Angela Cappetta : Vision Intime
Angela Cappetta est une photographe américaine au talent polymorphe, mêlant habilement documentaire, portraits et projets personnels chargés d’émotion. Son style se distingue par une sensibilité intime et humaniste, où chaque image raconte une histoire puissante. Maîtresse des techniques traditionnelles, des plaques de verre à la photographie numérique, elle explore avec virtuosité les nuances offertes par chaque médium. Elle privilégie une lumière naturelle, capturant des instants spontanés avec une précision qui sublime le détail et l’authenticité. Engagée éthiquement, elle milite pour une photographie valorisant les individus et s’oppose à toute objectification, soutenant des artistes sincères et dénonçant les pratiques exploitantes. Ses sujets, variés, vont des moments intimes comme les mariages, qu’elle transcende avec poésie, à des explorations documentaires d’envergure, toujours guidées par une quête narrative. Instagram est pour elle plus qu’une vitrine : c’est un espace d’échange où elle cultive un lien fort avec une communauté passionnée. Pour Angela Cappetta, la photographie est un processus où l’expérience compte autant que le résultat, et où l’art a pour vocation d’élargir les horizons et de nourrir l’humanité collective. Curieuse insatiable, elle puise ses inspirations chez des talents émergents ou méconnus, intégrant leur influence dans une quête constante d’innovation. Sa fascination pour la nuit et ses récits visuels, magnifiés par des éclairages audacieux, traduit une recherche constante de nouvelles dimensions narratives. Ancrée dans l’histoire de la photographie, elle cite volontiers des figures pionnières comme Joseph Nicéphore Niépce ou des œuvres emblématiques comme celles de Studio 54. Entre tradition et modernité, Angela Cappetta propose une vision artistique engageante, qui émeut, interroge et inspire.
Website : www.angelacappetta.com
Instagram : angelacappetta_
Votre premier déclic photographique ?
Angela Cappetta : Je ne pense pas en avoir eu un.
Des artistes contemporains qui vous inspirent ?
A.C. : Je suis inspirée par les artistes qui font du bon travail et qui sont de bonnes personnes, plutôt que par ceux qui exploitent et sont prédateurs. Le monde de l’art est plein des deux. Je soutiens ceux qui travaillent bien et se soucient des autres.
L’image que vous auriez aimé prendre ?
A.C. : Parfois, je vois une photo et je me dis : « J’aimerais tellement avoir pris cette photo ! » Ce que je veux vraiment dire, c’est que j’aimerais posséder l’acuité que ce photographe démontre clairement ici. C’est un mélange d’admiration et d’une pointe saine d’envie.
La photo qui vous le plus ému ?
A.C. : En tant que personne matinale, le monde après la tombée de la nuit me fascine. Quand quelqu’un utilise un flash pour capturer ce qui se passe dans les petites heures du matin, je ne peux m’empêcher d’être captivée. Les mathématiques des expositions sont ce qui m’apprend le plus. J’adore les photos du Studio 54 des années 70, parce qu’elles sont des capsules temporelles et qu’elles sont magistralement réalisées.
Les photos qui vous mettent en colère ?
A.C. : Toute image où les gens sont objectifiés, au lieu de créer une expérience significative ou de raconter une histoire importante.
Selon vous, quelle photo a changé le monde ?
A.C. : Évidemment, la première photo de Joseph Nicéphore Niepce. Sans cette image, nous n’aurions jamais eu la photographie.
Quelle photo a changé votre monde ?
A.C. : Mon monde change souvent, il m’est donc difficile d’attribuer ce rôle à une seule image. Cependant, je plonge souvent dans l’œuvre d’artistes que j’admire lorsque je cherche une leçon ou de l’inspiration. J’ai découvert de nouveaux talents passionnants à Paris Photo cette année !
Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans une image ?
A.C. : Quand un moment captivant est bien raconté.
La dernière photo que vous avez prise ?
A.C. : Je photographie le lever du soleil chaque matin depuis ma fenêtre.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
A.C. : Dernièrement, je pense que les gens m’associent à l’image qui figure sur la couverture de mon livre.
Un souvenir photographique de votre enfance ?
A.C. : Je ne pense pas en avoir. La photographie ne faisait pas partie de ma vie à cette époque.
Quelle qualité est essentielle pour être un bon photographe ?
A.C. : Il faut être vorace pour être un bon artiste. Être perfectionniste est également vital.
Qu’est-ce qui fait une bonne photo selon vous ?
A.C. : Il n’y a pas d’ingrédient magique.
Qui aimeriez-vous photographier ?
A.C. : J’aime photographier toute personne ou chose qui capte mon intérêt.
Un livre de photographie essentiel ?
A.C. : Cela dépend de ce que vous cherchez. Récemment, certains artistes dont les livres sont importants à mes yeux sont Nona Faustine, Sabiha Çimen, Kris Graves, Melissa O’Shoughnessy, Helen Levitt, Gail Albert Haliban, Tina Barney, Lois Conner, Abelardo Morell et Tabitha Soren.
L’appareil photo de votre enfance ?
A.C. : Nous n’en avions pas.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
A.C. : J’utilise un Fuji 6×9 pour mon travail lent. Un Leica M6 et un petit appareil compact qui m’accompagnent au quotidien.
