Le Prix du livre d’auteur revient à Henk Wildschut pour son ouvrage Ville de Calais, édité en France par Gwinzegal. Ce livre résume les travaux du photographe néerlandais qui, pendant près de douze ans, a suivi les migrants installés près de Calais. Henk Wildschut a souhaité montrer les traces et marques de ces existences passagères, invisibles, plutôt que retracer leur itinéraires ou faire leurs portraits.
Une mention spéciale pour le Prix du livre d’auteur a été donnée à Kent Klisch, pour son travail Gaza Works (publié chez l’éditeur suédois Koenig Books). Ce livre inclut notamment des essais de Judith Butler, Mette Sandbye, Raji Sourani, Eyal Weizman et Louise Wolthers. Il porte un regard particulier sur la photographie, comme art et moyen d’expression des conflits sociaux, militaires et culturels dans le monde.
Le Prix du livre historique aux Rencontres d’Arles 2017 est à retenir tout particulièrement. Il a été décerné à Latif Al Ani, né en 1932. Bagdag, qui a vu récemment sa première monographie publié. Latif Al Ani est considéré comme le père fondateur de la photographie irakienne. Il a notamment documenté l’ouverture et de cosmopolitisme de son pays dès années 50 aux années 70.Le photographe avait notamment exposé en Europe ou en Amérique latine, avant de sombrer dans l’oubli. La monographie montre l’étendu de ses travaux, avec comme point d’orgue le véritable « age d’or » de l’Irak capturée par Al Ani, à l’envers de la situation actuelle du pays et de sa société civile. De cette période heureuse, Al Ani a photographié les composante de son pays moderne, multiculturel. La guerre Iran-Irak (1980-1988) marqua le tournant rigoriste, autoritaire et fondamentaliste qui imprègne encore aujourd’hui les conflits sociaux, régionaux et nationaux du pays. Lors de l’invasion américaine en 2003, Al Ani perdit beaucoup de ses archives. Il se désintéressa progressivement de la photographie. Son grand âge (85 ans) ne lui permet plus de pratiquer la photographie. L’artiste est aussi dubitatif sur l’héritage culturel irakien et sur l’émergence d’une jeune scène photographique. En 2015, le public a pu redécouvrir son travail grâce, notamment, à la 56e Biennale de Venise. C’est à l’initiative de la Fondation Ruya, basée en Irak, qu’Al Ani a été exposé (Pavillon de l’Irak). L’artiste a reçu le prix Prince Claus, organisé par la famille royale néerlandaise ; le jury a ainsi reconnu son « rôle de premier plan dans le développement de la photographie documentaire irakienne ». En juin 2017, Hatje Cantz a publié cette première monographie de l’artiste.
Enfin le Prix du livre photo-texte revient à Masanao Abe pour son livre The Movement of Clouds around Mount Fuji, publié chez l’éditeur allemand Spector Books. Dans les années 1920, le physicien Masanao Abe entreprend la construction d’un observatoire sur le Mont Fuji. Le livre dévoile les planches-contact, les dessins, réflexions annexes, écritures du scientifique et met en scène sa fascination pour ce paysage hors du temps autant que ses études sur l’air, la formation des nuages, le vent.