.
Celle qui vous a le plus ému ?
Aurélien Bouvier :« Napalm Girl » de Nick Ut, toujours actuelle, cruelle de vérité. J’ai compris ce jour là le pouvoir de l’image, que ce soit en photo, vidéo ou autre.. Tant que les gens ne voient pas les choses de leurs yeux, cela reste un « il parait »..
Et celle qui vous a mis en colère ?
Aurélien Bouvier : Pas très artistique mais l’image de Balkany en train de danser pendant la fête de la musique 2020 fraîchement libéré de prison pour raison de santé à tendance à m’irriter un peu. La voici, juste pour le plaisir. 🙁
Une image clé de votre panthéon personnel ?
Aurélien Bouvier : Une image à moi ? Suis pas très à l’aise avec ça car je me sens à peine légitime de montrer mes photos. Je dirais « Splashing Pool », je l’aime bien et elle est très personnelle pour moi..
Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Aurélien Bouvier : Ce serai « Black Flag » de William Forsythe. Ce sont deux bras robotisés qui dansent ensemble avec chacun un énorme drapeau noir. C’est précis, c’est beau, le son des drapeaux est magnifique, c’est poétique et glaçant à la fois.
Selon vous quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Aurélien Bouvier : La spontanéité. J’ai l’impression que beaucoup de photographes sont un peu coincés ou alors se mettent des barrières techniques ou stylistiques. Pour moi un photographe prend ce qui lui plait au moment où il le décide. Je n’ai aucune technique photographique, cela me laisse libre, je ne me sens pris dans aucun carcan technique, si cela ne marche pas en photo, peut-être que c’est un tableau, une vidéo, ou un morceau de musique. L’important est de dire ce qu’on à dire, peu importe le format.
Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?
Aurélien Bouvier : La photo est spontanée donc c’est impossible de savoir si le cliché est parfait ou pas. Aurait-elle été mieux 1 seconde avant ou après ? La photo est ce qu’elle est, comme toutes choses parfaitement imparfaites, c’est ce qui fait qu’elle nous plait.
La personne que vous rêveriez de photographier ?
Aurélien Bouvier : Je n’aime pas trop les humains en général et du coup encore moins dans la photo mais je dirais Guillaume Sanchez pour passer un bon moment ..
Un livre photo indispensable ?
Aurélien Bouvier : N’importe lequel de chez Alain Laboile.
L’appareil photo de votre enfance ?
Aurélien Bouvier : En général, j’avais un appareil quand je partais en voyage scolaire, les Fuji jetables avec 12 poses et quelques fois il y avait 24 pose et c’était alors la fête s!! Déjà aucunes photos classiques des endroits où j’allais à l’époque 😉 et surtout, je gardais des poses pour faire des photos en rentrant ..
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Aurélien Bouvier : IPhone 12 Pro, toujours dans la poche, efficace, rapide.. Je traite mes photos très rapidement par manque de temps, Quand j’en prends une en générale elle est publiée dans la minute, elle me plait comme ça à l’instant T.
Votre drogue favorite ?
Aurélien Bouvier : Euh. On peut tout dire ? Le voyage définitivement, pendant la Covid je tremblais. Pas évident de tout concilier en partant souvent, mais put** que c’est bon.
La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Aurélien Bouvier : Me mettre dans un avion ou dans mon atelier.
Quel est votre rapport à l’image ?
Aurélien Bouvier : Je suis quelqu’un qui vient de la musique techno, j’ai longtemps dénigré l’image notamment dans mes études où la photo et la vidéo me paraissaient élitistes. La musique était plus accessible financièrement. Quand j’ai commencé à grandir, j’ai compris que l’art pouvait être un métier, je me suis ouvert à toutes les formes d’art et l’image est apparue… et au final elle est aussi accessible que la musique !!
Ce que j’aime dans l’image c’est qu’elle ne te laisse pas d’autre choix que de la regarder que tu le veuilles ou non. Une musique, un film tu peux couper, une image tu la vois et elle reste en une fraction de seconde. C’est comme un hold-up artistique, on ne te laisse pas le choix, on te met un flash visuel devant les yeux, à toi ensuite de voir ce que tu veux en faire.