Un projet à venir qui vous tient à cœur ?
A.C. : J’ai toujours beaucoup de projets. En ce moment, j’édite mon travail sur les mariages pour mon prochain livre.
Votre addiction préférée ?
A.C. : Pamplemousse rubis, figues fraîches et pain au levain.
La meilleure façon de déconnecter pour vous?
A.C. : J’ai une maison à la montagne. J’y vais pour me déconnecter et travailler dans mon atelier. C’est si calme. Je peux vraiment avancer.
Votre rapport personnel à l’image ?
A.C. : La photographie est un processus très long. Les images elles-mêmes importent peu. Ce qui compte pour moi, c’est tout le voyage pour y arriver.
Par qui aimeriez-vous ou auriez-vous aimé être photographiée ?
A.C. : Un ami a pris une photo de moi sur une plaque de verre. Je l’ai perdue dans un incendie, mais elle a toujours eu une grande signification pour moi.
Votre dernière folie ?
A.C. : Haha. Je peux passer des heures à explorer des sujets au hasard sur Google. Dernièrement, c’est le jardinage.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
A.C. : Je pense que des paysages et des éléments de nature sur les billets, au lieu de visages, rendent l’idée de l’argent plus démocratique. La monnaie néerlandaise avant l’euro affichait des fleurs. J’adore les billets du Mexique et du Brésil, avec leurs couleurs riches et vibrantes. Les billets des îles Cook sont parmi les plus captivants que j’aie jamais vus.
Couleur ou noir et blanc ?
A.C. : Ils ont des fonctions très différentes. J’utilise les deux également.
Lumière naturelle ou lumière de studio ?
A.C. : La lumière naturelle.
Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
A.C. : Entre de bonnes mains, New York l’emporte toujours.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
A.C. : Lui ?
Côté réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, TikTok ou X, et pourquoi ?
A.C. : Instagram est une grande partie de mon activité professionnelle. J’aime aussi certaines nouvelles applications axées sur l’image, actuellement en version bêta.
Pensez-vous que l’explosion des réseaux sociaux a changé notre relation à l’image ?
A.C. : Naturellement, oui. Les images ne sont pas faites pour rester dans une boîte. Elles sont faites pour être vues.
Que représente la photographie dans votre univers créatif ?
A.C. : Les images et la création d’images font partie de mes rares véritables centres d’intérêt.
Quel est, selon vous, le but de l’art ?
A.C. : Nous faire grandir.
L’image qui représente, selon vous, l’état actuel du monde ?
A.C. : Le monde est plus vaste qu’une seule image.
Le métier que vous n’auriez pas aimé exercer ?
A.C. : Un jour, vous exposez à Paris, et le lendemain, vous rentrez chez vous et devez payer les factures. « Nettoyer des toilettes » (comme dit mon ami) avec un appareil photo est une partie ingrate mais réaliste de la vie. Aucun artiste n’aime l’admettre, mais nous acceptons tous des projets qui nous ennuient, simplement pour garder les lumières allumées. C’est ça, avoir un métier.
Votre plus grande extravagance professionnelle ?
A.C. : Je ne suis pas extravagante. J’achète seulement ce dont j’ai besoin.
Quelle question pourrait vous faire perdre votre calme ?
A.C. : Personne n’a ce pouvoir sur moi. Nous sommes tous ici pour être des alliés respectueux.
Et la question que vous aimeriez qu’on vous pose mais qu’on ne vous a jamais posée ?
A.C. : Comment le sexisme et le racisme influencent-ils l’utilisation et la perception de la photographie ? Personne ne m’a jamais posé cette question. Pourtant, c’est une réalité très présente.
Quelle est la dernière chose que vous avez faite pour la première fois ?
A.C. : J’ai pris la voiture récemment dans le seul but de me perdre. C’était la dernière virée avec mon ancienne voiture, juste avant qu’elle parte à la casse. C’était une bonne voiture. Nous avons parcouru des routes de campagne en quatrième vitesse, avec mon sac photo à l’arrière. Il y avait aussi une fourche pour déterrer des lys sauvages à ramener chez moi.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
A.C. : Je veux retrouver la maison de ma grand-mère à Alger.
Le lieu dont vous ne vous lassez jamais ?
A.C. : Je ne me lasse jamais de l’Italie.
Votre plus grand regret ?
A.C. : Je n’ai aucun regret.
Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
A.C. : Ma famille quand j’étais très jeune. Tout le monde était encore en vie, et nous étions ensemble. Ils étaient explosifs, brillants et amusants.
Selon vous, que manque-t-il au monde d’aujourd’hui ?
A.C. : Les soins médicaux pour les femmes sont déplorables, même aux États-Unis. Cela me rend triste et révoltée.
Si vous deviez tout recommencer ?
A.C. : Je ne changerais rien.
Après votre départ, que voudriez-vous que l’on dise de vous ?
A.C. : Je pense que nous manqueront aux gens qui nous aiment .
La chose que les gens doivent absolument savoir sur vous ?
A.C. : Tout ce que quelqu’un veut savoir sur moi, il peut me le demander.
Un mot de la fin ?
A.C. : Merci !