Votre plus grande qualité ?
Aurélien Bouvier : Je crois que j’ai envie de tout essayer dans tous les domaines et vite, je sais pas si c’est vraiment une qualité du coup..
Votre dernière folie ?
Aurélien Bouvier : Je pense que c’est un casque VR, je voulais comprendre ce qu’est le metaverse, J’ai compris, et c’est prometteur..
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Aurélien Bouvier :« Rage, the Flower thrower » de Banksy.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Aurélien Bouvier : Chirurgien et tout ce qui en relation avec le médical ou un truc genre banquier, trader..
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Aurélien Bouvier : Une fois j’ai fait une vidéo, je laissais balancer un pot de peinture au dessus d’une toile pour faire un tableau. J’ai reçu un message d’une personne qui voulait voir le tableau, du coup je lui ai répondu avec une nouvelle vidéo dans laquelle je brulais le tableau. Simple, Efficace, ce qui était beau dans ce tableau, c’était le mouvement, la séquence, le chemin parcouru pour le faire, pas le résultat.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Aurélien Bouvier : Je ne suis jamais allé en Amérique du Sud. Ça me brancherait bien, le Pérou tout ça. Le Cap Horn fait partie de ma « to do list » 😉
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Aurélien Bouvier : Chez moi !!! A la campagne, au top.
Votre plus grand regret ?
Aurélien Bouvier : Peut-être avoir tardé à prendre conscience de l’importance de l’art pour moi, à l’exploiter…
Coté réseaux sociaux, êtes vous plutôt Instagram, Tik Tok ou Snapchat et pourquoi ?
Aurélien Bouvier : Seulement Instagram, c’est avec ce réseau que la photo à commencé pour moi donc j’ai surfé, même si ça devient de plus en plus TikTok cette histoire.
Il y a d’autres plateformes naissantes dans le Meta verse mais encore un peu tôt, En revanche, si l’idée que chaque artiste puisse avoir une galerie personnelle dans un endroit virtuel est dingue.. Cela ne remplacera jamais le physique mais pour les gens qui débutent comme moi, je trouve ça génial.
Couleur ou N&B ?
Aurélien Bouvier : N&B !!! Le choix du Noir et Blanc pour moi est important.
La vie est en couleur, on est submergé de couleurs, de pubs, de lumières. Le noir et blanc permet de mettre le cerveau en pause et de se concentrer sur la forme et le moment. La couleur ajoute des informations visuelles dont je ne veux pas. Je ne dis pas du tout qu’il n’y a pas de belles choses en couleurs, ce n’est juste pas mon langage.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Aurélien Bouvier : Peu importe, c’est comme cela vient. Je ne modifie jamais l’environnement, je ne sais pas ce qu’est un studio, un projecteur lumière et autres accessoires.
La ville la plus photogénique selon vous ?
Aurélien Bouvier : Paris évidemment !!! mais je ne suis pas objectif. Sinon je dirais New-York ou une bonne grosse ville d’Asie comme Bangkok ou Tokyo.
Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Aurélien Bouvier : Si il existait, j’aurai déjà quelques questions pour comprendre 2, 3 trucs, et après je ferai peut-être un petit selfie pour montrer à ma mère qu’elle avait raison..
Si je pouvais organiser votre diner idéal, quelles seraient les personnes présentent autour de la table ?
Aurélien Bouvier : Ouh la question est difficile, mais dans le désordre je dirais : Tom Yorke, Aphex twin, Snoop Dog, Yves Klein, Jackson Pollock, Christopher Nolan, Albert Dupontel, Benoit Poelvoorde, Guillaume Sanchez..
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Aurélien Bouvier : Le dernier rapport du Giec…
Qu’est ce qui manque au monde d’aujourd’hui ?
Aurélien Bouvier : Un peu de bon sens, et de bienveillance.
Si vous deviez tout recommencer ?
Tout pareil, mais en prenant le chemin inverse à chaque fois, histoire de voir ce que ça donne.